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La Trinité bantoue, Max Lobe (2ème article)

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 26 Août 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Afrique, Roman, Zoe

La Trinité bantoue, août 2014, 208 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Max Lobe Edition: Zoe

 

Mwána, jeune étudiant de culture bantoue, vit en Helvétie dans un appartement qu’il partage avec Ruedi, son jeune amant roux, et l’amant de celui-ci, Dominique, qu’ils voient tous les deux alternativement. Il vient de perdre son emploi et il angoisse à l’idée de ne pas en retrouver.

Dans une narration très oralisée ponctuée de termes empruntés à l’italien, pays frontalier, comme « cioé » par exemple et de formules héritées de sa culture, Max Lobe nous offre un récit savoureux et parfois drôle au milieu des moments « cailloux » que traverse Mwána. Difficultés qui n’entament pas son optimisme et sa détermination puisque « Nzambé n’a fait qu’ébaucher l’homme. C’est ici-là sur terre que chacun se crée lui-même ». Il convient seulement de se battre pour s’en sortir et ne jamais baisser les bras. Et comme Ruedi ne veut pas demander « le gombo » de ses parents, mais ne cherche pas vraiment à travailler (il passe son temps devant son ordi quand il n’est pas à la fac ou dans les bras de son amant), Mwána se sent responsable pour deux.

La beauté du métis, réflexion d’un francophobe, Guy Hocquenghem

Ecrit par Guy Donikian , le Mardi, 25 Août 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Serge Safran éditeur

La beauté du métis, réflexion d’un francophobe, avril 2015, préface de René Scherer, 248 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Guy Hocquenghem Edition: Serge Safran éditeur

 

C’est en 1979 que La beauté du métis est publié pour la première fois, et c’est en avril 2015 que le texte est à nouveau publié par Serge Safran éditeur. C’est l’heur de (re)lire un texte qui présente de multiples intérêts à différents titres. Mais en 2015, c’est surtout l’occasion de pouvoir comparer les audaces littéraires de la fin des années 70 à la frilosité ambiante. La liberté d’expression est ici à l’œuvre, servie par une maîtrise littéraire au service d’une dialectique sarcastique qu’on aurait du mal à repérer dans la profusion éditée de nos jours. Une liberté d’expression qui sous-tend un amour de la France et de sa culture, mais qui ne rend pas aveugle pour autant, aimer la France et sa culture suppose alors quelques conditions : Guy Hocquenghem écrit donc la « france » sans majuscule, parce qu’il place ce pays et sa culture au-dessus de tout. Et c’est la raison pour laquelle il n’eut de cesse de vilipender, de moquer, de railler ou de mépriser ce qui, dans cette actualité des années 70, renvoyait à une certaine médiocrité.

U4 ; Yannis, Jules, Koridwen, Stéphane, Florence Hinckel, Carole Trébor, Yves Grevet

Ecrit par Laetitia Steinbach , le Mardi, 25 Août 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, La rentrée littéraire, Jeunesse

U4 ; Yannis, Jules, Koridwen, Stéphane, Nathan et Syros, août 2015, 380 pages, 16,80 € chaque volume . Ecrivain(s): Florence Hinckel, Carole Trébor, Yves Grevet, Vincent Villeminot

Voilà une belle étrangeté qui se démarque des autres parutions de la rentrée par une curieuse numération : 1/2/4. Suite mathématique ? Éléments alchimiques ou ésotériques ? Ou projet un peu fou d’écrivains et d’éditeurs entreprenants ? U4, c’est un titre, deux éditeurs, quatre auteurs ; quatre volumes, deux héros masculins, deux héros féminins, une histoire mais quatre points de vue.

