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Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers, Bjorn Larsson

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 21 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays nordiques, Roman, Grasset

Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers, traduit du suédois par Philippe Bouquet, 2012, 491 p. 22 € . Ecrivain(s): Björn Larsson Edition: Grasset

 

Il y a ordinairement autant de distance entre le roman policier et la poésie qu’entre le jeune Werther et Hercule Poirot… bien qu’il existe des lecteurs prisant tout autant chacun de ces deux genres.

Björn Larsson a osé réunir dans un même livre poésie, crime, enquête policière, réflexions sur la poésie…

Le héros : Jan Y Nilsson est un poète, un vrai, de ceux pour qui l’écriture poétique est « une vocation à laquelle on [voue] son existence, sans considération de modes ni de tendances ».

Et voici qu’il se met, le traître, sur commande de son éditeur, à écrire… un roman policier !

Et voilà qu’il se permet de mourir quelques heures à peine avant d’apprendre par ce même éditeur que son roman sera un best-seller et lui rapportera des millions d’euros par contrats signés sur épreuves avant même qu’en soit écrit le dernier chapitre…

La femme d'un homme qui, Nick Barlay

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 19 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Roman, Quidam Editeur

La femme d’un homme qui (The wife of a man who), trad. de l’anglais (Royaume-Uni) Françoise Marel, 364 p. 23 € . Ecrivain(s): Nick Barlay Edition: Quidam Editeur

 

Joy est la femme d’un homme qui… est retrouvé mort dans une chambre d’hôtel de Leipzig, dans des circonstances incongrues. Il s’est étranglé avec un collant. Un Golden Lady. Séance d’asphyxie auto-érotique qui a mal tourné.

Joy est la femme d’un homme qui… menait une double vie. Une double vie qu’elle va s’employer à éclaircir, au fil d’une enquête qui la mènera en Allemagne et en Belgique.

Mais, d’abord un mot sur la manière dont l’histoire est racontée.

Nick Barlay explose les codes narratifs en recourant à l’utilisation du « tu ». Mais ce n’est pas un « tu » traditionnel, un je qui s’adresse à un autre, c’est plutôt un « tu » intérieur, un « tu » d’une personne qui se parle à elle-même. C’est comme si Joy commentait ce qu’elle faisait, mais avec un effet de distance, comme si ce n’était pas tout à fait elle qui était embarquée dans cette histoire. D’ailleurs, ce n’est pas elle, mais plutôt pas la femme d’un homme qui…

Destin d'un ange suivi de La Fourche, Jean-Jacques Marimbert

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 19 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Poésie

Destin d’un ange suivi de La Fourche, Ed. du Cygne décembre 2012, 91 p. 12 € . Ecrivain(s): Jean-Jacques Marimbert

Jean-Jacques Marimbert est un poète qui tord le cou à toute idée reçue sur la poésie. Il déplie un outillage énonciatif pour le moins inhabituel et dans tous les cas fascinant.

- Pour commencer, les deux textes qu’il nous offre dans ce beau recueil sont des histoires, avec un début, une fin, des événements, des héroïnes qui rêvent, qui souffrent. Le découpage de la versification n’empêche nullement de lire ces textes comme des nouvelles. Alors pourquoi versifier ? Pour deux raisons, essentielles dans l’art particulier de Marimbert :

La coupure des « vers » est la base rythmique fondamentale de toute lecture de ces textes. Jean-Jacques Marimbert est nourri de rythmes. La « tribune » de DJ Jazz qu’il tient sur FaceBook en est une illustration. Le superbe « work in progress » qu’il a publié dans notre cause littéraire (Blues for Charlie) en est une autre. La collision des sons, les ruptures, les assonances, l’obligation du vers créent une mélodie. Heurtée, rauque souvent mais une mélodie obsédante, qui l’est plus encore quand on entreprend de lire ces pages en une seule séquence, sans reprendre son souffle, comme dans une longue phrase de saxo. Il y a là une évidence de composition, le vers scandant le phrasé. Du narratif oui mais à entendre, au risque d’en perdre tout sens.

L'explosion du journalisme, Ignacio Ramonet

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 19 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, Folio (Gallimard)

L’explosion du journalisme, février 2013, 163 p. 7,50 € . Ecrivain(s): Ignacio Ramonet Edition: Folio (Gallimard)

 

 

La presse, comme pouvoir, a-t-elle encore un avenir ? Peut-elle jouer un rôle autre que celui du courtisan ou du porte-voix du maître ?

Familier des questions relatives aux pouvoirs des medias et à l’influence de la communication, traitées dans ses ouvrages tels que Propagandes silencieuses ou La tyrannie de la communication, c’est à l’examen de l’évolution de la presse mondiale que se consacre cette fois Ignacio Ramonet dans son dernier essai L’explosion du journalisme.

La presse est menacée, selon l’auteur, par l’évolution même des medias. On est passé, depuis l’avènement d’Internet, d’une situation où les medias de la presse écrite se partageaient le pouvoir, reflétaient parfois des courants d’opinions tranchés, à une prolifération de l’information.

Une langue venue d'ailleurs, Akira Mizubayashi

Ecrit par Theo Ananissoh , le Lundi, 18 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Récits, Folio (Gallimard)

Une langue venue d’ailleurs, janvier 2013, 263 pages, 6,50 € . Ecrivain(s): Akira Mizubayashi Edition: Folio (Gallimard)

 

C’est affirmé d’entrée de jeu, avec une simplicité sincère qui indique la qualité morale du propos :

« Le français est la langue dans laquelle j’ai décidé, un jour, de me plonger. J’ai adhéré à cette langue et elle m’a adopté… C’est une question d’amour. Je l’aime et elle m’aime… si j’ose dire… ».

Le lecteur avance, appréhendant discrètement à chaque page de lire l’habituel hommage à l’art français de la table ou à la supposée légèreté typique et rohmerienne… Mais non ! Pas une seule fois, en plus de deux cents pages consacrées à cet amour exceptionnel pour la langue française, on n’est confronté à ces raisons et motifs communs (et ambivalents) que suscitent souvent la France et sa langue hors du monde francophone. Une langue venue d’ailleurs, paru en 2011 dans la fameuse collection L’un et l’autre de J. B. Pontalis, est tout à la fois une autobiographie, une méditation comparative (et comparatiste) finement insérée dans le corps du récit et une magnifique description de ce en quoi une langue est le lieu de la vie.