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Le Syrien du septième étage, Fawaz Hussain (par Robert Sctrick)

Ecrit par Robert Sctrick , le Jeudi, 06 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Le Serpent à plumes, La rentrée littéraire

Le Syrien du septième étage, septembre 2018, 240 pages, 18 € . Ecrivain(s): Fawaz Hussain Edition: Le Serpent à plumes

 

Fawaz Hussain n’a pas chaussé les lunettes de Montesquieu, mais il aurait pu. Gageons que ce qui l’en a retenu, c’est la reconnaissance qu’il a envers la culture française, qui lui a appris les Lumières, dont il fait si bon usage. N’empêche, son livre aurait pu s’intituler « Comment peut-on être Syrien ? ». Mais cette question, il ne la met dans la bouche de personne, car, ne rejetant personne, il ne se sent nullement remis en cause. Il a choisi d’être parmi les sans-grade de la république, parmi ceux qui ne l’exploitent nullement sur ses marges, qui ne la brandissent ni pour se protéger ni, au nom de je ne sais quel universalisme, la trouver petite et mesquine. Voulez-vous mon avis, la république gagne à avoir de tels sujets. Oh ! ce n’est pas lui qui le dit, bien sûr. Lui, il va vous brosser de petits tableaux parisiens, la ville lumière qui, au figuré, ne se donne pas toujours les moyens de son ambition. Mais laissons cela, rien dans ce septième étage où l’on médite et d’où l’on sort souvent pour rencontrer l’homme sous toutes ses coutures, ne nous entraînera vers la polémique.

Entrées libres, Nouvelles, Philippe Delerm (par Sandrine Ferron-Veillard)

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Jeudi, 06 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, Les éditions du Rocher

Entrées libres, Nouvelles, avril 2018, 121 pages, 7,90 € Edition: Les éditions du Rocher

 

Trois nouvelles rééditées.

Les Entrées libres sont plurielles, un clin d’œil culturel ou tout l’art de se renouveler. Cette joie minuscule d’exhumer l’existant, la pépite archéologique oubliée, remontée des profondeurs qui, désormais exposée, s’invente.

Philippe Delerm. Aimer ces infiltrations sensorielles, ses pointillismes, sa pâte d’aquarelliste ou cette manière discrète, voire « diluée » de raconter les/des histoires. Première nouvelle. L’Envol. Delmas est un homme quelconque, un homme vu de loin. Delmas est un homme exquis, une fois installé dans un musée. Posé au bord pour n’y contempler que la beauté. Le vide. Au bord du vide, le vide permet l’extase. Placé devant un tableau, être au bord des larmes, avoir le désir insondable d’y sombrer. Aller au-delà du motif, se laisser pénétrer par la fibre, noyer par la couleur, absorber par la texture.

Presque une nuit d’été, Thi Thu (2ème critique)

, le Mercredi, 05 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, La rentrée littéraire, Rivages

Presque une nuit d’été, août 2018, 180 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Thi Thu Edition: Rivages

 

Sous une chaleur étouffante, à peine dissipée par quelques averses diluviennes, une photographe sillonne la ville afin de fixer l’instant et d’en capter l’humanité. A partir de cette quête esthétique, éminemment sensuelle, les récits se succèdent et s’enchevêtrent au gré des impressions personnelles de l’artiste. Chaque nouvelle rencontre fait naître un univers énigmatique et poétique, qui se dévoile, se dessine, se cristallise, et soudain s’évapore pour basculer dans le rêve, le mythe, le conte, la mémoire fragmentaire ou évanescente. Les dialogues intimistes entre la narratrice et chacun des personnages confortent la réalité de l’instant sans altérer l’incertitude et la fragilité des souvenirs évoqués. Nous croisons ainsi les chemins tourmentés de la belle et charnelle Ibtissem, de Loan, le tatoueur, de l’impénétrable Joh, et de l’attendrissante vieille dame au châle noir qui, au seuil du royaume des morts, ranime la légende de Tsukuyomi, dont le destin tragique reflète étrangement celui du pauvre Yuru. Les repères spatio-temporels s’abolissent au profit d’un « roman-monde », dans lequel la modernité épouse naturellement la tradition, les conditions atmosphériques nivèlent et tempèrent les humeurs, et la violence se dissout dans la poésie.

La Mélodie, Jim Crace

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire, Rivages

La Mélodie (The Melody), août 2018, trad. anglais Laetitia Devaux, 267 pages, 21 € . Ecrivain(s): Jim Crace Edition: Rivages

 

Jim Crace a toujours une intention au-delà de l’écriture d’une nouvelle œuvre. Avec QuarantaineMoisson, il nous avait montré ses hautes préoccupations morales, son obsession de la lutte entre le bien et le mal. Dans ce roman (à la limite du conte), il est de nouveau témoin de son temps, nous livrant une histoire en prise avec les fléaux de notre époque, la lâcheté, le rejet de l’autre, l’égoïsme des hommes.

Une affaire des plus étranges surgit – le mot est exact – dans la vie morne du vieux Busi, chanteur de charme sur le déclin et veuf inconsolé. Habitué aux bruits incessants que font divers animaux cherchant pitance dans ses poubelles devant sa villa à la nuit, il trouve cependant un soir que le tintamarre est plus important que de coutume. Il sort devant sa porte pour voir et il est assailli par… quelque chose, quelque bête ou quelqu’un.

Smith & Wesson, Alessandro Baricco

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard, Italie

Smith & Wesson, mai 2018, trad. italien Lise Caillat, 158 pages, 16 € . Ecrivain(s): Alessandro Baricco Edition: Gallimard

 

Un critique audacieux et habile choisirait de rendre compte de Smith & Wesson sous forme de dialogue parodique. Un rédacteur, lent à rendre son papier consacré à cette pièce, s’y ferait gentiment tirer l’oreille par le directeur d’une revue littéraire.

Ce critique, facétieux, baptiserait ses personnages Leroy et Merlin, clin d’œil au titre de Baricco. On ne découvrirait, hilare, leur prénom qu’un peu plus tard tout en reconnaissant qu’on n’en attendait pas moins étant donné la cocasserie régnant dès les premières lignes.

Après quelques répliques, il serait clair que ces deux-là seraient faits pour s’entendre, malgré le ton bougon du directeur.

« Mais enfin, quoi ? Vous l’aviez demandé en service de presse, ce livre. Il s’agirait d’être réglo vis-à-vis de l’éditeur. Quel est le problème ? Il ne vous a pas plu ? ».

Il s’avèrerait que le rédacteur aurait une excellente excuse :