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Ecriture

De plus en plumes - 3 - L’impatience piaffe, par Joëlle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Jeudi, 14 Avril 2016. , dans Ecriture, Nouvelles, Ecrits suivis, La Une CED

 

Aliénor, hébétée, contemplait depuis sa fenêtre (refermée avec une célérité présumée impossible, foutue arthrite), le jardin jonché de petits corps. Elle se demanda comment elle s'y prendrait pour se débarrasser de ces bestioles dont la couleur jaunasse évoquait un canari hépatique. Elle fit demi-tour, repassa devant le portrait en grommelant "pauvre abruti" : un réflexe.

Décidée à en finir au plus vite, elle amorça une sortie du salon afin de quérir des gants et une pioche pour ramasser les machins.  Sommée par les plus hautes autorités de l'état, elle n'eût effleuré ces horreurs pour rien au monde, pas même la promesse d'un changement de prénom.  Traitement : idem-feuilles mortes :

- un tas,

- allumette,

- pschchch.

La maison fendue (1), par Sandrine Ferron-Veillard

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Mercredi, 13 Avril 2016. , dans Ecriture, Nouvelles, La Une CED

 

Tu pars deux mois pour l’Australie. Pour Sydney. Là le meilleur endroit pour remonter le temps. La plus vieille demeure où l’enfance de la planète, l’Australie, est une maison qui grandit, qui se déplace. Une île. Un continent qui avance de douze centimètres par an, t’ont-Ils répondu.

Car Ils t’ont demandé si tu voulais échanger ton appartement sur le canal Saint-Martin à Paris. Leur maison est située à Neutral Bay, à Sydney. Neutral Bay, tu ne connais pas. Tu as accepté. Un échange en simultané pour un mois.

Simultané, ée, adj. Du latin, famille de similis : similaire. Se dit d’évènements distincts ayant lieu au même moment. Traduction simultanée : donnée en même temps que parle l’orateur.

Tu notes. Au moins une vingtaine de courriels, un appel via Internet pour se voir : les dernières finitions pour ne pas se rater.

Se rater.

De plus en plumes (2) - Prises de bec, par Joëlle Petillot

Ecrit par Joelle Petillot , le Vendredi, 08 Avril 2016. , dans Ecriture, Nouvelles, Ecrits suivis, La Une CED

 

Le docteur Brillet traversa le couloir de son service comme il traversait la vie : encombré d'hommages. Sa panoplie naturelle de baroudeur cheveux-gris-œil-vert-jade induisait chez le personnel féminin un frisson dont il se foutait, conscient de son homosexualité depuis l'âge de 15 ans.
Pour l'heure, il rassemblait son maigre courage pour entrer dans la chambre numéro vingt-quatre.
Il y resta peu de temps car les échanges avec la patiente s'avéraient problématiques : à quatre-vingt-sept ans allégés d'une mémoire intermittente, Elodie Parenty persistait à se souvenir avec acuité qu'elle haïssait le praticien. Aussi à l’heure de la visite désignait-elle la porte d'une royale main en mâchonnant "Je me porte très bien", et ne l'appelait jamais que "la libellule" : non pour ses préférences, par ailleurs insoupçonnées, mais à cause des pans de sa blouse trop grande qui ballotaient sur ses flancs, lui conférant ainsi des airs aquatiques.
Une infirmière résignée suivit de peu l'homme de l'art après un entretien très court ("J'ai  la patate, dégage") et entama la conversation d'une voix machinale. 

Je Tu mon AlterEgoïste (extrait 1), par Murielle Compère-Demarcy

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 04 Avril 2016. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Le téléphone dort de son sommeil de solitude et de silence

Chaque jour entier est une aube qui te rappelle

dans les eaux troubles de l’oubli la fable du soleil

Réseaux infinis de sable et de sel

résonnant dans le clair bruissement des algues

allongées sur la grève

L’absence caresse le vide de sombres errances

Avortées trop d’esquisses s’achèvent

dans le frêle esquif du rêve

Le remugle des nuits remue

sa bauge de fausses promesses

Chant, par Alix Lerman Enriquez

Ecrit par Alix Lerman Enriquez , le Lundi, 04 Avril 2016. , dans Ecriture, Création poétique, La Une CED

 

Chant

 

Je chante sous mon platane préféré

l’écho répété d’un poème

qui hurle l’aube et puis l’aurore,

qui hurle les fractures

de mes rêves délaissés.

 

Je chante, alouette oubliée,

la nostalgie d’un pays

où le soleil se levait rose

sur les branches de l’arbre,