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Les Livres

Philippe Jaccottet, Œuvres en la Pléiade

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, La Pléiade Gallimard

Philippe Jaccottet, Œuvres, préface de Fabio Pusterla, édition établie par José-Flore Tappy, avec Hervé Ferrage, Doris Jakubec…, février 2014, LXXXIII-1626 pages, 59 € . Ecrivain(s): Philippe Jaccottet Edition: La Pléiade Gallimard

 

La poésie et la prose de Jaccottet s’enquièrent du don avec quoi se confond la vie, lorsque les yeux sont désembués.

Ce don, ce peut être un arbre, simplement.

« Le don, inattendu, d’un arbre éclairé par le soleil bas de la fin de l’automne ; comme quand une bougie est allumée dans une chambre qui s’assombrit » (Ce peu de bruits).

Et pour que ce don soit, pour que cela soit sur la page, dans sa saveur originelle, pour que la page soit ce qui accueille, nulle didactique, jamais. Les mots sont tout juste ce qui effleure. Les pages de Jaccottet sont constituées de « paroles cédées au vent, dorées elles aussi par la lumière du soir. Même si les a écrites une main tavelée ».

La Grande Guerre des écrivains d’Apollinaire à Zweig, Antoine Compagnon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Folio (Gallimard), Histoire

La Grande Guerre des écrivains d’Apollinaire à Zweig, mai 2014, 840 p. 10,60 € . Ecrivain(s): Antoine Compagnon Edition: Folio (Gallimard)

 

« Il vient une odeur de genièvre

Des forêts que ravage le feu

Les femmes gémissent sur leurs fils

On entend pleurer dans les villages les veuves »

Anna Akhmatova, Juillet 14, dans Troupe Blanche, 1917

Et tout le reste est Histoire, pourrait-on dire en sortant, sonné, admiratif, de cette somme-anthologie unique en son genre. Plus d’un an de rédaction a été nécessaire pour accoucher de ce livre, et combien d’heures pour sa gestation ? C’est à une montagne que s’est attaqué Antoine Compagnon, ici, en partant de lui-même ; ses deux grands-pères poilus, « ses » veuves et son histoire intime, pour traverser toute la guerre, d’écrivain en écrivain et nous fournir (un petit livre savant en soi) une fondamentale préface et un récit de sa méthode de travail. Cet Anapurna a été vaincu ;

Jacob, Jacob, Valérie Zenatti

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, L'Olivier (Seuil), La rentrée littéraire

Jacob, Jacob, août 2014, 168 pages, 16 € . Ecrivain(s): Valérie Zenatti Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Jacob Melki est un jeune juif de Constantine. Nous sommes en 1944 et la France a besoin de soldats pour achever la libération de la France en cette avant-dernière année de guerre. Jacob, pour sa part, rêve d’amour, en particulier avec Lucette qui lui rappelle qu’il va bientôt partir à l’armée. Il se souvient de ses premières impressions, de la séduction produite sur Lucette, dans les files d’attente des marchands de glace…

Nous sommes dans l’Algérie de la Seconde Guerre Mondiale, pays qui a retiré la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie pendant le régime de Vichy, mais cherche à présent des recrues.

A la caserne de recrutement de l’armée, Jacob aperçoit des camarades du lycée d’Aumale. Les recrues s’appellent Melki, Bonnin, Ouabedssalam, Attali, Haddad, représentants des différentes communautés de l’Algérie d’alors. Pourtant, la fraternité d’armes ne s’impose guère d’évidence, à tel point que l’un des enrôlés, Haddad, a sauté par-dessus bord, tandis que le navire qui les emmenait sortait de la baie d’Alger…

Bain de lune, Yanick Lahens

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Sabine Wespieser

Bain de lune, septembre 2014, 274 pages, 20 € . Ecrivain(s): Yanick Lahens Edition: Sabine Wespieser

 

En terre haïtienne


Trois jours après la tempête, la terre d’Haïti est à peine remise de la colère des éléments. L’eau marine lèche encore ses plaies béantes. C’est aussi le laps de temps choisi par l’Océan pour recracher son enfant, une jeune fille sur une plage, bien loin de Anse Bleue, d’où elle est originaire.

« Après une folle équipée de trois jours, me voilà étendue là, aux pieds d’un homme que je ne connais pas. Le visage à deux doigts de ses chaussures boueuses et usées. Le nez pris dans une puanteur qui me révulse presque. Au point de me faire oublier cet étau de douleur autour du cou, et la meurtrissure entre les cuisses. Difficile de me retourner. De remonter les jambes De poser un pied par terre avant que l’autre suive. Pour franchir la distance qui me sépare d’Anse Bleue ».

Bye Bye Elvis, Caroline De Mulder

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Actes Sud, La rentrée littéraire

Bye Bye Elvis, août 2014, 288 pages, 20 € . Ecrivain(s): Caroline De Mulder Edition: Actes Sud

« L’amour cette fois encore lui échappe. Toujours Ginger file, lui à peine endormi, elle file comme la jeunesse et la beauté d’Elvis filent chaque jour un peu plus, elle est un reflet de son passé disparu ».

« Chez lui c’était parfois comme si entre la jeunesse et la grande vieillesse, il n’y avait rien eu, comme s’il y avait de moins en moins. John White était une chandelle brûlée par les deux bouts, et vierge au milieu ».

Ce livre pourrait s’appeler Reflets dans l’œil de l’écrivain. Reflets de l’idole mondiale du glamour et du rock and roll dont la légende se fissure, reflets d’un autre américain à Paris qui n’en finit pas de tomber sous le regard d’Yvonne entrée par hasard à son service. Les hommes chutent sous les yeux de Caroline De Mulder, Elvis et John que le destin aimante vers le plan final, comme un dernier carton qui sert de point final à leur histoire, à leur film, où une main maladroite griffonne The End. Les héros du livre chancellent, se relèvent, ne sont dupes de rien, et surtout pas de ce qu’il leur arrive, l’un accepte tout, les concerts et les films les plus farfelus sous l’œil de vautour du Colonel, l’hystérie générale qui lui colle à la peau, l’autre s’invente les richesses qu’il n’a plus, joue son va tout, alors qu’il sait que son corps n’en peut mais, mais il y a Yvonne, cet ange gardien, qui ressemble tant à sa mère fauchée en pleine fleur.