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La Une CED

A propos de Meurtres en haut lieu, Hubert Letiers, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 13 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Meurtres en haut lieu, Hubert Letiers, Editions Inspire (catégorie Policier Thriller), juin 2017 278 pages, 19 €

« Haletant, brûlant, pertinent, captivant, mené tambour battant, magistral, très efficace, envoûtant, sombre, addictif, un techno thriller dont vous ne sortirez pas indemne, une intrigue bien ficelée, un suspens assuré, etc. », Meurtres en haut lieu d’Hubert Letiers mériterait sans doute l’un ou l’autre de ces qualificatifs ambulatoires qui ont fini par perdre leur sens tant on les colle à tous les refrains de la critique littéraire et cinématographique, que le bouquin – dans ce cas – soit bon ou non.

L’histoire d’abord :

Sur fond très actuel d’une France appauvrie et muselée qui se barre en couille : « Lâché par ses bailleurs de fonds, le pays était en effet exsangue depuis plusieurs mois, et l’État Providence se gangrenait de plus en plus dans un désordre social qui le débordait complètement. Anesthésiée et perdue, la France explosait en communautés déracinées. Et cela, en même temps qu’elle entrait dans la réalité planétaire comme un astéroïde pénètre dans l’atmosphère. Entre solitudes morales, matérielle et intellectuelle, plus aucun ancrage ne semblait possible » –

A mon père (2) - Jour de pierre, par Emmanuel Levine

, le Mardi, 12 Septembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

 

Au petit matin, nous sommes avec toi.

Le rabbin appelle : Raphaël, Raphaël –

le nom d’un dieu qui guérit.

 

Découpant ton linceul,

il donnait à mon frère, à ma mère, à mes sœurs,

un brin de ton habit de ciel.

 

Au cœur de vies en train de déchanter,

nous avons affronté les rues grises.

Les 24 heures d’un Arabe sans pieds, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 07 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Chroniques régulières

 

Les 24 heures d’un Arabe sans pieds : la nuit, regarder Al-Jazeera. Toute la nuit. Puis dormir avec une pensée allumée en chandelle pour les morts de Gaza. Le matin, se réveiller avec l’envie de se réveiller au 9ème siècle. A l’époque où un Arabe était un vrai Américain, mais chez lui, au centre du monde et avec le reste du monde, qui parlait sa langue et était accroché à ses lèvres. Prendre son café par la taille et se confectionner un coucher de soleil matinal alors qu’il n’est que 7 heures du matin. Puis aller au travail : lentement, avec la certitude valable depuis deux siècles, qu’on a raté l’essentiel. A savoir, inventer l’imprimerie après que le Ciel nous ait donné un Livre. Puis arriver au travail et rencontrer les autres. Les regarder. Les traverser de part en part en ne rencontrant personne au final entre les deux oreilles de chaque visage. Soupirer doucement et repenser à Gaza. « Que faire ? » dit tout le monde à tout le monde. La réponse ne vient pas et, en réaction, un arbre fait tomber ses feuilles pour les faire feuilleter par ses racines, un jeune homme épouse sa chaloupe, une lampe à filament grille sa vie et un islamiste donne carte blanche à sa barbe pour qu’elle lui explique le cosmos. C’est alors que tout le monde se met à parler. De qui et de quoi ? D’Al-Jazeera qui parle des Palestiniens qui n’ont même pas le temps de parler entre eux.

À Jérôme Ferrari (2), par Marie-Pierre Fiorentino

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Mercredi, 06 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

Un très vieux cow-boy du cru m’a demandé si Nabokov

avait écrit Lolita « d’après sa propre expérience ».

Je lui ai répondu qu’un écrivain écrit toujours

d’après sa propre expérience,

mais qu’il s’agit le plus souvent

de l’expérience de l’esprit.

 

Jim Harrison, En marge.


J’ai aimé retrouver, dès le début de Balco Atlantico, Théodore Moracchini dont j’avais fait connaissance dans Un sol natal, l’une des nouvelles de votre premier livre publié, Variétés de la mort ; je précise « publié » car qui sait tout ce qu’un auteur écrit avant d’être publié ?

à propos de L’Immobilité battante, entretiens avec Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 05 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

L’Immobilité battante, entretiens avec Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat, L’Atelier contemporain, juin 2017, photographies Michel Dieuzaide, 120 pages, 20 €

 

Une peinture ouverte

 

Ce qui est le plus apparent, à la lecture des entretiens qu’a donnés Pierre Tal Coat à Jean-Pascal Léger, c’est le caractère spécifique de la peinture qui reste rétive à la réification par le langage. On est convaincu qu’être peintre c’est d’abord se débattre avec la porosité des sujets, peiner à circonscrire l’espace final du tableau, saisir le temps. Par exemple, le colza – à quoi Tal Coat fait beaucoup allusion – peut se peindre, mais par quel bout : en tant que champ, que fleur, que couleur ou qu’essence de graine d’oléagineux ? ce qui reste au regardeur, c’est l’importance de la tension de la lumière qui s’accroche, qui bifurque sur le colza. Le reste n’est que dissertation – sachant que la peinture existe justement pour disserter…