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Recensions

Des jours de pleine terre, Pierre Perrin (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 09 Décembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Al Manar

Des jours de pleine terre, Pierre Perrin, septembre 2022, 170 pages, 23 € Edition: Al Manar

 

Quelle âpreté dans ces poèmes qui de l’enfance à aujourd’hui consignent les blessures et les apprentissages d’un enfant, d’un poète, apte à saisir à pleins mots la violence des apprentissages. Les images tombent comme des constats cinglants, pas une trace de sentimentalisme ni d’once de complaisance. C’est « l’odeur d’urine », c’est le « saccage », l’enfant « brûle sans feu », c’est « la nuit qui ravale l’orgueil de l’enfant que nul n’écoute ». La mère n’étreint jamais le petit.

Construit en cinq sections – autant d’étapes d’une vie, le livre choisit une écriture qui puisse au mieux traduire les états d’âme, les sentiments, les effusions, toute émotion née dans le flux des jours, en campagne, dans l’usage de la terre et des bêtes, à l’aune des saisons, au rythme des plaisirs, des peines, des découvertes. L’amour y a une place de choix et les nombreux poèmes adressés à l’aimée disent assez cette période faste où la rencontre a renvoyé bien loin derrière les traumas.

L’écriture, en effet, privilégie les poèmes longs, fortement charpentés, aux images lyriques et à la scansion sûre des classiques :

Corps habitable, Michel Bourçon (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 02 Décembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Corps habitable, Michel Bourçon, Sinope Editions, octobre 2022, 104 pages, 7 €

 

Michel Bourçon vient de publier son 41ème recueil de poèmes. En tant que lecteur admiratif de sa poésie, c’est mon quatorzième livre de Bourçon.

« immobile derrière les vitres

on guette le mot

qui en amènerait d’autres

dans ce présent hanté par les souvenirs

avec ce peu de lumière

caressant le peu qui demeure

au cœur de ce moment où tout se fond

parmi le neutre »

(…) (p.43)

Bob le bobo, Mélina Schoenborn, Sandra Dumais (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 01 Décembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Gallimard Jeunesse

Bob le bobo, Mélina Schoenborn, Sandra Dumais, Gallimard Jeunesse, juin 2022 (format 160 x 206 mm), 32 pages, 5,50 € Edition: Gallimard Jeunesse

 

Petit mal sans gravité

Bob le bobo est le titre d’un joli livre et d’un petit mal sans gravité, le bobo, utilisé dans le langage familier et enfantin. Ce livre jeunesse est concocté par Mélina Schoenborn, finaliste du Prix François-Houdé 2020, qui vit au Canada, après des études d’Arts visuels à l’Université de Montréal, et par Sandra Dumais, illustratrice, née à Toronto.

Bob le bobo peut être lu à haute voix, afin de partager les aventures et mésaventures de ce bonhomme tout rond, tout rouge, qui n’est pas particulièrement aimé. Aussi Bob doit chercher longtemps un coin d’épiderme où se réfugier. Sa présence signifie un hématome, une blessure, une légère coupure. Pourtant, c’est chez un petit garçon tombé de vélo, qu’il est le mieux accueilli, dorloté, bien au propre, lavé ! Le gentil Bob colore un coin de coude, de genou, et suit en permanence le petit garçon qui est tombé et qui l’adopte facilement. Mais le bobo devient peu à peu inoffensif, se réduit derrière les pansements, jusqu’à disparaître. Bob doit alors guetter le prochain bobo !

Je suis Jésus, Giosuè Calaciura (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 29 Novembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Italie, Editions Noir sur Blanc

Je suis Jésus, Giosuè Calaciura, Les Éditions Noir sur Blanc, Coll. Notabilia, août 2022, trad. italien, Lise Chapuis, 351 pages, 21 € . Ecrivain(s): Giosuè Calaciura Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Jésus, tout jeune enfant, est pris entre deux regards qu’il sent peser sur lui : attentif et pourtant fuyant, celui de son père, Joseph, insistant et en attente, celui de sa mère, Marie. Deux regards qui s’affrontent en lui, dont il ne comprend pas le sens, deux regards différents, presque opposés dont il ne sait que penser : « Mon père ne me raconta jamais ma naissance. Il écoutait la version de ma mère tout en s’affairant à alléger notre fatigue, à nous couvrir avec des peaux de mouton, à raviver des braises ; il sortait et rentrait au rythme de l’huile qui se consumait dans la lampe : “Où va mon père ?” demandais-je à ma mère » (p.11). Celui de son père sera le premier, et le seul, à céder. « De trop », il s’enfuira un matin et son abandon entraînera la quête du père chez Jésus :

« Et je répétais ma question : Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (p.180). C’est pour le rejoindre, pour comprendre que Jésus quittera sa mère – en cachette –, reproduisant le modèle paternel : « Quelle douleur cela m’a coûté de te tourner le dos, de partir ! Mais je devais retrouver mon père » (p.42).

Vagabonde, Fumiko Hayashi (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 25 Novembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Biographie, Japon

Vagabonde, Fumiko Hayashi, éditions Vendémiaire, septembre 2022, trad. japonais, René de Ceccatty, 192 pages, 20 €

 

Fumiko Hayashi fut dans les années trente une romancière à succès. Née en 1903, elle mourut en 1951. Son parcours, presque invraisemblable, la conduisit à travers le Japon, dans des périples qui lui donnèrent matière poétique et romanesque. Quel destin, que ces aventures existentielles, sentimentales d’une écrivaine, issue d’un pauvre milieu, obstinée à devenir ce qu’elle fut, une romancière et une diariste exceptionnelle.

Le texte, que nous découvrons, appartient à la veine à la fois du récit de vie et de la chronique des jours. Tout y prend place : la quête du travail, de l’argent ; les relations avec ses parents ; celles avec ses partenaires (amants, mari). C’est relaté avec réalisme et poésie. Le récit se voit ainsi truffé de poèmes et de références.