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La Une CED

Au manège, par Alix Lerman Enriquez

Ecrit par Alix Lerman Enriquez , le Lundi, 04 Septembre 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Au manège du jardin de Luxembourg,

j’enfourche un cheval de bois à bascule :

cheval de bois bleu aussi lisse que la mer,

aussi bleu que le ciel ce jour-là.

 

Ce jour-là, j’ai cinq ans et encore

plein d’étoiles dans les yeux.

J’ai cinq ans et encore

des espoirs plein la tête.

Rencontre avec Eric Poindron, par Philippe Chauché

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 01 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Dossiers, Entretiens

 

Août 2017. Rencontre avec Éric Poindron, éditeur, écrivain, poète, critique, amateur de fantômes, de cabinets de curiosité, d’étranges collections, aventurier facétieux, fin connaisseur de champagne, de whisky et de vodka sur lesquels il a beaucoup écrit, il pourrait sans difficulté faire partie de l’Oulipo, il en fait peut-être partie d’ailleurs.

Lettre ouverte aux fantômes, les miens, les vôtres & peut-être les leur(re)s est un livre minuscule placé sous la protection de Gérard de Nerval, où l’auteur se délecte de quelques réflexions joyeuses et joueuses sur les fantômes – lorsque les fantômes sont astucieux… ils se cachent en pleine lumière. Cette lettre, est un livre qui s’envole au moindre souffle de vent – une porte qui claque ou une fenêtre qui s’ouvre dans une maison hantée – et qui rend hommage à ces être invisibles, distingués et discrets. Une façon amusante et romanesque d’écrire sous leur regard – les fantômes écoutent les mots et les comprennent déjà tout entier – terrorisé à l’idée qu’ils n’existent pas, on le saurait à moins, lorsque l’on invente à chaque page un monde enchanté (Editions le Réalgar, 2017, 4,50 €).

Charles Baudelaire 31 août 1867 - 31 août 2017 (La Cause Littéraire. Hans Limon)

Ecrit par Hans Limon, La Rédaction , le Jeudi, 31 Août 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

Aujourd’hui, 31 août 2017, nous célébrons les 150 ans de la mort de Baudelaire, phare éternel de la poésie française. Hommage à Paris et à son poète de toujours.


Paris

il me semble à présent que la belle Paris

gît sous un édredon, privée

de son mari

le métropolitain glissait vers les abîmes

les pensers souterrains ruminaient leurs victimes

les pas perdus tonnant sur les lugubres dalles

répandaient par à-coups leurs douleurs capitales

A mon père (1) - Peut-être te disais-tu, par Emmanuel Levine

, le Mercredi, 30 Août 2017. , dans La Une CED, Ecriture, Création poétique

 

L’écriture économe et le rythme lent donnent au poème le ton d’une berceuse funèbre, adressée au lecteur et au défunt. De vieux mots juifs dérangent et complètent une langue ordinaire, pour raconter l’expérience d’un endeuillé, excaver ses souvenirs et ses mots. Toute une archéologie commence, qui cherche à les restaurer, pour abandonner nos passions tristes.


E.L.


PEUT-ÊTRE TE DISAIS-TU

 

Les clous du soir

tombaient sur tes jours.

Portrait d’artiste - « À pied d’œuvre" – Sur les traces d’Iris Terdjiman, Par Hans Limon

Ecrit par Hans Limon , le Lundi, 28 Août 2017. , dans La Une CED, Ecriture

 

Jeune femme électrique au milieu des carcasses de bagnoles, des cliquetis métalliques, meuleuses, clés, tournevis, marteaux, droite et dense entre deux riffs sursaturés qu’une enceinte vomit dans un coin, clope au bec, sur une toile d’infortune, drap de soi collé contre un mur en miettes, elle peint. Le reste est accessoire. Le pinceau métronomiquement nonchalant fait jaillir forces et formes avec la précision hachée d’un automate sensuel, mêlée d’une tendre brusquerie toute virginale dans ses timides égarements. Heidi peinturlure sa chambre au tomahawk, dérange les esprits depuis trop longtemps captifs des lieux, déménage à mesure qu’elle fixe, disparaît peu à peu devant sa Pangée blême et rend visible ou presque ce flot d’images obsédantes, furieuses et kaléidoscopiques sillonnant sans relâche ses pensées les plus sombres, les moins tristes, plats épouvantails pour champs de ruines, tapisserie fine d’un mausolée-garage à ciel ouvert, où les odeurs d’huile, d’essence et de bière côtoient les flaques de pluie largement répandues. De l’âme aux poils imbibés de mélasse à carrosseries, un seul flux, un seul circuit, ouvert, fermé, ouvert, parade alternative distribuant les touches par syncopes savantes, égrenant les terminaisons nerveuses par gerbes de suie pesamment gracieuses.