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Poésie

L'air de rin, Bruno Fern

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 03 Juin 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Louise Bottu

L’Air de rin, février 2015, préface de Jean-Pierre Verheggen, 58 pages, 7 € . Ecrivain(s): Bruno Fern Edition: Editions Louise Bottu

 

« Aboli bibelot d’inanité sonore », Mallarmé

« Ferai un vers de pur néant », Guillaume d’Aquitaine

L’air de rin est né de deux vers, l’un pour 132 variations et l’autre en offrant 66, pour de courts aphorismes, des vers chantants, surprenants et plaisants, des vers inspirés, des variations chaotiques et réjouissantes, et le tout en musique, les deux vers n’en manquent pas, et Bruno Fern se les approprie pour les faire chanter à son tour.

« Le temps – Aplanit les lolos, racornit les pectors ».

« Pragmatique – A poli son topo, formaté tout confort ».

« Angélique – Fouirai l’éther en voletant ».

« Comédien – Feindrai de faire tout en faisant ».

Le tour du monde en poésie (Anthologie), Marianne et Stéphane Chomienne

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 27 Mai 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Le tour du monde en poésie (Anthologie), Marianne et Stéphane Chomienne, novembre 2015, 192 pages, 4,60 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Alléché par le titre de cette petite anthologie, on l’ouvre en s’attendant à voyager à dos de vers multiformes en provenance de pays plus ou moins lointains et ainsi connaître l’ultime dépaysement littéraire. Las ! Que ce titre est trompeur : en fait de Tour du monde en poésie, on a affaire à une anthologie de poèmes francophones (la petite poignée de poèmes provenant d’Extrême-Orient ou d’ailleurs ne compte pas, ou si peu) qui évoquent le voyage ou des lieux divers, fantasmés ou non.

Du coup, on se dit que cette anthologie aurait pu aussi bien s’intituler Voyage en Poésie ou Poésie des lieux, ç’aurait été moins trompeur. Mais bon, puisqu’elle s’intitule Le tour du monde en poésie, prenons-la pour ce qu’elle est, avec son contenu. A ceci que, re-las ! le contenu est un grand fourre-tout dont aucune cohérence ne ressort. Ainsi, la première partie, intitulée Départs, s’ouvre sur L’Invitation au Voyage de Baudelaire, puis on passe à la Ballade de Claudel, puis deux haïkai, puis Les Conquérants de José Maria de Heredia, puis… La Tortue et les Deux Canards de Jean de la Fontaine ;

Ode au recommencement, Jacques Ancet

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 25 Mai 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Ode au recommencement, Lettres Vives, 2013, 96 pages . Ecrivain(s): Jacques Ancet

 

Après Les Travaux de l’infime, et Comme si de rien, Jacques Ancet poursuit sa quête au milieu de la nuit des interrogations. Le titre même du recueil annonce une profession de foi, celle d’un homme qui fait de la musique et des mots la définition de sa vie. Dès les premières lignes du recueil, le narrateur intègre l’aventure de son incessant retour dans un discours poétique où signifiants et signifiés sont exprimés dans la simplicité des mots les plus justes. Celle-ci est alliée à la beauté quand il suffit de lire au cœur du recueil : « je ne voyais… rien d’autre que le soir qui tombait sur les grands platanes couverts de cris et d’oiseaux noirs » (p.46).

Sa présence au monde permet au poète de surmonter la conscience angoissante du « cercle sans fin » et du « présent perpétuel » même si, d’emblée, c’est une réalité sordide dont il lui faut parler, une réalité d’« os », d’« excréments » et d’« ordures » à laquelle va s’ajouter tout un non-dit, « tout ce que je ne dirai pas et qui m’accable » (p.11). Il ne s’agit pas seulement de ruminations anxieuses et de variations inquiétantes sur les thèmes du recommencement et de la ressemblance, mais d’une profonde empathie avec l’Histoire humaine qui lui fait évoquer l’effondrement des bourses ou la torture ainsi que le destin de chacun comme celui du vieil homme qui se suicide en pressant la gâchette.

Poèmes d’après suivi de La route de sel, Cécile A. Holdban

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 19 Mai 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arfuyen

Poèmes d’après suivi de La route de sel, avril 2016, 160 pages, 14 € . Ecrivain(s): Cécile A Holdban Edition: Arfuyen

 

Creuser la matière amour, chercher dans la nuit du monde l’essence sauvage de nos vies, atteindre à ces eaux frémissantes, l’espoir chevillé au cœur plein de « peut-être », quand le mystère du temps absorbe toutes les déchirures :

« Combien de passages

encore sur cette terre

combien de mues

combien de peaux

entassées dans l’amas

des feuilles mortes ? »

Lisianthus Fragments, Sylvie Marot

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 17 Mai 2016. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Lisianthus Fragments, éd. La Crypte, coll. Les Voix de la Crypte, 2015, 70 pages, 12 € . Ecrivain(s): Sylvie Marot

 

Une poésie aux touches d’estampe et d’une tonalité nippone déploie ses hybridations au pays de ce Lisianthus, aux ramifications variées et d’auxiliaires tels des oiseaux, abeilles et papillons.

Le récit d’une perte – celui de l’être cher encore aimé, parti explorer d’autres rives, d’autres lèvres ? – court au long de cette écriture fragmentaire émaillée sur le fil d’appels tout en poésie, comme pour recharger le courant des sentiments, réamorcer l’ouverture des écluses pour le partage à retrouver d’un amour déserté par l’être aimé. Car, « Perdre cet amour, c’est ne plus avoir de lieu où aller. C’est se perdre en route. Les lendemains s’évanouissent. Les promesses expirent. Les enchantements s’éteignent ». Alors, pour parer au vide du canal, à « l’eau stagnante noire », la poésie gicle par bribes d’une reconquête que la narratrice sait d’avance perdue peut-être, mais la poésie gicle par jets intermittents, analogues à ces fleurs coupées dont les bouquets donnent au cœur et au creux d’instants éphémères parfumés, un lieu d’éternité et de liberté, pour ne pas sortir et ne pas s’enfermer dans « l’aporie » de soi-même.