Apologie de l’ironie
Rentrer dans ce livre écrit à deux voix, confondues en une voie, laisse entendre une sorte de schize naturelle dans laquelle se glissent les concepts de tragique et de comique, de grâce et de légèreté, de profondeur et de fragilité, de grotesque et de commun, de l’effroi et du bizarre. J’ai d’ailleurs beaucoup de respect pour cette forme hybride, que l’on connaît au théâtre sous l’épithète de tragi-comique. Cela permet de penser les sentiments variés que donne un même texte. Ornementations, lazzis, tours d’un ton de farce, et encore et surtout une ironie qui, en un sens, est double, puisqu’elle sollicite de celui qui lit de maintenir l’équilibre entre le faux suggéré et le vrai voulu. Ainsi, le cœur du lecteur va de l’angoisse au rire, du sérieux au fantasque. Cette ironie qui s’applique ici beaucoup à décrire le monde des lettres, avec plusieurs pages consacrées à des jeux de mots sur des titres célèbres de la littérature, permet une distance amusée et critique. Ainsi, la joie de lire se mêle de pathétique et de bouffon, et cette union des deux écrivains au sein d’un même livre laisse entendre une communauté d’idées, voire de vision du monde.