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Roman

Vagabond, Franck Bouysse

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres

Vagabond. Ecorce Editions. Mai 2013. 85 p. 10 € . Ecrivain(s): Franck Bouysse

 

 

Un mot d’abord – après tout c’est le premier acte d’une lecture - sur la qualité de l’édition, livre soyeux au toucher, à la couverture élégante et à la typographie impeccable. Jeune et prometteuse maison « Ecorce » qui compte déjà une dizaine de bouquins à son actif. On la suivra avec intérêt.

 

La plume de Franck Bouysse est sombre et affutée. Elle lui permet de tisser dans ce court roman (longue nouvelle ?) une trame narrative à la fois âpre et aérienne. Comme un blues – de Robert Johnson pourquoi pas, souvent cité. Comme une métaphore sonore de la traversée de biais d’un homme perdu, le narrateur. Perdu dans ses souvenirs, harcelé par ses regrets, ancré dans ses passions, dans ses figures du destin parmi lesquelles émergent la musique et une femme. Réelle, rêvée. Peu importe « divine », la divine Alicia, « un surnom emprunté à Ava Gardner ».

Lionel Asbo, l'état de l'Angleterre, Martin Amis

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 11 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Gallimard

Lionel Asbo, l’état de l’Angleterre (Lionel Asbo, State of England), traduit de l’anglais par Bernard Turle, mai 2013, 380 p. 21 € . Ecrivain(s): Martin Amis Edition: Gallimard

 

Lionel Asbo est un idiot et se fait un point d’honneur à se comporter comme tel. Lionel Asbo ressemble à Wayne Rooney, le footballeur de Manchester United. Lionel Asbo est un délinquant de carrière, « un criminel à la petite semaine qui passait la moitié de son temps à l’ombre » (et qui a « quasiment le niveau thèse de doctorat en droit criminel »). Il est méchant, il est radin. C’est une brute. Lionel Asbo a deux pitbulls qu’il gave de Tabasco pour les rendre plus agressifs. Lionel Asbo aime la pornographie. C’est beaucoup plus simple que les filles. Comme si on pouvait compter sur elles. Lionel Asbo est capable d’imbiber des quantités surabondantes d’alcool sans jamais être saoul et les substances illicites ne semblent pas non plus avoir d’effet sur lui. Ce qui peut être un avantage certain.

Lionel Asbo s’appelle en fait « Pepperdine », mais l’a changé parce que « Pepperdine, c’est con comme nom… ». Asbo lui convient d’autant mieux que cela veut dire : Anti-Social Behaviour orders, qui désigne des ordonnances censées combattre les comportements anti-sociaux. Lutte contre la délinquance des mineurs du gouvernement Tony Blair…

De tes yeux, tu me vis, Sjon

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 10 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Rivages poche

De tes yeux, tu me vis, traduit de l’islandais par Eric Boury, 2013, 320 pages, 9,15 € . Ecrivain(s): Sjon Edition: Rivages poche

 

Un rêve ? Un fil de lecture ? Une vue onirique de la guerre depuis un lieu préservé ? Aucun des personnages de cette « histoire d’amour » ne semble avoir d’épaisseur, prisonnier qu’il est des matriochkas d’une pensée poétique, kaléidoscope déformant et reformant sens et paysages mentaux : « Et quand il ne leur resta plus qu’à border la jeune fille dans le livre, à la napper de lait et de pain, à poser le matelas sur le secrétaire afin qu’elle puisse lire tandis qu’elle mangerait quelques allumettes et qu’elle se désaltérerait avec un peu de cire chaude, ils avaient eu tout le loisir d’examiner le malheureux qui dormait comme un ange malgré tout ce vacarme » (p.125-126).

Vies dans un rêve, rêve de vies éparses, souvenirs empruntés… L’étrangeté fantastique du monde de Kafka y côtoie la spiritualité hébraïque « Quand je n’étais qu’une matière informe,

tes yeux me voyaient » (Psaumes, 139,16).

Nombreux sont les clins d’œil cinématographiques :

Les nuits de Vladivostok, Christian Garcin

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 08 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Stock

Les nuits de Vladivostok, janvier 2013, 360 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Christian Garcin Edition: Stock

 

Par quel hasard le Français Thomas Rawicz, sorte de rêveur poète aventurier, se retrouve-t-il, sans l’avoir voulu, à Vladivostok, alors qu’il croyait avoir pris un train pour rejoindre son épouse Marie à des milliers de kilomètres de là ?

Sur quel quiproquo les Chinois Zuo Luo et Chen Wanglin, justiciers volontaires, chasseurs de proxénètes, croisent-ils le chemin de Rawicz en une rencontre pour le moins violente ?

Quelle force occulte transforme-t-elle l’antagonisme initial entre les deux Chinois et le Français en un protagonisme qui les amène à ne plus se quitter sur la piste d’un mystérieux criminel nommé Thomas Krawczyk ?

Quel est l’obscur dessein du destinateur qui, de Moscou, fait aboutir le long et fou périple pédestre d’Oleg Svechnikov à Vladivostok, tout droit en les lieux que sillonnent les deux Chinois ?

Il n'y a qu'une façon d'aimer, Monique Barbey

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 06 Juin 2013. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Alma Editeur

Il n’y a qu’une façon d’aimer, 6 juin 2013, 432 pages, 22 € . Ecrivain(s): Monique Barbey Edition: Alma Editeur

Il existe toujours un danger élevé en littérature, c’est de décrire un amour impossible sans tomber insensiblement dans les pires clichés ou les caricatures les plus outrancières. Cet écueil, Monique Barbey l’évite, pour le plus grand bonheur des lecteurs de son récit intitulé Il n’y a qu’une façon d’aimer. Monique Bierens de Haan, née Barbey, est suisse ; elle a épousé un Hollandais dont elle aura cinq enfants. C’est une Genevoise, élevée dans les traditions, dans le culte de la culpabilité, du rigorisme du protestantisme calviniste qui a marqué de son empreinte la vie de cette cité. Cette femme est conquérante, souffre de la tutelle exercée par sa famille, à tel point que cette dernière lui impose d’épouser Barthold Bierens de Haan, son actuel époux. Le récit n’est pas un roman, c’est l’exposition d’un journal tenu par Monique Barbey entre 1943 et 1948, découvert par son fils et édité par les soins de ce dernier.

En 1942, Monique Bierens de Haan s’engage dans l’Armée néerlandaise en exil aux côtés de son époux. Elle rencontre à Londres le général Koenig, héros de la France Libre et vainqueur de la bataille de Bir-Hakeim. Elle en tombe amoureuse et expose cette situation dans les lignes datées du 20 juillet 1944 : « C’est la foudre qui m’a frappée. Je suis clouée sur ce banc et mon cœur s’arrête de battre. Je ne bouge plus et retiens mon souffle, craignant d’avoir compris. Personne ne m’avait jamais dit ainsi qu’il m’aimait ».