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Roman

Kif, Laurent Chalumeau

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 06 Décembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

Kif, octobre 2014, 457 pages, 22 € . Ecrivain(s): Laurent Chalumeau Edition: Grasset

 

Certains parleront, après avoir lu ce roman, de langue littéraire évoluée, ou pour le moins évolutive. D’autres y verront d’intolérables, de scandaleuses atteintes à la « belle » langue française.

Kif n’échappera ni à l’une ni à l’autre de ces critiques.

Mais le lecteur qui ouvre un livre avec l’espoir d’y vivre quelques heures de pur plaisir aimera l’audace linguistique de l’auteur et la contextualisation réaliste que le langage utilisé procure à l’histoire.

L’histoire, c’est celle de petits malfaiteurs dont la nullité opératoire n’a d’égale que leur absence de scrupules et la médiocrité de leurs ambitions délictuelles. On croit revoir Les Pieds Nickelés. On a des réminiscences de San Antonio. On est dans le registre de la cinématographie du genre « Faut pas prendre les oiseaux du bon Dieu pour des canards sauvages ». Bref, on se marre.

Le secret de Samuel Liberman, Gérard Netter

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 04 Décembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le secret de Samuel Liberman, Éditions Complicités, octobre 2014, 316 pages, 22 € . Ecrivain(s): Gérard Netter

 

« Un roman est une vie prise en tant que livre » (Novalis)

En décidant d’ouvrir le roman Le secret de Samuel Liberman de Gérard Netter paru en octobre 2014 aux éditions Complicités, l’auteur oblige le  lecteur à entrer dans une forêt touffue. Comme dans certains contes, le livre pourrait commencer par « Il était une fois… »

Un père âgé meurt trois ans après sa femme Annah. Une ascendance s’éteint. Alors, une quête s’amorce qui conduit le personnage principal à défricher un enchevêtrement inextricable au sein d’une famille avec toute une suite de ramifications imprévisibles.

Pour se lancer dans cette écriture, l’auteur embarque comme viatiques des souvenirs, des sensations, des émotions, l’histoire d’une époque, son imaginaire et ses mots. Il délimite ainsi le territoire d’une intrigue qui tourne autour de l’héritage et de sa transmission. Et toute une série de questions s’ouvrent alors.

Yugurthen, Bertrand du Chambon

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 04 Décembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Seuil

Yugurthen, Seuil Roman Noir, octobre 2014, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Bertrand du Chambon Edition: Seuil

 

« En regagnant le parking, il souriait. Il se sentait comme un passager clandestin. Qui aurait pu devenir ? Yugurthen Saragosti, juif et berbère, inspecteur de police au commissariat du 1er arrondissement, suivait les préceptes des sages ismaéliens, et d’un groupe de prière animé par des soufis. Parfois même, déguisé, il se rendait à la mosquée, pour garder le contact. Et d’autres fois il se rendait à la synagogue. Certains jours, Dieu était là ».

La littérature noire est toujours une question de style, de personnages et de langue. Marseille et Paris en savent quelque chose. Elles ne s’opposent pas seulement sur les terrains de football – le style, sur le climat, le mistral affute l’imagination, le soleil la fixe. Mais aussi sur le territoire des opérations, enquêtes, meurtres, vols, truands, dealers et flics – la langue. Marseille ou la démesure des règlements de compte, vieux souvenir de la French Connection, comme si parfois les voyous se prenaient pour des personnages du Parrain, de la folie, qui est tout sauf douce, dans la violence mafieuse. Dans les années 90, Montale ne pouvait opérer et rêver qu’entre le Panier et le Vieux-Port ;

Le pouvoir du chien, Thomas Savage

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 01 Décembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Belfond

Le pouvoir du chien, Belfond Vintage, traduit de l’américain par Pierre Furlan, postface d’Annie Proulx, novembre 2014, 384 pages, 19,00 € . Ecrivain(s): Thomas Savage Edition: Belfond

 

Le Montana est un Etat de l’ouest des États-Unis bordé à l’est par les Grandes Plaines et à l’ouest par les Montagnes Rocheuses. Le climat est extrêmement rude particulièrement en hiver, l’isolement quasi total et les paysages si démesurés que c’est au Montana que survit encore à l’heure actuelle le mythe de l’Ouest américain. La nature omniprésente et grandiose, l’histoire de cet Etat aussi grand que la France où la découverte de gisements d’or dans les années 1850 déclencha la fameuse ruée de prospecteurs, le souvenir de la victoire des Sioux face au général Custer à la bataille de Little Big Horn, l’arrivée massive de colons, agriculteurs ou éleveurs de bétail en réponse au Homestead Act (loi de propriété fermière) de 1916, et le développement d’immenses ranchs sont autant d’éléments qui excitèrent l’imagination de nombreux écrivains aujourd’hui regroupés, à tort ou à raison selon les spécialistes, sous l’appellation de « l’école du Montana ». Une mouvance où l’on trouvera, à titre d’exemple, des auteurs comme Rick Bass (Le Ciel, les étoiles, le monde sauvage, aux éditions Christian Bourgois), Norman Maclean (La rivière du sixième jour, aux éditions Rivages poche), Jim Harrison (Légendes d’automne aux éditions 10-18) et bien entendu Thomas Savage dont le roman Le pouvoir du chien publié en 1967 est devenu avec les années une référence littéraire.

Demain Berlin, Oscar Coop-Phane

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 28 Novembre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Demain Berlin, coll. La petite vermillon, préface de Frédéric Beigbeder, septembre 2014, 163 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Oscar Coop-Phane Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Le moteur de Demain Berlin tourne à plein régime à la page 66, quand l’auteur écrit :

Qu’allait-il faire maintenant que ses habitudes étaient bien empilées tout autour de lui ? Devait-il se contenter de les regarder, tous ces petits gestes indépendants, si indépendants qu’ils se déplaçaient tout seuls, comme des bestioles motorisées, sans qu’il ait besoin de les conduire ? Il les avait si bien polies, il les avait serrées si fort entre ses paumes, qu’elles étaient comme hors de lui toutes ces petites habitudes de vie. L’enthousiasme du rituel que l’on crée décapité par la tristesse de l’habitude. Et, au milieu de toute cette viande sale, Tobias s’ennuyait.

Cet extrait résume la course éperdue que mènent les trois adolescents Tobias, Franz et Armand, jeunes paumés épris d’absolu, en lutte contre la routine quotidienne dont le lecteur suit les dérives et les déceptions au long de la première partie, L’éloignement des peines. Ils semblent en effet tout tenter pour sortir de cette fuite en avant qui les emporte toujours plus loin au-delà de leurs désirs, écorchés / blessés / insatiables épris de Liberté.