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Voyages

Le Grand Marin, Catherine Poulain

Ecrit par Jeanne Ferron-Veillard , le Vendredi, 06 Mai 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil)

Le Grand Marin, février 2016, 372 pages, 19 € . Ecrivain(s): Catherine Poulain Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Serrer le corps du grand marin, c’est entrer de plein fouet dans les entrailles du livre, adapter son langage et ses odeurs, sombrer avec lui, le soir, la nuit, glisser sur le port et repeindre la ville en rouge. Ivre et hagard au matin, l’alcool dans le sang, à terre, les grands marins tanguent. Ils n’ont pas le pied, ils n’ont plus le sens. Ils flottent et se décharnent. Lili, elle, elle veut être avec eux, s’écorcher la face, elle veut du ressac, elle veut du vent, le sel pour ronger son visage, la mer pour réparer son corps. Elle veut un bateau. Etre adoptée. Pénétrer la chair d’un bateau pour l’habiter tout entier, au bout du monde, voire y disparaître.

Lire ce livre, c’est se tenir avec son propre corps au bastingage comme aux comptoirs des bars, vivre les gueulantes des hommes et des vagues, là sur le pont à ne pas savoir comment s’y prendre. Etre un Homme et s’y tenir. Porter, tendre, attendre son tour par terre et ne plus savoir dormir que par chapitres.

Passion arabe, Gilles Kepel

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Samedi, 09 Avril 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Passion arabe, janvier 2016, 656 pages, 9,70 € . Ecrivain(s): Gilles Kepel Edition: Folio (Gallimard)

Sur le mode d’un journal de voyage, Gilles Kepel raconte ce qu’il observe de la continuité des révolutions arabes de 2011 à 2013 : il nous fait voyager de Dubaï à la Libye, en passant par Israël et la Palestine, l’Egypte, la Tunisie, Oman et le Yemen, le Qatar, Bahreïn, l’Arabie Saoudite, le Liban, Istanbul et Antioche. Partout il est reçu, ayant noué dans tous ces pays ou ces villes des relations stables et souvent amicales, avec des universitaires, des hommes politiques, des hommes d’affaires, des familles et de simples citoyens. Son analyse et son témoignage prennent toute leur force dans ces temps troublés, où les identités nationales et les affirmations religieuses sont mêlées et font acte de résistance, parfois jusqu’à l’extrême violence, jusqu’à la déraison.

Depuis l’immolation par le feu le 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid, en Tunisie, de Tarek (dit Mohamed) Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et de légumes, les révolutions arabes ont certes abattu quelques dictatures (régimes de Ben Ali en Tunisie, de Moubarak en Egypte, de Kadhafi en Libye), mais mis au pouvoir les intégrismes religieux, portés par une population pauvre et désenchantée, et renouvelé le pouvoir des organisations islamistes Al-Qaida et Daesh, incarnant les deuxième et troisième générations du terrorisme, la première étant issue de la lutte du GIA algérien dans les années 1980-90. Ces révolutions ont été portées par la puissante chaîne Aljazeera, qui s’est fait « l’impresario des Frères musulmans ».

6 minutes 23 séparent l’enfer du paradis, François Suchel

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 06 Avril 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

6 minutes 23 séparent l’enfer du paradis, éd. Paulsen, janvier 2016, 224 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): François Suchel

 

 

« Dans une époque en quête d’exotisme, l’avion est une lance jetée vers les palmiers ». Prendre l’avion est aujourd’hui un acte banal pour la plupart d’entre nous. Et nous savons tous que c’est le moyen de transport le plus fiable, même si de temps en temps quelques accidents dramatiques viennent doucher notre confiance. François Suchel, commandant de bord à Air France, dit que c’est pour « dédramatiser » qu’il a écrit ce livre, pour donner à comprendre le quotidien d’un pilote, y compris quand un grain de sable transforme un vol en aventure. Pas sûr que cette lecture apporte une guérison à ceux qui en auraient besoin. D’ailleurs ça n’est pas le propos principal. Il ne s’agit pas seulement de récits techniques, même si parfois le lecteur ne comprendra peut-être plus si l’avion a la tête en bas ou non ; l’auteur n’est pas seulement pilote, mais aussi photographe et écrivain. Et dans son cockpit, poète.

Journaux de bord (1947-1954), Jack Kerouac

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, Gallimard

Journaux de bord (1947-1954), édition de Douglas Brinkley, trad. anglais (USA) Pierre Guglielmina, novembre 2015, 592 pages, 29,50 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: Gallimard

 

« À vouloir croire la conscience de la vie et de l’éternité n’est pas une erreur, ou le fruit d’un isolement… – mais d’un amour ardent et précieux de notre pauvre condition qui, par la grâce de Dieu de Mystère, sera résolu et éclairé pour nous tous à la fin seulement, peut-être…

Sans quoi je ne peux plus vivre ».

 

Les Journaux de bord de Jack Kerouac, écrits sur une série de cahiers, sont les négatifs d’un voyage qui permet à son auteur de rester en contact avec toutes les choses, les êtres qu’il croise pendant son chemin. D’approfondir les mondes du possible dans l’obstination d’un travail quotidien, avec pour seule tentation la maîtrise de sa propre vanité.