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Les Chroniques

Polar algérien vous avez dit ?

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 11 Mars 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Nous sommes une société où on parle beaucoup et de tout, sans tradition de l’écrit. Pas de trace. Sommes-nous encore dans les temps de l’oralité ? Nous avons toutes les sauces pour en faire le roman noir, mais nous n’avons pas d’écrivains de polar ! Nous vivons dans une société violente. Toutes les violences imaginables et inimaginables ; dans les langues, dans les gesticules, et même sur les traits des visages… font le quotidien des Algériens.

L’Algérien ne sait pas comment sourire !

Nous disposons de beaucoup de policiers, des centaines de milliers, tous genres de policiers, ceux en tenue officielle et ceux qui sont sans tenue officielle !! Tous grades. Toutes appellations possibles, et nous n’avons pas d’écrivains de polar ! Yasmina Khadra, tu me dis, une hirondelle ne fait pas le printemps. Et sa trilogie du commissaire Llob ne couvre pas tout ce paysage absurde.

Nous avons la corruption, tous genres de corruptions, économique, politique scientifique et culturelle. Nous avons des prisons remplies, surchargées. Toutes les couleurs de crimes. Du crime d’honneur jusqu’au crime de religion. Et nous n’avons pas d’écrivains de polar capables de dénicher les abeilles et les mouches, les éléphants et les singes !

Allah est Grand, l’Arabie est très petite, Michelle est belle

Ecrit par Kamel Daoud , le Mardi, 10 Mars 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Cheveux contre Royaume. Titre d’un poème possible ou déjà épuisé. Ou de l’actualité. A l’enterrement d’un autre Roi d’Arabie, il y a eu le monde et le monde entier. Entre autres, Michelle Obama et son époux. Moment d’interrogations protocolaires, ira-elle cheveux nus ou voilée ? La première dame du monde a opté pour les cheveux nus, face à des monarques aux cheveux cachés et aux femmes enterrées. Le message était direct car, en Indonésie, la dame avait pris soin de se couvrir la tête. Donc il s’agissait d’un message et pas seulement d’une coiffure.

Il s’agissait de rappeler que dans ce Royaume qui s’est accaparé la Mecque, l’Islam et le lever de soleil, les femmes étaient voilées, cachées, enterrées, frappées, interdites de conduire, de décider, de se promener dans l’univers seules, de voyages (sauf accompagnées ou avec un bracelet électronique comme du bétail tatoué). Sur le net, certains amateurs du déni ont insisté pour présenter le nouveau roi comme un héros musulman (il abandonne le couple américain pour aller faire sa prière) cela ne change rien : Michelle Obama est venue tête nue, a été reçue, on n’a pas osé la voiler comme on ose avec les Saoudiennes que l’on met dans les sachets noirs, on lui a souri, elle a dit et rappelé que ce pays est absurde, tue, condamne la fabrication des bonhommes de neige, lapide, décapite en plein rue.

Carnets d’un fou - XXIV - 2015

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 03 Mars 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Année 2015

« Je me sens très optimiste quant à l’avenir du pessimisme »

Jean Rostand

Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

Ces Carnets d’un fou sont un tissu d’observations et de réflexions. Tissu déchiré parfois, car enfoui dans le sépulcre de l’impubliable : deux éditeurs, craintifs, ont fait marche arrière tant les timides et rares audaces qu’il enveloppe leur ont paru devoir contrarier leur bonne réputation, leur chiffre de vente et leur belle complicité avec la chronique littéraire parisienne. Seule une publication en revue est donc accessible à ces notations. La Cause littéraire, après La Vie littéraire, les accueille à son tour : qu’elles en soient remerciées. Ravaudages et reprises, donc ! Mis sur le métier en 1999, on y verra désormais défiler des « vues » du passé le plus récent, ce qui élimine la perspective mais ajoute la fraîcheur de ce qui n’a pas encore quitté notre mémoire au risque de possibles erreurs d’appréciation. Nous attendons monts et merveilles de ces travaux d’aiguille.

Couleurs : deux livres

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Samedi, 28 Février 2015. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

L’étonnant pouvoir des couleurs, Jean-Gabriel Causse, Ed. du Palio, mai 2014, 192 pages, 19,90 €

Le petit livre des couleurs, Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, Ed. Points, mars 2014 (réédition des Editions du Panama de 2005), 121 pages, 6,50 €

 

L’étonnant pouvoir des Couleurs, dommage que le rose soit réservé aux filles !

Grande amatrice des couleurs (disons que je n’hésite pas à les utiliser aussi bien dans ma garde-robe que dans ma décoration d’intérieur, en total contre-pied de la tendance bobo très épurée et inodore), je ne pouvais qu’acquérir cet ouvrage si flatteur aux yeux, L’étonnant pouvoir des couleurs de Jean-Gabriel Causse sorti en 2014. Juste avant, j’ai également pris le temps de savourer Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet, un petit bijou historique très coloré qui ouvre l’esprit.

Journal - Nuit du 25 janvier par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Vendredi, 27 Février 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

… Je vis parfois comme si j’avais raté quelque chose. Comme si j’avais raté un rendez-vous, une rencontre. Une obligation. Cela me fait souffrir parfois. Atrocement. Je me sens coupable. Presque traitre à quelqu’un. J’aurais dû le chercher, le trouver aussi et lui dire quelque chose dont j’ai oublié le sens et la langue. Parfois, quand j’écoute les vieilles musiques des années 80 cela me tort le cœur : quelque chose manque. J’ai beau essayer, je me creuse la mémoire à mains nues, je supplie presque. Mais rien ne vient. Juste de la culpabilité. Qu’est-ce que j’aurais dû faire ? J’ai essayé d’être le meilleur et de briller et de faire de mon mieux mais cela ne suffit jamais à atténuer le sentiment de culpabilité et d’échec. Je revois les anciennes années, ma grand-mère avec qui je vivais, la cheminée de la maison coloniale, le village pauvre et j’essaye presque de crier derrière une vitre : c’est là, sous mes yeux. C’est là que j’aurais dû faire quelque chose. J’avais je crois huit ans et je n’avais pas compris qu’il n’y avait pas d’éternité. J’ai envie de supplier un Dieu de me donner une deuxième chance, de recommencer car là je SAIS.