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La Une Livres

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, Serge Loupien

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 27 Août 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Rivages, Côté Musique(s)

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, mai 2018, 405 pages, 23 € . Ecrivain(s): Serge Loupien

 

On sait les bouleversements auxquels les sociétés occidentales ont dû faire face durant les années que cet ouvrage se propose de nous narrer : chacun a une idée liée à l’épicentre que fut mai 68, mais rares sont ceux qui peuvent embrasser la décennie concernée dans tous ses aspects culturels, liés à une sociologie singulière : les individus à l’œuvre pour cette « révolution » forment la première génération née après la guerre, génération qui va « inventer » la jeunesse en tant que classe sociale avec des caractéristiques qu’il faudra créer, un habitus qui devra englober un idiome, une musique, des habitudes vestimentaires, le tout à contrecourant d’une culture engluée dans un conformisme que tous ces « jeunes » veulent combattre à l’aide d’outils que sont la musique, les médias qui se développent et les modes vestimentaires, ce qu’on appelle une contre-culture.

Un Russe nommé Poutine, Héléna Perroud

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 27 Août 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Histoire, Les éditions du Rocher

Un Russe nommé Poutine, janvier 2018, 314 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Héléna Perroud Edition: Les éditions du Rocher

La réélection de Vladimir Poutine pour un quatrième mandat présidentiel à la tête de la Russie, le 18 mars 2018, s’est accompagnée d’un véritable concert de casseroles dans les mass medias d’Europe de l’Ouest. En particulier, c’est peu dire que les canaux d’« information » français, qui avaient sans doute oublié que l’élection se jouait à plusieurs milliers de kilomètres de nos frontières (on avait déjà eu le sentiment que la dernière élection américaine nous concernait au premier rang), avaient multiplié les considérations désobligeantes, accusant – sans produire trop de preuves (c’est pénible, les preuves) – Vladimir Poutine de truquer les élections, dans son propre pays comme aux États-Unis, d’espionner un peu partout, d’empoisonner les agents doubles, d’avoir la main sur les médias russes, de réchauffer le climat… Dans l’affaire Skripal, peu de journalistes eurent assez de sens commun pour rappeler que, si le métier d’espion est déjà dangereux en soi, celui d’agent double comporte double dose de risques : comme dans le décès d’Alexandre Litvinenko, probablement « retourné » par le MI 6, empoisonné au polonium 210 et converti in extremis à l’islam, la seule chose sûre est l’implication d’un « grand » service secret (mais lequel ?). La presse française faisait-elle assaut d’esprit critique, afin de faire oublier sa servilité, son obséquiosité, depuis la campagne présidentielle de 2017 (quelques jours avant l’élection présidentielle russe, un journaliste de Paris-Match écrivait qu’à New Dehli « même les chèvres s’inclinent sur [le] passage » de MmeMacron) ?

Le bruit du dégel, John Burnside

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 24 Août 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, Métailié, La rentrée littéraire

Le bruit du dégel, août 2018, trad. anglais Catherine Richard-Mas, 362 pages, 22 € . Ecrivain(s): John Burnside Edition: Métailié

 

Burnside continue son exploration des recoins de l’âme. Dans un récit qui n’en est pas vraiment un, mais plutôt un enchâssement de récits multiples recueillis par la narratrice auprès de personnes choisies au hasard, dans le cadre d’une mission que lui a confiée son compagnon cinéaste : poser des questions aux gens, faire du porte-à-porte, afin d’entendre les histoires de chacun(e). Et Kate va ainsi rencontrer Jean, une femme vieillissante, avec laquelle elle va se lier et qui va lui raconter, bribe par bribe, son vécu. Son vécu ? Là est toute la matière de ce roman : pas tout à fait ; un vécu, passé au crible de la narration, devient autre chose, une histoire.

Laurits, le compagnon cinéaste de Kate, est fasciné par la narration et peu importe en fin de compte son contenu. La narration en tant que telle, véhicule d’une histoire, d’une médiation par le narrateur, d’un réel intime qui souvent s’éloigne, involontairement, du réel vécu. Il est convaincu que les lieux, le moment, les circonstances où se tient une narration sont plus importants que ce que raconte cette narration. L’Amérique n’a pas d’Histoire mais pullule d’histoires.

L’Abattoir de verre, J. M. Coetzee

Ecrit par Nathalie de Courson , le Vendredi, 24 Août 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Roman, Seuil, La rentrée littéraire

L’Abattoir de verre, août 2018, 166 pages, 18 € . Ecrivain(s): John Maxwell Coetzee Edition: Seuil

 

Sait-on bien vers où l’on s’embarque lorsqu’on entre dans un livre de J. M. Coetzee ? Malgré sa prose limpide et le retour d’un personnage connu de ses lecteurs : Elizabeth Costello – la vieille écrivaine australienne éponyme du roman de 2003 – cet auteur nous fait sciemment perdre dans L’Abattoir de verre sextant et boussole.

Moral tales est le titre anglais de ce recueil de sept histoires écrites entre 2003 et 2017, et dont la deuxième est un récit d’adultère tranquillement amoral intitulé Histoire sans plus. Autre élément surprenant : l’auteur a voulu que Moral tales paraisse d’abord en traduction espagnole à Buenos Aires et à Madrid sous le titre de Cuentos morales, comme s’il voulait marquer ses distances envers sa langue et les pays anglo-saxons. Serait-il proche d’Elizabeth Costello qui, d’un récit à l’autre, après avoir refusé de vivre ses vieux jours à Nice près de sa fille Helen, repousse énergiquement l’offre de son fils John de s’établir près de lui à Baltimore, car « venant d’une Australie qui bave littéralement devant son maître américain », elle ne veut pas se « fixer dans le ventre du Grand Satan » ?

Et aussi les arbres, Isabelle Bonat-Luciani

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 24 Août 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Roman, Carnets du dessert de lune

Et aussi les arbres, mai 2018, 76 pages, 13 € . Ecrivain(s): Isabelle Bonat-Luciani Edition: Carnets du dessert de lune

 

Tous les sens de l’auteur sont en éveil à écouter, entendre, distinguer, ressentir à fleur de souvenir jusqu’au trouble qui mêle le haut et le bas, la cime et la racine de l’être, la sève de vivre : « Le ciel a débarrassé le plancher. Il est dans ma tête. Au fin fond. Toujours ça revient ». Les mots sont « tagués » les uns aux autres « pour tenir loin des désordres. Pour tenir loin des solitudes ».

Souvenir d’un premier amour ? Certes. Mais sans « Il était une fois » parce que l’évènement tourne en boucle.

Avec un ton faussement anodin, des choses importantes sont dites, toujours avec cette façon un peu explicative, voire professorale : « Parfois elle lui disait que pour aimer il valait mieux ne jamais rien savoir ».

Avec retours sur l’adolescence, l’image des parents, de la mère plus particulièrement, du corps qui se modifie, la vie en évolution parle à travers le temps qui se souvient de façon obsessionnelle : « Les gens marchent mais c’est dans ton image qui fissure le sol » ou encore : « Lorsque j’approche de ton absence, il y a ce toi bien trop immobile pour regarder ».