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Recensions

Un Passage au Maroc, Alain Gorius (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 10 Novembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Voyages, Al Manar

Un Passage au Maroc, Alain Gorius, Al Manar, 2019, photographies, Abderrazzak Benchaâbane, 48 pages, 16 € Edition: Al Manar

 

Ces « notes » d’un ami fervent du Maroc et de ses gens ont pour but de garder des traces d’un « passage », dans ce pays aimé, celui de l’Extrême-Couchant comme Gorius le nomme. Pour dire ces « moments de vie » passés au contact chaleureux des Marocains, humbles ou plus connus, gens de la rue ou artistes, peintres, écrivains, poètes, l’auteur a fait appel, au-delà de ses textes, aux belles photographies de Benchaâbane, en noir et blanc, portraits, scènes de rues ou paysages, femmes au bord de l’océan, visages burinés, regards vifs et intenses. Les voyages ne laissent pas indemnes et c’est leur grandeur que de grappiller la beauté pour qu’elle ne s’étiole pas.

En vingt-quatre courts fragments, d’une prose très poétique, Alain Gorius énonce ses préférences, ses choix, ses pérégrinations. Ses blasons nous valent des textes tendus et tendres, jamais complaisants, avec la distance de l’écriture et du cœur. Et ses textes vibrent, comme le rappel des choses à conserver coûte que coûte. C’est le portrait de femmes, leur beauté insolente ou cachée ; c’est celui d’artistes comme Kacimi, peintre et poète, comme Mohamed Abouelouakar, ou encore à l’image du poète longtemps enfermé à Kenitra, Abdellatif Laâbi.

Version originale, Jean-Claude Götting (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 09 Novembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Arts

Version originale, Jean-Claude Götting, Payot & Rivages, Coll. Virages graphiques, septembre 2022, 96 pages, 22 €

Nous découvrons dans le dernier album graphique de Jean-Claude Götting, Version originale, 40 travaux au format paysage de 26,5 x 20 cm, conçus en une sorte de ciné-roman (cher à Chris Marker), en noir et blanc. Jean-Claude Götting invente le synopsis d’un film intimiste avec des éléments de réminiscences d’histoires d’amour, heureuses ou malheureuses. De mini-événements se télescopent, une phrase courte se lit en sous-titre français sur chaque planche. L’on pense à des morceaux de Son nom de Venise dans Calcutta désert, par le côté décousu du scénario, ou bien de L’Année dernière à Marienbad au vu de l’anonymat des personnages et de la dominante de « l’écriture blanche ».

Des FRAGMENTS sont insérés, dont deux dialogues de Diastème (né en 1966, écrivain, dramaturge et réalisateur), un texte expérimental de Pauline Peyrade (co-responsable du département Écrivain.e.s-Dramaturges de l’ENSATT), un monologue de Charlotte Lagrange (metteuse en scène et dramaturge, formée au TNS), ainsi qu’un dernier dialogue de Vincent Farasse (né en 1979, metteur en scène et comédien).

Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles, Benoît Duteurtre (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 07 Novembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Plon

Dictionnaire amoureux de la Belle Epoque et des Années folles, Benoît Duteurtre, Editions Plon, août 2022, 644 pages, 25 € Edition: Plon

 

 

Une machine à rêver

« Quoi de plus raisonnable qu’un dictionnaire ? » s’interrogeait Roland Barthes dans les années 80. On y trouve des classements précis, un ordre et une rigueur. On y glane des connaissances, des informations et il vient renseigner nos sollicitations. Mais, toujours selon Barthes, cet « objet robuste » est aussi « une machine à rêver », riche en découvertes et en évasions de toutes sortes. Un ouvrage raisonné et onirique, voilà donc ce que serait un dictionnaire. On retrouve ces deux qualités dans la publication de Benoît Duteurtre consacrée à la Belle Époque et aux Années folles, un dictionnaire « amoureux » qui sait nous transmettre la passion que ces deux époques font immanquablement naître.

La femme au manteau bleu, Deon Meyer (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 07 Novembre 2022. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, Afrique, Folio (Gallimard)

La femme au manteau bleu, Folio/Policier, août 2022, trad. de l’afrikaans, Georges Lory, 176 pages, 14 € . Ecrivain(s): Deon Meyer

 

Le chauffeur d’un taxi-minibus assurant le trajet Mthatha-Le Cap, transportant treize femmes xhosas, couturières, plongeuses, aides ménagères, femmes de ménage, fait halte au panorama du Col de Sir Lowry, à l’ouest du Cap, pour pouvoir uriner. Ils découvrent avec horreur un corps nu de femme blanche disposé sur un muret le bras gauche pendant le long du mur selon un angle curieux.

Benny Griessel et Vaughn Cupido son équipier, membres éminents de l’unité des Hawks (dont le nom officiel est DCPI, Direction des enquêtes criminelles prioritaires) et dont le siège se trouve à Cap Town, bien sûr, mais dans le quartier de Bellville (eh, oui !) sont à la recherche chez un receleur d’une bague de fiançailles pour le mariage de Benny et d’Alexa. Chez Mohamed Faizal, dit Love Lips, le brocanteur, on trouve de tout dont des bagues et surtout une collection de tableaux de femmes en robe bleue. Fayzal explique : « La rumeur dit qu’on peut faire beaucoup d’argent avec la femme sur fond bleu ».

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut (par François Baillon)

Ecrit par François Baillon , le Mercredi, 26 Octobre 2022. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Biographie

Elsa Schiaparelli, Ève-Marie Lobriaut, Éd. Les Petites Moustaches, juin 2022, Ill. Madame Dessine, 132 pages, 18,50 €

La collection « Les Petites Histoires de la mode », initiée par les Éditions Les Petites Moustaches, revient sur l’enfance d’un grand créateur ou d’une grande créatrice de mode. Si chaque ouvrage s’appuie évidemment sur une documentation assez large, l’écrivain sollicité utilise assez librement son imagination pour dépeindre, à travers des scènes clé, le caractère, la colère, la tristesse, ayant prévalu au personnage qui deviendra beaucoup plus tard un incontournable du milieu de la mode.

Ainsi en est-il du livre consacré à Elsa Schiaparelli, dont l’exubérance n’a pas manqué d’attirer l’œil de grands artistes. L’auteure Ève-Marie Lobriaut a choisi de se fixer en grande partie sur le printemps 1900, alors qu’Elsa Schiaparelli a dix ans et qu’elle vit à Rome, au Palais Corsini. La petite fille est un véritable feu follet qui multiplie les bêtises, regorge d’idées farfelues qu’elle met à exécution, s’entête à dominer les garçons et y parvient, élabore des mensonges sans vergogne où, à force de réinventer sa vie, elle finit par croire elle-même à ses histoires… Mais l’enfant souffre, notamment du fait de sa laideur dont elle est persuadée. Sa grande sœur Beatrice semble être son exact opposé, en attitude comme en attraits physiques.