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Roman

Orpheline, Marc Pautrel

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 30 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, La rentrée littéraire

Orpheline, octobre 2014, 96 pages, 12 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Gallimard

 

 

« A chaque fois, les premières semaines, avec les hommes elle essaie de garder ses secrets. Mais ces secrets sont trop lourds et les évidences sont là, impossibles à dissimuler : elle n’a plus ses parents. Elle ne dit pas qu’ils sont morts, ou disparus, ou qu’elle les a perdus, non, elle dit : Je ne les ai plus. Ou parfois, plus violemment encore : Je n’en ai pas, comme si ses parents avaient été à jamais inconnus, ce qui n’est pas le cas puisqu’elle porte leur nom ».

Si Marc Pautrel était musicien, nous pourrions dire de lui qu’il marche sur les pas de Paul Bley, concision, précision, immersion dans la mélodie, dans sa structure, ses échos, richesse de l’harmonie, qui montent de son clavier comme une brise légère venue du large. Si Marc Pautrel était peintre, nous pourrions évoquer les dessins de Matisse, feuilles, arbres, visages de femmes, natures endormies, ligne pure, trait blanc, net, face à face avec le modèle, travail permanent sur le motif.

Tram 83, Fiston Mwanza Mujila

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 29 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Métailié, La rentrée littéraire

Tram 83, août 2014, 208 pages, 16 € (Prix de littérature de la ville de Graz 2014) . Ecrivain(s): Fiston Mwanza Mujila Edition: Métailié

 

Tram 83 se trouve dans la Ville-Pays, et la Ville-Pays dirigée par un Général dissident, avant tout principal propriétaire minier, se trouve en Afrique, une Afrique réinventée, comme peinte sous acide.

La Ville-Pays, c’est le Tram 83, avec la gare « dont la construction métallique est inachevée », les mines et quelques faubourgs. Mais c’est surtout le Tram 83, bar, restaurant, boite de nuit, un lieu de perdition totale où grouille une faune à la fois locale et venue du monde entier. Mineurs-creuseurs, rebelles dissidents, étudiants en lutte, fonctionnaires misérables, prospecteurs, enfants-soldats, vendeurs d’organes, « prophètes, jongleurs, anciens forçats » et biscotte, ces jeunes garçons qui servent à tout, se bousculent dans cet antre vaste et obscur comme cul de diable, sous la pression des serveuses, aides-serveuses, filles-mères et canetons (filles de moins de 16 ans) qui demandent l’heure à tout va et tout ça côtoie bruyamment une faune encore de touristes à but lucratif, de prospecteurs, de Chinois, de musiciens de partout et de toutes les musiques et de n’importe quels personnages imaginables, plus ou moins fréquentables.

Frankenstein et autres romans gothiques en La Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mardi, 28 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Pléiade Gallimard

Frankenstein et autres romans gothiques, traduction de l’anglais par Alain Morvan et Marc Porée, sous la direction d’Alain Morvan avec Marc Porée, 23 octobre 2014. 1440 p. Px de lancement jusqu'au 312 janvier 2015 58 € Edition: La Pléiade Gallimard

 

Le terme « gothique » s’est employé et s’emploie encore dans les contextes les plus divers, de l’ethnicité à la mode vestimentaire et cosmétique, en passant par la typographie ou par l’architecture. Mais qu’en est-il du gothique littéraire, à l’effarante contagiosité (le roman gothique a connu et connaît encore le succès que l’on sait) ?

À la différence du classicisme, du symbolisme ou du réalisme, la littérature gothique ne se contente pas de se constituer en école – ce qu’elle n’a d’ailleurs jamais été tout à fait –, ni en mode ou en genre – ce qu’elle fut sans conteste. « C’est une orientation, une pente, une certaine forme de sensibilité, et même de vision ». Et un goût, pourrait-on ajouter.

Un goût pour – notamment – le spectaculaire, conçu comme frère du monstrueux, goût dont témoigne Le Château d’Otrante, roman d’Horace Walpole qui constitue, en 1764, l’acte de naissance du gothique littéraire.

Big Brother, Lionel Shriver

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 25 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Belfond, La rentrée littéraire

Big Brother, août 2014, traduit de l’américain par Laurence Richard, 434 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Lionel Shriver Edition: Belfond

 

Ce livre ouvre l’appétit comme son volume et l’énorme silhouette de son Big Brother qui nous fait face comme une ombre chinoise sur toile de fond jaune de son graphisme en première de couverture.

Ce livre ouvre l’appétit dès les premières phrases servies sur la table des premières pages & nous le ravit – notre appétit.

Nous ravit l’appétit grâce à la tension qui nous place, lecteurs, sur la ligne fébrile entre compassion & répulsion dans le processus d’identification, puisque les personnages ont cette trempe des caractères forts qui s’entrechoquent

et se renvoient la balle dans des rapports de force qui nous rendent arbitres de leurs états hauts en couleur.

Nous met en force d’appétit grâce au suspens qui maintient en haleine la force tranquille des pages nous menant, entre les lignes, vers un dénouement sans cesse reconduit et prêt à tout moment d’éclater.

La cavalcade africaine, Mandy Retzlaff

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Vendredi, 24 Octobre 2014. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Jean-Claude Lattès

La cavalcade africaine, traduit de l’anglais par Perrine Chambon, septembre 2014, 280 pages, 22,00 € . Ecrivain(s): Mandy Retzlaff Edition: Jean-Claude Lattès

 

Patrick Retzlaff, arrière-petit-fils du baron Moritz Hermann von Münchausen propriétaire d’une remarquable écurie, est installé depuis 1965 en Rhodésie, un pays qu’il aime à la folie et où, comme son propre père avant lui, son objectif est d’exploiter une grande ferme dans ce que l’on a surnommé « le grenier à blé de l’Afrique ». Mais sa véritable passion, comme un fil tendu entre les générations, est l’élevage et le dressage de chevaux. Sa future femme ne pourra être qu’une personne partageant ses goûts et c’est naturellement que quelques années plus tard, lui, Mandy son épouse, ainsi que leurs trois enfants, emménageront en 1992 à Crofton, dans la ferme de River Ranch avec leurs quatre chevaux, le tout au milieu du bush d’un pays rebaptisé le Zimbabwe. Un domaine paradisiaque (le terme revient souvent sous la plume de Mandy Retzlaff) qu’ils souhaitent un jour transmettre à leurs enfants.

« Défricher le bush pour y bâtir une ferme, c’est un peu comme monter un cheval : vous ne pouvez pas le forcer à vous obéir, vous ne pouvez que lui demander. Comme le cheval, la terre a son caractère bien à elle. Elle peut être obstinée. Elle peut être rebelle. Mais elle peut également vous apporter de grandes joies et vous dévoiler ses secrets si vous apprenez à collaborer avec elle » (p.41).