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"Souffles" 3. Le roi des ciseaux ...

, le Samedi, 04 Juin 2011. , dans La Une CED, Les Chroniques, Ecriture, Nouvelles, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières

... coiffure, circoncision, parfum, politique et poste restante

 

Le coiffeur a abandonné le village ! S'asseoir sur ce siège-là rembourré avec ses deux accoudoirs de bois fut, pour moi, un moment sans pair. Assis, pour la première fois, sur ce trône royal qui pivotait sur un ressort, j'avais un sentiment de crainte. La musique des ciseaux, qui chuchotaient à mes oreilles, me donnait ravissement et bonheur. Tak-tak-tak, quelle belle mélodie ! Et ce parfum ! Un parfum qui n'avait pas de nom. Le coiffeur de notre village était un homme amusant avec de longues moustaches bien tenues, huilées et peignées vers le haut. Toujours tournées vers le ciel ! Une serviette claire sur son épaule et un sourire permanent sur les lèvres. Dans son petit local, un espace d'à peine trois mètres de large sur quatre mètres de profondeur, il avait installé deux longs bancs sur lesquels une douzaine de gens étaient en permanence amassés. Serrés ! Ils étaient composés de vieux et de moins vieux. Le coiffeur parlait. Il parlait sans arrêt ! Il ne faisait que parler et faire danser ses ciseaux autour de ma tête. Les hommes l'écoutaient. Eux aussi parlaient, commentaient et se taisaient. Ici on se parlait. Assis sur le trône royal entouré de tout ce monde qui discourait, je n'arrivais pas à comprendre tout ce qui se racontait. Je regardais les centaines de photos collées anarchiquement sur le mur peint en bleu.

L'Arbre aux secrets -6

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 26 Mai 2011. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis, Chroniques Ecritures Dossiers

Chapitre 7

L’Arbre aux secrets, Chapitre VII

 


– … Ils sont en bas… Chut !

– Chut !

– Pas de bruit !

– Pas de bruit !

– Chut…

Le sorcier, la sorcière de la forêt !

– Chut !

– Pas de bruit !

Ils sont en bas !

Entretien avec Pierre-Guillaume de Roux

Ecrit par Jean-Luc Maxence , le Dimanche, 15 Mai 2011. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens, Chroniques Ecritures Dossiers

Certes, vous êtes depuis des années un professionnel de l’édition. Mais ne faut-il pas être fou pour créer votre propre maison d’édition dans une telle période d’interrogation civilisationnelle grave et économiquement problématique ?

Je pense que c’est paradoxalement dans ces périodes de grandes difficultés qui marquent le « grand tournant civilisationnel » dont vous parlez, qu’une aventure comme celle-là a des chances de réussir. Alors que  les grandes maisons d’édition sont de plus en plus conditionnées par des obligations de résultat immédiat, pressurées par des contrôleurs de gestion qui exigent d’elles une rentabilité à court terme, les petites structures aux frais fixes réduits disposent, au contraire, de toute la légèreté requise pour agir pleinement. Parce qu’elles conservent une taille humaine, parce qu’elles cultivent un état d’esprit proche de l’auteur, elles sont réellement en mesure de mener à bien ce qui constitue le cœur de métier de l’éditeur : ce travail de découverte, de révélation et d’accompagnement qui échappe de plus en plus aux grandes maisons. C’est notre chance et c’est dans cette perspective que je voudrais m’inscrire, sachant que la mission de l’éditeur consiste d’abord – comme on a trop tendance à l’oublier aujourd’hui – à prendre le risque de la découverte et de la persévérance.

Carnets d'un fou - IX

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 11 Mai 2011. , dans La Une CED, Ecriture, Ecrits suivis, Chroniques Ecritures Dossiers

CARNETS D’UN FOU

par Michel HOST

IX.

Le 7 mai 2011

Rétrospectivité / Prospectivité / Objectivité / Subjectivité / Invectivité / Perspectivité / Salubrité

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« Toute idée de norme est devenue plus ou moins honteuse. La langue n’a pas à être normative, d’ailleurs on sait depuis Barthes qu’elle est fasciste, et la « culture bourgeoise » n’est qu’une manière de se distinguer, elle n’a aucun droit à s’imposer. Dès lors, plus de pédagogie, plus d’apprentissage. L’idée même que l’on puisse « s’élever » intellectuellement a quelque chose de suspect. Un professeur n’a plus à apporter à un élève du savoir ou du savoir-faire, mais à faire en sorte qu’il s’exprime. »

Pierre Jourde, Le langage cool, Atelier du roman, n°63, sept.2010

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"Souffles" 2. Ecrire avec les deux mains

, le Dimanche, 08 Mai 2011. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, Maghreb


Ecrire de gauche à droite ou de droite à gauche, cela est un jeu extraordinaire. Mais écrire de droite à gauche et de gauche à droite cela est un plaisir. Ecrire avec les deux mains ! Ecrire avec deux langues, plutôt dans deux langues, c’est voler, en toute liberté et en toute énergie et détermination, avec deux grandes ailes dans un vaste ciel qui ne ressemble qu’à lui-même. La première est étendue sur l’orient et l’autre sur l’occident. Ecrire avec deux mains et un cœur comblé de rêves et d’illumination est un jeu d’ombres et de lumières. Ecrire avec deux mains, c’est agiter deux imaginaires, deux mers de folies. Voyages ouverts à toutes les géographies et les musiques. Le génie le plus génial que l’homme a créé, dans toute l’histoire humaine, fut le jeu. Et la littérature est un jeu fabuleux. Lorsqu’une nouvelle langue est née sur le bout de notre plume, les choses prennent la forme d’une danse.
Toutes les choses ! Dès qu’une nouvelle langue pointe sur le bout de notre langue les mots deviennent un chant de liberté, ou un champ de blé. Et la liberté gagne de la géographie, gagne de la lumière.