U4, pour « filovirus Utrecht 4 », est une tétralogie qui unit quatre jeunes gens, Koridwen, Stéphane, Yannis et Jules, dans le récit croisé d’un univers post-apocalyptique décimé à 90% par de terribles fièvres hémorragiques. Seuls les adolescents de 15 à 18 ans ayant été vaccinés contre la méningite B, et quelques adultes curieusement épargnés, parviennent à en réchapper. Parmi eux, nos héros, tous experts en survie, en close-combat et en armes de guerre virtuels : fanatiques du jeu vidéo « Warriors of Time », ils se rendent, sans se connaitre, à un rendez-vous fixé le 24 décembre à Paris par Khronos, le maître du jeu et du temps. Dans son ultime message, avant l’extinction des ressources énergétiques et informatiques, il leur affirme connaître un moyen de revenir dans le passé et ainsi empêcher la propagation du virus.

L’homme-sirène, Carl-Johan Vallgren

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 24 Août 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman, Jean-Claude Lattès

L’homme-sirène, février 2015, traduit du suédois par Martine Desbureaux, 310 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Carl-Johan Vallgren Edition: Jean-Claude Lattès

 

Terriblement noir, mais captivant, ce roman pourrait tout aussi bien être classé dans les romans pour ados, car il s’agit d’une histoire qui les concerne directement. L’histoire d’une collégienne, Petronella, dit Nella et son petit frère collégien lui aussi, Robert : deux enfants qui ont tout pour en baver. Un père en prison, mais c’est pire quand il en sort, une mère alcoolique qui ne s’occupe pas du tout d’eux, pas d’argent et quasi pas d’amis. Le petit frère, surnommé Robbie, lui est carrément devenu le souffre-douleur d’une bande de tortionnaires un peu plus âgés. Il cumule les tares et ces brimades quotidiennes n’arrangent rien. Sa sœur fait tout ce qu’elle peut pour le défendre, le soutenir et s’en occuper à la place des parents défectueux. Pire que défectueux, des parents qui en rajoutent dans les problèmes au lieu de les régler. Les tortionnaires en question, surtout leur chef, Gérard, ne se contentent pas de harceler Robbie, leurs petits jeux qui n’ont rien de drôle, deviennent de plus en plus cruels, cela vire à la persécution pure et dure et Nella devient victime à son tour d’humiliations et de chantage, quand d’autres exactions de la bande prennent un tournant bien plus compliqué.

Aucune raison d’aller ailleurs, Héloïse Simon

Ecrit par Arnaud Genon , le Lundi, 24 Août 2015. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles, Paul & Mike

Aucune raison d’aller ailleurs, juin 2015, 230 pages, 14 € . Ecrivain(s): Héloïse Simon Edition: Paul & Mike

On est toujours ailleurs, même quand on est ici, toujours ici, même quand on est ailleurs. Il y a, dans les douze nouvelles que contient le présent recueil, une dialectique à l’œuvre du loin et du près, de là où on est et de là où on va, un appel constant à la fuite ou au retour, des choses qui nous éloignent et d’autres qui nous retiennent. On trouve ceux qui attendent, ceux qui viennent de loin ou encore ceux « qui arrivent à bon port ». On traverse les continents, les états, les états d’âme, on assiste à des rencontres, des séparations, des retrouvailles…

« Y’a aucune raison d’aller ailleurs. Y’a jamais aucune raison d’aller ailleurs ». Cette phrase, qui donne au livre son titre, est extraite de la première nouvelle, Sélénite. C’est Ed Bullard qui la prononce, cet agriculteur du Midwest que le narrateur est venu rencontrer en vue d’un reportage pour un magazine français. Ed n’a jamais rien connu d’autre que du plat, que les carrés et rectangles d’orge, de maïs et d’avoine qui l’entourent depuis sa naissance. Et pourtant, rien d’autre – à part la Lune « avec ses volcans, ses mers ses montagnes » – ne lui fait envie. Ed, inculte, ayant quitté à 12 ans l’école se fait savant et poète dès qu’il évoque notre satellite. Mais un savant du 19e siècle, puisqu’il a tout appris d’un livre datant de 1880, alors que personne n’avait encore mis un pied sur la Lune. Lui, d’ailleurs, ne le sait pas qu’un homme y a marché… Alors même qu’il habite la petite ville d’Armstrong.