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Asie

Ce que l’on voit en s’arrêtant, Haemin

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 19 Février 2015. , dans Asie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Decrescenzo Editeurs

Ce que l’on voit en s’arrêtant, décembre 2014, traduit du coréen par Lee Hyonhee et Julien Paolucci, 217 pages, 12 € . Ecrivain(s): Haemin Edition: Decrescenzo Editeurs

 

Haemin est un moine coréen, bouddhiste, diplômé des plus grandes universités américaines. Habitué à dialoguer pour dispenser enseignement et sagesse, il se prend un jour au jeu des réseaux sociaux, immense réservoir humain comme on sait, et va dialoguer avec plus de 850.000 correspondants.

« Haemin,

n’essaie pas de devenir un grand moine

mais essaie de devenir un moine humaniste », lui avait dit un de ses maitres, le moine Hyegwang.

Sans l’avoir réellement décidé mais pris par sa « passion » (dont il nous expliquera comment elle peut aussi être un piège si on n’apprend pas à la maîtriser), passion de transmettre, il va réaliser au fil de ces tweets remplis de sagesse et d’amour l’un des livres qui sera le plus lu en Corée et vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires.

Le septième jour, Yu Hua

Ecrit par Cathy Garcia , le Samedi, 31 Janvier 2015. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud

Le septième jour, octobre 2014, traduit du chinois par Isabelle Rabut et Angel Pino, 272 pages, 22 € . Ecrivain(s): Yu Hua Edition: Actes Sud

 

Le septième jour est un récit étrange, envoûtant, d’un humour délicat qui joue avec l’absurde et d’une grande tristesse, qui fait le va et vient entre les souvenirs d’une vie dans l’ici-bas et la douceur et la fantaisie poétique d’un au-delà. Sous cette apparence inoffensive, c’est surtout une façon de pointer les inégalités et les problématiques de la société chinoise contemporaine. Un récit découpé en sept chapitres, du premier au septième jour après la mort du narrateur, ce qui rappelle forcément les sept étapes de la création du monde dans le mythe biblique, mais s’inspire aussi de croyances traditionnelles chinoises à propos des sept jours pendant lesquels, après sa mort, l’âme du défunt erre autour de sa maison avant de rejoindre sa sépulture.

Yang Fei, le narrateur, meurt à la suite d’une explosion accidentelle dans un restaurant. C’est alors que la morgue l’appelle pour lui dire qu’il est en retard pour son incinération et qu’il doit se dépêcher d’arriver. Ainsi débute son errance dans cette nouvelle dimension, de l’autre côté de la très fine membrane qui sépare le monde des morts de celui des vivants.

Le clan du sorgho rouge, Mo Yan

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 09 Janvier 2015. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil

Le clan du sorgho rouge, septembre 2014, traduit du chinois par Sylvie Gentil, 444 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Mo Yan Edition: Seuil

 

Phénoménal roman de bruit et de fureur, Le clan du sorgho rouge entraîne le lecteur dans la Chine profonde, rurale, aux traditions ancestrales, du milieu du XXe siècle, à partir de l’occupation de la Chine par les armées japonaises, et le plonge dans une série d’événements chaotiques faits de guérilla contre l’envahisseur, de brigandage de grand chemin, et de guerre civile permanente entre de puissantes bandes de fripouilles, des partisans du Kuomintang, des clans villageois et des maquisards du Parti Communiste Chinois.

En toile de fond permanente, les champs de sorgho rouge.

Entre ces multiples bandes armées se font et se défont alliances et contre-alliances, défections et trahisons, au milieu de ces champs de sorgho qui constituent un élément fort, en quelque sorte un personnage immanquablement présent, doué de sentiment, dont la vie et les humeurs saisonnières accompagnent les épisodes guerriers et les entractes romantiques, ceux-ci étant d’ailleurs souvent aussi empreints de violence que ceux-là.

Le Regard de Midi, LEE Seung-U

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 10 Octobre 2014. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Decrescenzo Editeurs

Le Regard de Midi, traduction du coréen CHOI Mikyung et Jean-Noël Juttet, mai 2014, 133 pages, 15 € . Ecrivain(s): Lee Seung-U Edition: Decrescenzo Editeurs

 

« Affirmer que j’allais là-bas pour une cure, était-ce dire la vérité ? Jusqu’à quel point était-ce vrai ? A quelle strate de la vérité cette affirmation appartenait-elle ? Etait-elle vraie pour tout le monde ? En tout cas, elle ne l’était pas pour moi. Ni pour ma mère. N’empêche que lorsque P. m’a demandé pourquoi je voulais y aller, j’ai répondu, pour faire une cure, et je n’ai pas éprouvé de remords ».

Partir pour trouver un nom et un visage. Le nom, le visage, le regard du père, et pour cela passer par la maladie et la douleur. Han le narrateur du roman de LEE Seung-U fait ce voyage armé de quelques lectures troublantes : Rilke, Gary, Kafka, et accompagné du bacille qui le colonise. Partir pour trouver ce qui l’empêche de marcher, une perte, un doute, un pressentiment, comme une frontière militaire qui sépare sa Corée de l’autre. Le Regard de Midi est un livre où le moindre geste, la moindre parole, l’acte de vie est saisi par ce tremblement, cette terreur souterraine, signe que la maladie fait son chemin. Tout y est gris, sombre, désespéré, même si par instants le narrateur laisse son regard s’illuminer par les éclats de la nature qui l’entoure.

Le Quartier chinois, OH Jung-hi

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 09 Octobre 2014. , dans Asie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, La rentrée littéraire, Serge Safran éditeur

Le Quartier chinois, traduit du coréen par Jeong Eun-jin et Jacques Batilliot, septembre 2014, 216 p. 17,50 € . Ecrivain(s): OH Jung-hi Edition: Serge Safran éditeur

 

OH Jung-hi nous décrit une Corée peu familière : celle de l’après-guerre, un pays encore en proie à un conflit, celui entre le nord et le sud, l’un des épisodes marquants de la Guerre froide. Le texte se compose de trois nouvelles distinctes en apparence, mais s’attachant à décrire la difficulté de grandir et de vivre.

Dans la première nouvelle intitulée Le Quartier chinois, une fillette de neuf ans quitte la campagne pour une ville portuaire. Le nom de quartier chinois est assimilé à un repère géographique : il est près du port. C’est aussi un lieu de perdition, de débauche. Evoquant la présence de Chinois, la petite fille les décrit ainsi :

« Pour nous, ils étaient contrebandiers opiomanes, coolies cachant de l’or sous chaque point des coutures de leurs guenilles, brigands martelant la terre gelée au galop de leurs chevaux barbares (…) Ce qui se trouvait derrière les portes fermées (…) était-ce de l’or ? de l’opium ? ou de la méfiance ? ».