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Les Chroniques

Carnets d’un fou, XXXIII, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Samedi, 12 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Non, cette fois-ci pas d’exergue ou d’épigraphe, ça vous apprendra ! Nous souffrons assez comme ça, ne croyez-vous pas ? D’ailleurs, avec octobre s’ouvre la période des prix littéraires. Que voulez-vous de plus ?

M. H.

 

# Lecteur, tu es un vaillant galopin. Calé dans ton fauteuil, tu dévores page sur page. Pendant ce temps-là, tu ne fais rien de tes mains. Le va-et-vient du corridor est en panne… la bonne n’est pas venue, la vaisselle s’entasse dans l’évier. Pourtant ce sont petits travaux à ta portée. Quant à ton cerveau, permets-moi d’être perplexe. Il s’instruit, il pense, il s’émeut… Un cerveau s’émeut-il ? Le tien, probablement. Il se dit : quel bon moment ! Quel bonheur !

D’ailleurs les dames, dames écrivaines surtout, à la radio, à la télévision ne s’écrient-elles pas, émues aux larmes : « C’est mon coup de cœur ! », ou bien : « Je les adore mes personnages. Ils ne me quittent pas. En faire disparaître un est une tragédie pour moi ».

Le 1er/X/2015

Traces de la Shoah et traque des origines dans le roman Austerlitz de W.G. Sebald

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 10 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, La Une CED

Tentative d’analyse personnelle du roman

Au moment où le roman Austerlitz revient sur le devant de la scène par une adaptation osée, étrange, inclassable et hautement personnelle, qu’en propose Stan Neumann, qui ouvrira le 19 mars à Paris la 37e édition du Cinéma du Réel, festival international de films documentaires, il me paraît intéressant de remettre à l’honneur ce roman tout à fait original de W.G. Sebald.

Une question qui intrigue

Pourquoi W.G. Sebald a-t-il été fasciné par le destin singulier de ceux qui, persécutés par l’Allemagne nazie, ont dû émigrer, lui qui n’a connu cette période que dans l’après-coup ? En effet, dans son livre Les émigrants, prélude à Austerlitz, il met en scène trois héros juifs qui ne découvrent leur judaïté que tardivement. Toutefois, nous nous concentrerons sur le roman Austerlitz, qui reprend toutes les questions qui préoccupent cet auteur. Nous verrons encore que l’écrivain essaie de comprendre le sens d’une tragédie tout en traquant une part cachée de lui-même. W.G. Sebald est en effet hanté par les fantômes de la Shoah et par le silence des Allemands de sa génération, après la guerre, autour de cet événement qui a bouleversé tout le vingtième siècle.

Petit hommage aux éditions des Busclats

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Samedi, 05 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

 

Frédéric Fredj, ami de longue date de La Cause Littéraire, anime bénévolement depuis 1998 Les Mille-feuilles, association qui a comme visée d’être un soutien infaillible à la littérature et aux maisons d’éditions indépendantes. Il organise des soirées mensuelles d’échanges avec des écrivains contemporains dans un restaurant de la rive gauche.

C’est lors d’une de ces soirées que j’ai rencontré les deux créatrices et responsables des éditions des Busclats, Marie-Claude Char et Michèle Gazier, consacrée à Annie Ernaux lors de la sortie de son livre L’atelier noir. Je les ai retrouvées avec plaisir pour la présentation de leurs trois dernières publications. Chantiers de Marie-Hélène Lafon, Comme une image de Tiffany Tavernier et Signoret ou la traversés des apparences de Chantal Pelletier. Elles ont parlé de leur travail avant de laisser la parole aux trois femmes écrivains du jour.

La voix des morts - à propos de Mère de guerre de Adolphe Nysenholc

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 03 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Mère de guerre de Adolphe Nysenholc, éd. Lansman, 2006, 8 €

 

L’auteur belge, Adolphe Nysenholc, qui a été le premier à soutenir une thèse de cinéma en Belgique, écrit aussi pour le théâtre. Mère de guerre a été créé aux Ecuries de la Maison Haute, en 2006 à Bruxelles, dans une mise en scène de Jacques Neefs, et a fait l’objet d’une publication chez Lansman, la même année. Mais avant d’en venir à mon propos, c’est-à-dire le sujet de la pièce, je voudrais préciser que j’ai rencontré l’auteur à Bruxelles en octobre dernier et qu’il m’a, dans la confiance, livré son histoire personnelle, celle d’un enfant sauvé de l’extermination nazie par un couple de belges néerlandophones. Ses parents, juifs polonais, se sont ainsi tragiquement sacrifiés pour le sauver (quand il était petit), en le remettant entre les mains de ce couple de flamands, avant d’être gazés à Auschwitz. Adolphe Nysenholc est donc un miraculé de la Shoah.

L’Algérien peut-il être touriste ?, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 01 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

L’Algérien peut-il être touriste ? « Non », répond le voyageur, à l’amie écrivaine assise à côté dans l’avion du retour. Pour être touriste il faut avoir accès à de l’euro sans passer par la contrebande, puis avoir des droits devant le guichet et pas une collection de névroses et d’inquiétudes, ensuite il faut avoir un pays pour souhaiter en voir d’autres. Et non fuir son pays pour souhaiter le remplacer par d’autres. Ensuite, il faut sentir le monde comme promesse et pas comme délivrance, l’univers comme une interrogation et pas comme une salle d’attente. Ensuite il faut aimer la route et pas la craindre, attendre la nouveauté et non pas répéter qu’elle est après la mort, espérer l’Autre et non le craindre, chercher à le comprendre et pas à le convertir, songer à rêver avec lui et pas à le contourner parce que impie, différent, nu ou priant de gauche à droite. Ensuite, il faut être libre chez soi pour que le reste du monde augmente votre liberté et ne serve pas à éclairer votre prison par son jardin de contrastes et ses villes de lumières. Ensuite il faut réparer en soi la curiosité qu’ont tuée les religions, les certitudes, le ciel qui pèse, la fatwa, la peur et les ancêtres et la guerre et la méfiance. Il faut que l’Autre devienne un monde et pas une menace, que la terre soit vaste et pas étroite comme un avis, que la mer ne fasse pas peur et que le but soit l’air d’ici et pas les rivières au paradis et que cesse la terreur de se voir voler sa terre si on la quitte un moment ou que les siens n’oublient votre nom qui est votre seule adresse faute d’autres lieux de tendresse et d’appartenance.