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Les Chroniques

Billy le menteur, Keith Waterhouse (par Fedwa Bouzit)

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Jeudi, 07 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Editions du Typhon

Billy le menteur, Keith Waterhouse, janvier 2019, trad. anglais Jacqueline Le Begnec, 239 pages, 17 €

 

Billy le menteur de Keith Waterhouse m’a réellement surprise. Le titre simplet pourrait laisser suggérer une histoire banale, voire un roman jeunesse. Mais dès les premières pages, on se rend compte qu’il s’agit en fait d’un récit sombre, servi d’un humour désespéré et drôlement addictif. Publié d’abord en 1960, Billy le menteur est un roman culte au Royaume-Uni. La plume de Keith Waterhouse s’inscrit dans une vague littéraire des années cinquante apparue dans le nord du pays, et que la critique avait désignée de « jeunes hommes en colère ».

On a bien l’impression d’avoir affaire à un jeune homme en colère avec Billy Fisher, le personnage principal. Mais on ne saurait le réduire à cette couche primaire, qui n’est probablement que le symptôme d’un malaise plus complexe. Billy Fisher habite la ville fictive de Stradhoughton, dans le Yorkshire. Au seuil de l’âge adulte, il habite chez ses parents avec lesquels il se chamaille tous les jours, il travaille dans une compagnie des pompes funèbres où il passe le plus clair de son temps à composer des poèmes satiriques, et en fin de journée il courtise des femmes qui toutes l’irritent d’une façon ou d’une autre : Barbara avec ses manières prudes et sa manie de manger des oranges à longueur de journée, Rita avec son langage ordurier et Liz avec ses vêtements froissés et poussiéreux.

Cent voyages, Saïdeh Pakravan (par Fawaz Hussain)

Ecrit par Fawaz Hussain , le Mercredi, 06 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Belfond

Cent voyages, Saïdeh Pakravan, Belfond, janvier 2019, 216 pages, 17 €

 

L’errance de Garance

Garance, la narratrice, n’est pas contente de son prénom ; elle trouve qu’il rime trop avec « garce » et avec « rance ». De père iranien et de mère française née dans une campagne riveraine de la Loire, elle se veut parisienne jusqu’au bout des ongles. Elle prend le patronyme maternel afin d’éviter la catastrophe consistant à passer pour Mlle Irani et à se faire prêter des goûts et des mœurs pas trop catholiques. Elle vient de passer trois ans en Iran, la patrie paternelle. À son grand bonheur, sa mère lui demande de regagner le 16e arrondissement, l’avenue de Versailles plus précisément, pour assister aux funérailles de son grand-père maternel. De retour donc dans une ville sur laquelle elle ne tarit pas d’éloges, elle n’est que trop heureuse de laisser derrière elle Téhéran, « cette vilaine capitale » et ses habitants qu’elle ne comprend pas. « Je ne me sentais pas d’affinités avec les Iraniens, pas d’appartenance à leur culture. (…). Je les oubliai sitôt rentrée à Paris, dont je m’étais crue détachée et dont je me retrouvais plus éprise que jamais ».

Requiem pour Gaza, Collectif (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 06 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Requiem pour Gaza, Collectif, Color gang édition, coll. Urgences, 2018, préface Adonis, 120 pages, 13 €

 

Gaza

Pour chroniquer ce livre, proche peut-être de l’esprit d’une revue, qui émane de divers poètes et créateurs sur le thème des événements du 30 mars au 20 août 2018 en Palestine, il faut que j’écrive un incipit. Les propos de l’ouvrage, qui mettent en lumière le malheur historique et humain que traversent les habitants de la bande de Gaza – aux mains du Hamas – reprennent un point de vue : celui de ceux qui souffrent. Un regard en surplomb doit permettre de comprendre la complexité du rapport de Gaza au monde et du monde à Gaza. Et j’écris cela pour faire valoir une certaine prudence à l’endroit du conflit israélo-palestinien, qui m’occupe depuis très longtemps, en tout cas depuis l’adolescence – et j’avoue que la guerre du Liban faisait aussi partie de mes préoccupations politiques de l’époque. Cependant, il est heureux de voir combien cette problématique touchant le monde occidental et oriental, pose en même temps la question de la fonction de l’écriture comme témoignage.

La Styx Croisières Cie (I) Janvier 2019 (par Michel Host)

, le Mardi, 05 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« – Père Ubu : De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant ; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ?

– Mère Ubu : Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?

– Père Ubu : Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure à la casserole.

– Mère Ubu : Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?

– Père Ubu : Eh vraiment ! Et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?

– Mère Ubu : À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues ».

Alfred Jarry, Ubu Roi, Sc. 1ère, Acte premier

Jules de Montalenvers de Phrysac : noté dans le Livre de mes Mémoires

L’exil, Olivier Larizza (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 04 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

L’exil, Olivier Larizza, Andersen+ éditions, 2017, 107 pages, 8 €

 

Écrire des poèmes de manière ininterrompue, comme vivre. Jusqu’à l’ultime souffle. À l’heure interminable où la poésie bat de l’aile. À contre-temps : « Que vient faire (…) cette modeste plaquette de vers libres à l’heure persistante et triomphale du roman (dont je me demande toutefois si les tombereaux qui engorgent nos librairies n’augureraient pas du chant du signe) ? » interroge l’auteur. Écrire encore, toujours, des poèmes de manière ininterrompue, comme survivre. À cheval sur le réel et le rêve, comme Olivier Larizza a nourri le vif de son lyrisme à cheval sur deux continents, le Grand Est et la Martinique (cf. Avant-Propos). Dans l’entre-deux de ce qui s’écarte des sentiers battus, comme les auteurs soutenus par les éditions Andersen+. L’écart… figure et posture symbolique de ce qui inspire / expire le souffle poétique dans le creuset du quotidien ainsi exécuté dans une alchimie, tristement prosaïque si un certain regard ne vient l’enchanter. L’écart, dans le décalage comme l’exil subsiste dans la mise à distance. L’exil constitue une sorte de journal intime sous forme de poèmes incluant les années 2006-2009. Rédigé au long cours durant douze années entre Strasbourg inspirant la nostalgie du pays natal et les Caraïbes, « le pays du soleil ». L’ensemble de l’œuvre formera un triptyque, agencement de trois tomes dont L’exil constitue le premier volet.