« L’amour cette fois encore lui échappe. Toujours Ginger file, lui à peine endormi, elle file comme la jeunesse et la beauté d’Elvis filent chaque jour un peu plus, elle est un reflet de son passé disparu ».
« Chez lui c’était parfois comme si entre la jeunesse et la grande vieillesse, il n’y avait rien eu, comme s’il y avait de moins en moins. John White était une chandelle brûlée par les deux bouts, et vierge au milieu ».
Ce livre pourrait s’appeler Reflets dans l’œil de l’écrivain. Reflets de l’idole mondiale du glamour et du rock and roll dont la légende se fissure, reflets d’un autre américain à Paris qui n’en finit pas de tomber sous le regard d’Yvonne entrée par hasard à son service. Les hommes chutent sous les yeux de Caroline De Mulder, Elvis et John que le destin aimante vers le plan final, comme un dernier carton qui sert de point final à leur histoire, à leur film, où une main maladroite griffonne The End. Les héros du livre chancellent, se relèvent, ne sont dupes de rien, et surtout pas de ce qu’il leur arrive, l’un accepte tout, les concerts et les films les plus farfelus sous l’œil de vautour du Colonel, l’hystérie générale qui lui colle à la peau, l’autre s’invente les richesses qu’il n’a plus, joue son va tout, alors qu’il sait que son corps n’en peut mais, mais il y a Yvonne, cet ange gardien, qui ressemble tant à sa mère fauchée en pleine fleur.