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L’Iris sauvage (The Wild Iris), Louise Glück (par Jacques Desrosiers)

Ecrit par Jacques Desrosiers , le Mardi, 28 Septembre 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Gallimard

L’Iris sauvage (The Wild Iris), Louise Glück, Gallimard Coll. Du monde entier, mars 2021, édition bilingue, trad. anglais (USA) Marie Olivier, 160 pages, 17 € Edition: Gallimard

 

En lisant L’Iris sauvage, on remarque vite que les mots qui se rapportent au je qui est présent dans presque tous les poèmes sont accordés parfois au féminin, parfois au masculin. C’est que l’identité de la voix qui s’exprime à la première personne varie au fil des pages. Dans les extraits suivants :

 

je me souviens

m’être allongée dans un champ

je suis prêt désormais

à vous imposer la clarté.

Je me suis réveillé ignorant dans une forêt

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 27 Septembre 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Le Corsaire Rouge, James Fenimore Cooper, trad. anglais (USA), Auguste-Jean-Baptiste Defauconpret, 688 pages, 10,90 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Qui a donné naissance à la littérature américaine ? Vaine question, sujet à pinaillage universitaire, si l’on attend une réponse univoque et précise ; question intéressante si l’on prend plaisir à fréquenter des auteurs défrichant des territoires vierges, sans Histoire mais avec nombre d’histoires, des auteurs s’élançant depuis les lettres européennes pour migrer par-dessus l’Océan Atlantique et leur donner une forme nouvelle – même si la question est bien plus complexe qu’il y paraît. Le plus bel exemple est celui de Washington Irving, qui confronte le gothique aux vastes espaces, qui voyage entre l’Europe et New York, écrit sur les deux continents et crée de la sorte une œuvre originale – « américaine ».

Pas moins originale est l’œuvre de James Fenimore Cooper (1789-1851), qui rencontra un beau succès dès son second roman, L’Espion (1821), et acquit une renommée internationale avec les Histoires de Bas-de-Cuir, des romans historiques confrontant les valeurs d’une Amérique occidentalisée naissante à celles de ses premiers occupants, dont Le Dernier des Mohicans (1826) ;

Une dame perdue, Willa Cather (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 22 Septembre 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages poche

Une dame perdue (A Lost Lady, 1923), trad. américain, Marc Chenetier, 190 pages, 7,20 € . Ecrivain(s): Willa Cather Edition: Rivages poche

 

Willa Cather est une incomparable portraitiste de femmes. Nous l’avions pointé déjà à propos de Mon ennemie mortelle (My Mortal Enemy, 1927), où le personnage de Myra Driscoll éclaboussait le lecteur de sa beauté, de son intelligence et de sa séduction. C’est une autre dame splendide qui est le personnage central de ce roman, Marian Forrester. Elle règne sur la propriété familiale, quelque part à l’Ouest, sur la ligne de chemin de fer Burlington qui ouvre le chemin des Nouvelles Frontières. Sa beauté parfaite, son élégance vestimentaire et morale, sa générosité et son attention envers les autres, en font une femme d’exception. Le bon capitaine Forrester, son vieil époux – ils ont 25 ans d’écart – débonnaire et au grand cœur, la rend parfaitement heureuse.

Une ombre cependant : ils n’ont pas eu d’enfant mais Marian sait attirer autour d’elle ceux du village, des gamins pauvres pour la plupart et éblouis par leur bonne « déesse », qui s’intéresse à eux, les invite à jouer sur ses terres et au bord de son étang, leur offre des goûters délicieux.

King Zeno, Nathaniel Rich (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 15 Septembre 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil

King Zeno (King Zeno, 2018), Nathaniel Rich, Seuil Cadre Noir, septembre 2021, trad. américain, Camille de Chevigny, 427 pages, 21,90 € Edition: Seuil

 

La Nouvelle-Orléans meurtrie, bouillonnante, est la seule véritable héroïne de ce roman taillé comme une passionnante monographie noire. La période racontée, à peu près 1918-1920, fait se croiser l’Histoire réelle et les histoires fictionnelles (vraiment ?) comme la trame d’une narration serrée, prenante, souvent vertigineuse. Les traumatismes de la grande guerre – les cauchemars peuplés de tranchées et de corps déchiquetés, les désordres mentaux – la Ville qui naît au modernisme dans une agitation mafieuse grandissante (le Grand Canal du Mississippi au Lac Pontchartrain est en construction), la Grippe Espagnole qui frappe la ville de ses vagues meurtrières et le Jazz (Jass) à sa naissance aux sons des cornets et des pianos des gamins Louis Armstrong, Drag Nasty et Funky Butt.

Nathaniel Rich dynamite toute notion pré-acquise de « roman noir » et propose une ode à la modernité, ses grandeurs et ses ravages. Dans une langue rugueuse et syncopée – scandée par les sons – il invente une véritable mélopée sombre qui porte les drames d’une ville et d’une époque.

Le Cercueil de Job, Lance Weller (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 01 Septembre 2021. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister

Le Cercueil de Job (Job’s Coffin, 2021), septembre 2021, trad américain, François Happe, 465 pages, 25 € . Ecrivain(s): Lance Weller Edition: Gallmeister

 

Lance Weller place son roman sous les ombres tutélaires de Cormac McCarthy et de Shelby Foote. Sa maîtrise stylistique, son sens prodigieux de la structure romanesque, lui permettent cette audace qu’il assume et transcende. Le Cercueil de Job est une traversée sous le ciel du Sud alors que grondent les canons meurtriers de la Guerre Civile, sous les étoiles d’un ciel sans Dieu ou d’un Dieu indifférent au malheur des hommes, jetés dans l’enfer de la folie guerrière ou de la folie raciale et dont la solitude ne se brise que quand une balle vient leur traverser le corps, pour les enlever à ce monde de terreur, ou les en extraire, brisés, abîmés pour toujours. On entend dans l’écriture de Lance Weller le chant désolé de La Route, de Méridien de sang, de Shiloh ; mais on entend surtout la scansion particulière de l’écriture de Lance, qui tourne autour d’une scène, en extrait tout le champ de vision, capte la douleur des personnages et nous l’envoie comme autant de blessures dans nos consciences d’hommes – étrange espèce de ceux qui sont capables de ça. De haïr, de pendre, de brûler vifs, de castrer, de violer, d’exclure des hommes et des femmes de la condition d’humains.