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La Une CED

Hommage à Baudelaire IX - En toi, par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Jeudi, 16 Mars 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

En Toi

dans tes flancs ébahis, cachot dévergondé,

s’enlise mon forçat, des tonneaux débondés

sourd la férocité, trempée sous les aisselles

par les rues, Dieu soit loué, glissent mes hirondelles

déchausser nos désirs, envers et contre moi

si l’on pouvait gésir, une ou deux fois par mois

ta pluie saurait suffire à souffler mes effrois

si l’on pouvait gémir à dévoyer nos voix

sur mes flots élargis, nappes d’huile essentielle,

miroitent par tombeaux des petits bouts de ciel

A propos de Infiniment à venir, Henri Meschonnic, par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 15 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières, Poésie

Infiniment à venir, Henri Meschonnic, Arfuyen, février 2017, 88 pages, 11 €

 

Poésie de la grâce

Je connais Henri Meschonnic d’abord pour sa poésie. Ainsi, avec ce recueil posthume que publient les éditions Arfuyen, je découvre une partie de l’appareil critique de l’auteur et sa parole de penseur de la poésie. Et même dans l’intellection de sa poétique, on retrouve une voix frappante et personnelle. Car, on peut voir dans la poésie elle-même, le centre de sa pensée critique, notamment son travail très singulier de traducteur

vides de moi

vides de toi

un champ où se cultive

l’oubli

Carnets d’un fou, XLVIII, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Lundi, 13 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

 

« Je n’aime pas les gens // Qui prétendent réglementer ma vie / Mon temps mes goûts mes écarts de langage / Qui non contents de rigoler aux premiers bafouillements / Venus d’un homme du monde avec politesse / Trouveraient mauvaise la moindre / de mes pensées »

L. Aragon, La Grande Gaîté

 

Vœux & Offrandes

Pour l’an 2017

A propos de La Panthère et autres contes, Sergio Pitol, par Yasmina Mahdi

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 10 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

La Panthère et autres contes, Sergio Pitol, La Baconnière, février 2017, 220 pages, 20 € (25 CHF)

Le règne de la cruauté

 

Il pleut et comme un chacal tragique,

la nuit se cache dans les montagnes.

Que va-t-il surgir, dans l’ombre,

de la Terre ?

Dormirez-vous, tandis que dehors

tombe et souffre, cette eau inerte,

cette eau létale,

sœur de la Mort ?

Gabriela Mistral, D’amour et de désolation, Orphée/La Différence

L’angoisse du mouton d’Ibrahim, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 09 Mars 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

La mort d’un ami vous transforme en flaques neurasthéniques pendant des jours et des semaines. Tu sais, c’est presque pareil à chaque fois que je perds quelqu’un : je n’arrive pas à pardonner la mort à la mort. A côté de la vie, elle a cet air d’une honteuse insulte. Une petite traîtrise de marche manquante sur l’escalier de l’ascension. Elle n’a rien de la clôture d’un destin et tout d’un acte de pickpocket sournois. Ce que je déteste d’abord dans la mort, c’est qu’elle laisse cette chose derrière elle pour nous insulter tous : le cadavre. Qui n’est ni le corps de celui qu’on a perdu, ni la vie, ni la preuve de son trépas, ni son meilleur souvenir, ni la preuve de sa finitude. Tout juste un pourrissement. Et là, à chaque fois, je me dis que c’est vraiment une insulte : il n’y a rien de commun entre le feu instable et superbement inexplicable de la conscience de chacun et ce tas mou du cadavre, occasion des processions inutiles. Je me dis qu’il y a arnaque et que les hommes sont chacun si miraculeux qu’ils ne doivent pas mourir comme ça, en vrac, mollement, dans l’immobilité et la décomposition des liquides en débandade. Je me dis aussi que la mort devrait être plus noble dans son esthétique, qu’elle doit choisir ses poisons et ses épilogues.