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Voyages

Mon tour du monde, Charlie Chaplin

Ecrit par Lionel Bedin , le Jeudi, 11 Janvier 2018. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Récits, Le Livre de Poche

Mon tour du monde, Charlie Chaplin, trad. anglais Moea Durieux, novembre 2017, 216 pages, 6,90 € . Ecrivain(s): Charlie Chaplin Edition: Le Livre de Poche

 

En janvier 1931 à Los Angeles sort Les Lumières de la ville. Ce film muet rencontre le succès attendu, après Le Kid (1921), ou La Ruée vers l’or (1925). Charlie Chaplin est célèbre. Mais en crise. Il a des soucis personnels et financiers, et il est perturbé par l’arrivée du cinéma parlant. Il fait ce constat : « L’amour et les gens me lassent ». Il décide de prendre l’air. « J’ai besoin que soient ranimées mes émotions ». Le 13 février 1931 il part pour l’Angleterre, pour un voyage de quelques semaines qui va en fait durer seize mois (13 février 1931-16 juin 1932) et le conduire autour du monde. Au retour il publiera A comedian sees the word dans une revue américaine.

Le voyage commence par l’Angleterre, pays de son enfance, « époque la plus malheureuse de ma vie ». Il y retrouve son ami Winston Churchill, et d’autres célébrités de la politique ou du spectacle. Il poursuit par les Pays-Bas jusqu’à Berlin, où il croise Marlene Dietrich et Einstein, et où il constate que « la situation semble désespérée, l’avenir bien sombre ». Puis c’est Vienne, une ville « triste ». Détour par l’Italie, « une Californie miniature et âgée ». Malgré la foule considérable qui l’accueille, ici comme ailleurs, Chaplin vit le paradoxe de la célébrité : « Ces manifestations sont un immense hommage, j’en ai conscience, mais tout le monde éprouve parfois l’envie d’être seul ».

Les rayons de la liberté, Mon tour du monde à vélo, Jacques Sirat

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 11 Janvier 2018. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Le Rouergue

Les rayons de la liberté, Mon tour du monde à vélo, novembre 2017, 224 pages, 25,90 € . Ecrivain(s): Jacques Sirat Edition: Le Rouergue

Ce livre est de douze ans le frère cadet de Cyclo-nomade, Sept ans autour du monde, du même auteur paru en 2005 aux mêmes éditions du Rouergue, publication assez remarquable dans la famille des explorations vélocipédiques de la planète Terre, aussi bien par son large format carré (0,255 x 0,255) que par sa très belle et forte couverture glacée, ainsi que par la qualité visuelle et typographique de sa présentation en deux colonnes illustrées des multiples photos captées au fil de son périple par le pédaleur. Jacques Sirat, ancien postier, refusant un beau jour une vie routinière et tracée d’avance, avait largué les amarres le 31 juillet 1994 depuis Sainte-Mère, son petit village familial du Gers, prenant son élan pour une randonnée pédestre qui allait lui permettre de courir en seize mois et demi à travers 32 pays d’Europe. Après son retour, refusant de « renouer avec un quotidien sédentaire », il redéployait déjà des cartes ; et le lundi de Pâques 31 mars 1997, se lançait à nouveau, mais sur un destrier à deux roues, ignorant qu’il ne reviendrait qu’un septennat plus tard après avoir touché au long de 80.000 kilomètres plus de 50 contrées. Le voyage est devenu pour lui « un réel mode de vie qui m’engloutit peu à peu » ; il s’y trouve « en totale union avec ce qui m’entoure, en parfaite concordance avec cette itinérance ».

