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Recensions

Le Festin sauvage, De la Minsk soviétique au Brooklyn d’aujourd’hui, le récit et les recettes de cuisine d’une famille juive athée, Boris Fishman (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 09 Mars 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits, Editions Noir sur Blanc

Le Festin sauvage, Boris Fishman, Les Éditions Noir sur Blanc, mars 2022, trad. anglais (USA) Stéphane Roques, 382 pages, 23 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

On est (ou on devient) ce que l’on mange, affirme la sagesse populaire. Encore faut-il qu’il y ait quelque chose à manger. La faim est une sensation qui renvoie l’être humain le plus éloigné de la nature à l’état primitif, animal. Nous ne parlons pas du petit creux qui se manifeste quelques heures après le repas précédent et dont on sait qu’il sera comblé un peu plus tard, fût-ce en mangeant de la mauvaise restauration collective. Non, nous parlons de la faim qui dure, depuis si longtemps qu’on ne sait plus à quand remonte le dernier repas digne de ce nom, ni quand aura lieu le prochain, d’une faim qui vous accompagne jour et nuit, même dans vos rêves. La vision d’épouvante qu’offrent les marchés traditionnels chinois, dont les étals présentent les animaux les plus improbables – pas seulement du pangolin – s’explique dans la mesure où la grande majorité de cette immense population croupit dans la misère la plus noire et qu’au bout d’une semaine sans manger, même le végan le plus résolu, le plus fanatique, se précipitera sur n’importe quel bout de viande.

Boire la lumière à la source, Parme Ceriset (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 06 Mars 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Editions du Cygne

Boire la lumière à la source, Parme Ceriset, Editions du Cygne, janvier 2023, 54 pages, 10 € . Ecrivain(s): Parme Ceriset Edition: Editions du Cygne

 

Un intense souffle poétique

Ouvrir un recueil de poésies, c’est découvrir un monde de mots marquants, choisis, riches de significations, c’est également entrer dans un univers de sonorités, d’images et de fantaisies évocatrices. On se souvient de la belle remarque de Paul Valery dans « Tel Quel » : « La poésie, cette hésitation prolongée entre le son et le sens ». Une langue qui se cherche, musicale et qui fait vibrer notre intellect, voilà une première approche de l’essence de la poésie qu’on pourrait retenir. Et, c’est ce que l’on ressent fortement en abordant l’ouvrage de Parme Ceriset, Boire la lumière à la source, publié aux Editions du Cygne. Et, on reste séduit par ce recueil où l’on perçoit un délicieux mais intense souffle poétique.

O, l’œuf, Yves Namur (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 15 Février 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

O, l’œuf, Yves Namur, éditions La Lettre volée, Coll. Poiesis, janvier 2023, 143 pages, 20 €

 

Le zéro, l’eau, le murmure

Quelle difficulté pour un écrivain de resserrer son écriture sur un ou deux éléments forts ! Ici l’on se trouve dans la danse et dans la musique du poème en un pas répété sur une musique minimale. L’on pourrait tout d’abord rapprocher ce texte du Plat de poissons frits de Ponge, pour donner à ressentir le jeu et la complexité de l’épure. Mais je retiendrai surtout le côté volatil du corps dansé.

Quels sont ces éléments ? L’œuf et sa déconstruction, des fragments graphiques que Francis Édeline qualifie de Zone Image, et aussi les 3 ou 4 lettres dont l’une est double (un E dans l’O) de ce fameux œuf, plus dégustation que forme intrigante et parfaite. Puis l’impression maritime, aqueuse, le murmure de la mer, ostinato très léger et parfois confinant à l’humour. Enfin, une langue très simple voire elliptique et pauvre.

L’histoire traverse nos peaux douces, Livre 1/Jack, Christine Bard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 10 Février 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman

L’histoire traverse nos peaux douces, Livre 1/Jack, Christine Bard, éditions Ixe, Coll. Fonctions dérivées, novembre 2022, 176 pages, 17 €

Les premiers pas

Il a dit : « Je vous donne le pays de Canaan, ce sera votre part d’héritage ».

En ces temps-là, on pouvait les compter : c’était une poignée d’immigrants ; ils allaient de nation en nation, d’un royaume vers un autre royaume (Psaume 104).

Que ma prière devant toi s’élève comme un encens (Psaume 140).

Christine Bard, née en 1965, est spécialiste de l’histoire des femmes et du genre. Elle dirige la Collection Archives du Féminisme aux PUR à Rennes. Elle est membre des comités de rédaction de la Revue Clio. Depuis 2004, elle dirige de nombreuses thèses sur un large spectre de l’histoire des femmes au XXème siècle. Son dernier ouvrage est : Les garçonnes, mode et fantasmes des Années folles (Autrement, 2021) ; L’histoire traverse nos peaux douces est le premier cycle autobiographique de la genèse de l’histoire intime et familiale de ses proches.

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Jeudi, 09 Février 2023. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Imprécations nocturnes, Grégory Rateau, Editions Conspiration, novembre 2022, 80 pages, 9 €

 

La note bleue

La nuit, l’insomnie, les cigarillos, la présence déchirante d’un Chet Baker puis quand revient le silence, du fin fond de l’obscurité, la brusque irruption des imprécations des fantômes familiers qui ne cessent de hanter le poète. La poésie peut célébrer la nature, chanter l’amour, comme elle peut explorer les ténèbres, celles que l’on porte en soi. Grégory Rateau a fait ce second choix. Mais est-ce un choix ou une nécessité vitale ? L’intensité des mots, des images, des souvenirs ébauchés, malaxés dans un maelstrom de sensations paradoxales, parfois antinomiques foudroie par l’authenticité qui s’en dégage.

Enfant de la nuit il veille

traverse la ville ivre de songes

un éclaireur pour ses frères

un maudit pour sa famille