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La rentrée littéraire

À malin, malin et demi, Richard Russo

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 22 Août 2017. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Quai Voltaire (La Table Ronde)

. Ecrivain(s): Richard Russo Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

La plupart des romans de Richard Russo se situent dans le nord de l’Etat de New-York, près des contreforts des monts Adirondack, dans des villes imaginaires, comme celle de Mohawk dans Quatre saisons à Mohawk, son premier roman publié en 1986, Empire Falls, dans Le Déclin de l’empire Whiting (Empire Falls, 2001), ou North Bath dans deux livres : Un homme presque parfait (Nobody’s fool, 1994) et le tout récent À malin, malin et demi (Everybody’s fool, 2016).

Toutes ces petites villes de l’Amérique provinciale, après avoir connu quelques heures de gloire, souffrent de calamités diverses d’origine économique, parfois écologique, souvent les deux, et abritent une population qui végète, hante les bars pour fuir l’ennui, se résigne à vivre sans réel espoir d’améliorer leur quotidien.

Des hommes et des femmes de la « middle class » qui, à force d’être confrontés à une absence d’horizon, au délabrement de leurs cités, sombrent dans la mélancolie et le doute, vivent par procuration tant sur le plan sentimental que professionnel.

Le Mal des Ardents, Frédéric Aribit

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 18 Août 2017. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Belfond

Le Mal des Ardents, Août 2017, 247 pages, 18 € . Ecrivain(s): Frédéric Aribit Edition: Belfond

 

 

Une histoire déferlante, comme Lou. Frédéric Aribit nous propose un portrait de femme peu commune, une arche de vie, un monument de désirs, une montagne d’insolence et d’audace. Lou, rencontrée par le narrateur comme on rencontre la foudre et son célèbre « coup ». Et Lou, femme libre s’il en fut, exaltée, provocatrice, belle, dépositaire sûrement de toutes les colères de femmes accumulées depuis des millénaires. A l’image de son violoncelle, qu’elle transforme en voix de la colère à travers les textes de Bach ou de Brahms, jusqu’à parfois en faire claquer les cordes.

La musique accompagne ce roman, comme une basse continue, adoptant ses folies et ses sagesses, ses explosions et ses répits.

L’empereur à pied, Charif Majdalani

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 18 Août 2017. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Seuil

L’empereur à pied, août 2017, 393 pages, 20 € . Ecrivain(s): Charif Majdalani Edition: Seuil


En vérité, l’Histoire – grande ou petite, ancienne ou contemporaine –, ce sont des mots ! Imaginons que l’homme soit dépourvu de toute capacité locutoire et donc de celle de mettre en relation ce qu’il voit, ce qu’il fait, ce qui est – de les « organiser » mentalement ; y aurait-il… Histoire ? On en vient à méditer ainsi à mesure qu’on avance dans le puissant roman que publie en cette rentrée Charif Majdalani. Rassurons : L’empereur à pied est un pur roman, un récit d’aventures même ; des aventures volontiers rocambolesques étalées sur un siècle et demi et étendues sur trois continents. Une épopée familiale, celle des Jbeili. L’ancêtre fondateur, Khanjar, apparaît un jour tel un spectre quelque part dans les montagnes du Liban. Il est accompagné de ses trois fils. Apparition de l’humanité. Apparition double. Khanjar Jbeili et ses fils surgissent de nulle part en même temps que… la parole qui dit ce surgissement. Cette parole qui énonce est elle-même de nulle part ; elle se met d’emblée en scène.

« Mais que viendraient-ils faire et qui sont-ils ? A cette question, même moi (moi qui observe à travers le regard rusé des hommes en séroual debout sur leurs toits, moi qui suis les arbres, et le bas-relief antique représentant un sanglier attaquant Adonis et à ses côtés une Aphrodite éplorée, moi qui suis aussi les calvaires chrétiens avec leurs images frustes de Vierge et de Christ), à cette question même moi je n’ai pas encore la réponse ».

Le Jour d’avant, Sorj Chalandon

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 17 Août 2017. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Grasset

Le Jour d’avant, août 2017, 336 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

 

Après quatre jours d’arrêt de la mine, à la reprise de l’activité, le 27 décembre 1974, à 6h30 du matin, un bruit sourd retentit au fond d’une galerie de la fosse 3 dite Saint-Amé du siège 19 du groupe Lens-Liévin à Liévin dans le Pas-de-Calais. C’est un quartier de Six sillons qui a été touché, situé à 50 mètres en aval du niveau -70, dans le secteur de la taille 31. Le carreau de la mine se trouve bientôt envahi par les proches en quête d’informations. Le bilan est très lourd : 42 morts. Une enquête sera ouverte. Les syndicats CGT et FO se porteront partie civile. Assez rapidement, des faits de négligence seront révélés. Le coup de grisou sera confirmé par des experts. La bataille juridique durera jusqu’en 1981 (Extrait emprunté au site de l’INA intitulé Mémoire de mines qui relate la catastrophe). Le dernier roman de Sorj Chalandon, Le Jour d’avant, est dédié à la mémoire de ces Quarante-deux mineurs.

L’auteur s’empare de ce fait divers pour construire une fiction.

Ce n’est pas le premier roman où Sorj Chalandon trouve le chemin d’une histoire singulière pour rendre compte d’un évènement historique.

Les attachants, Rachel Corenblit

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 17 Août 2017. , dans La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La Brune (Le Rouergue)

Les attachants, août 2017, 188 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Rachel Corenblit Edition: La Brune (Le Rouergue)

 

 

« Les gens lisent ce genre de récit. Ils sont curieux des histoires qu’ils ne vivent pas et qu’ils parcourent en s’étonnant. Ils disent : les jeunes, de nos jours, ils vivent des choses horribles, des choses qu’ils ne devraient pas connaître. Les gens frissonnent derrière leurs livres… »

 

Que vous dire, madame Corenblit, sinon notre admiration, notre solidarité, affection même, si d’aventure on vous lit en parent, en collègue, en citoyen simplement. Votre livre prend aux tripes ; on en sort tourneboulé, et bien sûr différent. Magnifique écrit politique que votre ouvrage, que vous revendiquez fort justement comme tel : peut-on vivre dans cette société ? Et quelle place pour l’école face à elle ; quelle utilité.