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Voyages

Les Hautes Herbes, Hubert Voignier (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mardi, 25 Juin 2019. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Cheyne Editeur

Les Hautes Herbes, 64 pages, 17 € . Ecrivain(s): Hubert Voignier Edition: Cheyne Editeur

 

Ce qui interpelle de prime abord est la très belle plastique du livre, soignée, relevée par des reliefs sur la couverture autant qu’à l’intérieur des pages, via les illustrations de hautes herbes (splendide travail dû à Estelle Aguelon) qui, à elles seules, savent nous emmener dans l’entremêlement infini des feuilles et des tiges qui peuplent l’ouvrage entier.

Il s’agit d’une progression en quatre mouvements : la référence au champ lexical de la musique se justifie pleinement, tant la langue d’Hubert Voignier est maîtrisée, riche, magnifiquement nuancée dans son rythme – il est impossible de résister au courant de sa prose poétique une fois que nous nous sommes lancés, tant l’immersion dans le monde végétal se fait le reflet d’une vie intérieure intense. Le déferlement de nature qui nous submerge et nous anime en même temps semble trouver son apothéose dans le troisième mouvement, avec l’arrivée des mauvaises herbes et leur « mouvement d’émancipation naturelle », leur « débordement de vie, anarchique et frondeur » [p.38].

Travelling, Un tour du monde sans avion, Christian Garcin, Tanguy Viel (par Sylvie Zobda)

Ecrit par Sylvie Zobda , le Mercredi, 15 Mai 2019. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Jean-Claude Lattès

Travelling, Un tour du monde sans avion, mars 2019, 281 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Christian Garcin, Tanguy Viel Edition: Jean-Claude Lattès

 

A l’heure de la mondialisation, de l’internet 4G, des liaisons satellitaires, des flux où vitesse et densité vont de pair, qu’est-ce qui pousse Christian Garcin et Tanguy Viel à réaliser un tour du monde sans avion, en cent jours, pour faire une boucle dans l’hémisphère Nord, entre le 35ème et le 55ème parallèle ? Le titre de ce roman écrit à quatre mains annonce un travelling, un déplacement de l’ordre de la promenade, et non du survol rapide, un voyage doux posé sur des rails préétablis, délimitant les routes du cargo, de la voiture, du bus, du train, passant par l’Atlantique, les Etats-Unis, le Pacifique, le Japon, la Chine, la Russie puis l’Europe.

La géographie s’annonce donc variée, mais le livre est bien plus encore un voyage dans le temps, celui du réel, et non du fictionnel, encore moins de la légende collective, des représentations grossières, du passé plus ou moins glorieux. Les deux écrivains, pour parvenir à leur fin, restent dans le terre-à-terre, ils s’accrochent au sol présent.

Bicyclettres, Jean-Acier Danès (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Mercredi, 30 Janvier 2019. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Seuil

Bicyclettres, janvier 2018, 221 pages, 17 € . Ecrivain(s): Jean-Acier Danès Edition: Seuil

 

 

« Pour célébrer mes dix-huit ans […] j’ai conduit ma bicyclette vers des lectures que j’affectionne – ou leurs auteurs. Cela m’est apparu comme un bon socle pour rentrer dans l’âge adulte. Durant deux ans […] pédaler a signifié rendre visite à mes écrivains, à mes œuvres préférées […]. A la grâce de voyages pleins d’aléas et de rencontres, j’ai voulu écrire ces pages comme un carnet de [route], riche d’un désir que la littérature avait fait naître ».

Partant le plus souvent de Lyon, ne faisant qu’un avec sa fidèle « Causette », Jean-Acier Danès a rendu en première instance visite au Cimetière sétois et à Paul Valéry. « Au retour, en zigzaguant à bicyclette sur la ligne blanche tracée sur l’asphalte de la route, j’ai décidé de suivre les lignes noires des livres que j’aimais ».

Ailleurs, Henri Michaux (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Vendredi, 25 Janvier 2019. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

Ailleurs, Gallimard/Poésie . Ecrivain(s): Henri Michaux Edition: Gallimard

 

Envie de voyage, mais vous avez déjà fait le tour de la planète, exploré toutes les cultures du monde sur place ou à distance ? Ce livre est fait pour vous. Regroupant trois récits de voyages imaginaires intitulés Voyage en Grande-GarabagneIci, Poddéma, et Au pays de la magieAilleurs de Henri Michaux, publié en 1948, est un livre surprenant qui à coup sûr vous dépaysera. Et en même temps, vous y reconnaîtrez peut-être des contrées traversées non pas sur terre mais au pays des rêves, où l’insensé devient sensé, l’extraordinaire ordinaire, où rien n’est impossible. Les peuples dont rend compte l’inclassable auteur de Plume et La nuit remue dans Ailleurs font éclater nos cadres de pensée et nos habitudes. Ailleursporte bien son titre : le texte transporte le lecteur très loin de lui-même, tout en se gardant de situer ces pays irréels, de sorte empêcher toute relation avec le monde réel. Tout ce que l’on sait, c’est que le narrateur y a vécu suffisamment longtemps pour connaître et, d’une certaine manière, en comprendre le fonctionnement.

Devant la beauté de la nature, Alexandre Lacroix (par Arnaud Genon)

Ecrit par Arnaud Genon , le Mercredi, 14 Novembre 2018. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Allary Editions

Devant la beauté de la nature, septembre 2018, 400 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Alexandre Lacroix Edition: Allary Editions

Alexandre Lacroix navigue avec bonheur depuis une vingtaine d’années entre romans et essais, entre fictions de soi et enquêtes philosophiques. Mais ses romans pourraient de même être considérés comme des enquêtes [que l’on pense à La Muette (1) ou à Voyage au centre de Paris (2)], et ses essais comme des fragments autobiographiques, puisque le « je » y est toujours présent. L’auteur, qui dirige par ailleurs Philosophie Magazine depuis 2006, ne s’encombre pas des frontières génériques traditionnelles et explore tout aussi bien le « moi » [Quand j’étais nietzschéen (3), L’Orfelin (4)], que le monde, comme en témoigne ce dernier livre qu’il consacre à la beauté de la nature.

Alexandre Lacroix part ici d’une expérience vécue il y a quelques années, au Sunset Café, sur l’île grecque de Santorin. Vers 18h30, les touristes s’installent sur les terrasses des cafés et s’abandonnent au spectacle qui se joue devant leurs yeux : le soleil se couche. Tous y assistent « muets d’admiration » et applaudissent à la fin de cette représentation mise en scène par mère nature. Une question, qui fait tout l’objet du présent livre, se pose alors au spectateur-philosophe : « pourquoi, nous autres humains, trouvons-nous beaux les paysages naturels en général et les couchers de soleil en particulier ? ».