Lettres d’Angleterre, Karel Čapek

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 21 Novembre 2017. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Correspondance, La Baconnière

Lettres d’Angleterre, octobre 2017, trad. tchèque Gustave Aucouturier, 184 pages, 12 € . Ecrivain(s): Karel Čapek Edition: La Baconnière

 

 

En 1924, le florissant et puissant Empire Britannique s’autocélébrait dans une grande exposition coloniale, la British Empire Exhibition, à Wembley, aujourd’hui plus connu pour son stade. Bien entendu, celle-ci était ouverte à d’autres que les sujets de sa gracieuse majesté, le roi George V. L’écrivain tchèque Karel Čapek, également journaliste aguerri – et connu depuis l’année précédente à Londres comme auteur dramatique, sa pièce R.U.R., à laquelle on attribue la création du mot « robot » ayant été traduite et jouée au St Martins Theatre avec le célèbre acteur Basil Rathbone – y fut invité. L’auteur de La fabrique d’absolu en profite pour visiter Londres et l’Angleterre, mais aussi le Pays de Galles et l’Ecosse (il ne parviendra pas à visiter l’Irlande) et en rapporte ces lettres d’Angleterre, un journal de voyage illustré de ses propres dessins.

La France en automobile, Edith Wharton (2ème critique)

Ecrit par Jean Durry , le Mardi, 07 Novembre 2017. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Mercure de France

La France en automobile, trad. anglais Jean Pavans, Préface Julian Barnes, 176 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Edith Wharton Edition: Mercure de France

 

« Publié aux Etats-Unis en [octobre] 1908 avec succès, La France automobile n’avait jamais été traduit en français jusqu’à aujourd’hui », souligne le « Prière d’insérer ». Grâce donc au traducteur Jean Pavans et au Mercure de nous en faire le cadeau, complété ou plus exactement précédé d’une substantielle préface de Julian Barnes. A quel point Edith Newbold Wharton fut un écrivain d’abondance aux innombrables publications, on en est en général assez ignorant, il faut l’avouer, et du fait qu’en 1921 son roman Le Temps de l’innocence reçut – rare pour une femme – le Pulitzer.

C’est en France que cette grande voyageuse se fixera en 1907, à 45 ans (née à New-York en 1862) ; et qu’elle vivra la seconde partie de sa vie : à Paris – dix ans rue de Varenne à compter de 1910 –, puis au sortir du conflit mondial – qu’elle chronique dans La France en guerre – à Saint-Brice-sous-Forêt (Val d’Oise) ainsi qu’à Hyères en son Castel Sainte Claire. Son divorce en 1913 est une autre marque de son indépendance d’esprit.

Bazar, Bernard Pignero

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 06 Novembre 2017. , dans Voyages, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Bazar, éd. Encre toile, juin 2017, 236 pages, 20 € . Ecrivain(s): Bernard Pignero

 

C’est un récit – précis et géographique en diable – ou bien une fable bourrée d’allusions métaphoriques, dont on guette l’arrivée de la morale de page en page, sans doute aussi un roman échevelé d’imaginaires. Bref, c’est un livre de Bernard Pignero.

Un tour du monde – rien que ça ! À la proue de bateaux improbables, par tous les temps, et bien plus, les époques. On y trouvera tout ou presque de ce qui nous importe ; la guerre et la misère, dans un coin d’Europe – Est /Sud, mais il se pourrait qu’on se trompe ; des machettes de djihadistes ou bien de quelques autres a-humains, si nombreux à peupler le monde de leur haine, la fuite pour survivre, évidemment, et l’amitié – souvent imprévisible, l’amour, bien sûr, toujours incandescent. Le grandir de tout un chacun, pas moins. Des ports, comme dans les chansons de Brel, des paysages des tableaux de Gauguin, des regrets – tellement – et le pied qu’on remet sur le pont de l’embarquement pourtant. L’ailleurs, toujours. Des pans entiers de littérature, la nôtre, nous visitent en clins d’œil élégants ; Diderot, Montaigne, plus d’une fois, Voltaire, ma foi, et Proust – ça c’est pour l’écriture. Chacun du reste fera sa propre cuisine en l’affaire, s’équipant à sa guise pour cette traversée conjuguant avant tout la liberté, et son prix.