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Les Livres

Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 11 Octobre 2022. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Mémoires d’Hadrien, Marguerite Yourcenar, Folio, 316 pages . Ecrivain(s): Marguerite Yourcenar Edition: Folio (Gallimard)

 

Commencer ce roman constitué in extenso d’un flux de conscience de l’empereur Hadrien par son corps physique – malade, mourant – annonce clairement le choix fondamental de Marguerite Yourcenar : elle met en scène un homme – Vir,-is – pas le maître du monde. Un homme, un mortel, loin de l’immortalité proclamée par la vox populi aux empereurs romains déifiés.

Ainsi d’emblée, Yourcenar pose la surdétermination de ces mémoires imaginaires : la solitude d’Hadrien dans un monde romain qui n’a plus de dieux – les dieux antiques se sont peu à peu effacés des croyances populaires – et pas encore de Dieu : le christianisme est alors considéré par Rome comme une secte fanatique sans avenir. Le ciel est vide. Et la Rome matérielle et politique l’est autant : la République et ses figures illustres sont loin avec ses Caton, Cicéron, Agrippa. Les règnes de Néron et Caligula ont dévasté la fonction des empereurs, la livrant au bon vouloir ou à la folie des Princes. Les Barbares sont aux frontières, affaiblissant par leurs coups de boutoir les armées romaines et la Pax Romana, base du rayonnement de Rome sur le monde occidental connu.

Apocalypse managériale, Promenade à Manhattan de 1941 à 1946 puis au-delà, François-Xavier de Vaujany (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 10 Octobre 2022. , dans Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Les Belles Lettres

Apocalypse managériale, Promenade à Manhattan de 1941 à 1946 puis au-delà, François-Xavier de Vaujany, février 2022, 596 pages, 25 € Edition: Les Belles Lettres

 

Karl Jaspers parlait d’âge axial (Achsenzeit) pour désigner une période de l’histoire humaine qui vit un bouleversement sans précédent et sans retour possible de la pensée. « Des idées similaires, voire des courants religieux entiers, apparaissent en des points éloignés du globe, sans que l’on puisse distinguer une quelconque filiation intellectuelle ou politique directe. Par exemple, le Bouddha en Inde, Confucius en Chine, Zoroastre en Perse, Jérémie en Israël et Pythagore en Grèce, furent presque contemporains. Tout se passe comme si leurs enseignements avaient pris place le long d’un axe du monde » (Martin Mosebach). Bien entendu, les historiens ont tenté d’élargir la notion, se demandant si l’humanité n’aurait pas connu d’autres « ères axiales », comme par exemple le XVIIIe siècle, mais les idées débattues au Siècle des Lumières étaient soit directement chrétiennes (« all the men of the Enlightenment were cuckoos in the Christian nest », écrivait Peter Gay), soit inspirées d’hérésies chrétiennes. Ils ont également suggéré que 1968 pourrait avoir constitué une « année axiale », ce qui n’est pas impossible.

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 10 Octobre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie, Al Manar

Je ne vois pas l’oiseau, Jean-Pierre Chambon, éditions Al Manar, ill. Carmelo Zagari, juin 2022, 64 pages, 16 €

 

 

Oiseaux mortels et immortels

Ce recueil de 5 textes de prose de Jean-Pierre Chambon, prend pour sujet les oiseaux. Mais, là, pas de bons sentiments ni autres sucreries mais des tétrapodes de sang, oiseaux qui s’articulent sur la relation humaine, qui enseignent en un sens sur l’homme, sur les sentiments humains, le bien et le mal. Ces oiseaux sont ensemble abstraits et concrets, mortels et immortels. L’on est plus au théâtre que dans la nature, car ces bipèdes manifestent symboliquement leur rapport à l’être humain, sachant que celui-ci s’explique à lui-même en conversant avec le monde du gibier à plume.

La Dérive des sentiments, Bernard Caprasse (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 07 Octobre 2022. , dans Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

La Dérive des sentiments, Bernard Caprasse, éditions Weyrich, Coll. Plumes du Coq, mars 2022, 384 pages, 18 €

 

Dans cette saga familiale l’auteur appréhende le milieu d’une certaine bourgeoisie où se mêlent intrigue, amour et manipulations tandis que les différentes époques, sont bien rendues, le 20ème siècle durant, avec le parcours d’Héloïse, bien née matériellement, partiellement infirme et suscitant toutes les convoitises.

Comme dans son roman précédent, Le Cahier orange, l’auteur s’investit totalement dans ses héros scrutant avec une empathie très personnelle la profondeur des âmes révélée par les situations, sans oublier quelques références historiques desquelles le romancier est friand. L’inattendu semble devenir la réalité avec cette plume précise qui, à nouveau, resitue avec brio les lieux de la campagne ardennaise que connaît bien l’ancien gouverneur de la province du Luxembourg.

Cavafy, Une biographie, Robert Liddell (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 07 Octobre 2022. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Poésie

Cavafy, Une biographie, Robert Liddell, éditions Héros-Limite, avril 2021, trad. anglais, Eva Antonnikov, 288 pages, 24 €

 

« Reviens souvent me prendre,

sensation bien-aimée, reviens me prendre –

quand la mémoire du corps se réveille,

et qu’un désir ancien tressaille dans le sang »

C. C., Reviens (1922)

 

La biographie de Constantin Cavafy (né en 1863 et mort en 1933, le jour de son anniversaire, d’un cancer de la gorge comme Freud) par Robert Liddell, sortie en anglais en 1974, a enfin été traduite en français par Eva Antonnikov, aux éditions Héros-Limite, en avril 2021.