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Histoire

L’espérance d’un baiser, Témoignage de l’un des derniers survivants d’Auschwitz, Raphael Esrail

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 22 Décembre 2017. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Robert Laffont

L’espérance d’un baiser, Témoignage de l’un des derniers survivants d’Auschwitz, septembre 2017, 284 pages, 19 € . Ecrivain(s): Raphael Esrail Edition: Robert Laffont

 

« En situation de survie, l’homme est vrai ».

Raphaël Esrail, ancien déporté, ancien résistant, et Président de l’Union des déportés d’Auschwitz, a passé une partie notable de sa vie à « dire Auschwitz » – sa mission – aux autres, ceux qui n’avaient pas cette expérience unique, qui ne savaient pas, ou mal. Aux jeunes, en particulier, pour apporter cet outil d’un genre à part, sans quoi aucune vie d’honnête homme ne saurait ici, en Occident, prendre forme…

Et la voix, douce et ferme, et la pédagogie, et – oui, parfois – comme un zeste d’humour en guise de distance, ont fait merveille partout où on l’écoutait dire « ce que des hommes avaient fait à d’autres hommes », dans un  silence étrange, que j’ai encore en mémoire, moi qui ai connu Raphaël lors d’un voyage pour les professeurs dans les grands camps de la mort de Pologne.

La France et l’Islam au fil de l’Histoire. Quinze siècles de relations tumultueuses, Gerbert Rambaud

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 15 Novembre 2017. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Les éditions du Rocher

La France et l’Islam au fil de l’Histoire. Quinze siècles de relations tumultueuses, novembre 2017, 324 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Gerbert Rambaud Edition: Les éditions du Rocher

Une vieille plaisanterie africaine énonce que « l’Européen a une montre ; l’Africain a le temps ». On pourrait l’appliquer aux rapports entre un monde occidental, de plus en plus plongé dans le temps immédiat, l’information instantanée (sous ce rapport, les nouvelles technologiques n’ont rien arrangé) et un monde musulman qui a de la mémoire. Les Musulmans qualifient de roumis ou de croisés les Chrétiens, qui souvent n’ont jamais mis les pieds à Rome et n’ont qu’une très vague idée de ce que furent les Croisades. Si la France a plus ou moins oublié – ou refoulé – la guerre d’Algérie, ce conflit demeure présent à l’esprit des djihadistes français qui guerroient en Orient. Pour eux, à l’aune des siècles, la victoire finale de l’Islam ne fait pas de doute et les sacrifices individuels, allant jusqu’à l’autodestruction, ne sont qu’une petite partie de ce plan divin. C’est un des mérites du livre de Gerbert Rambaud, de rappeler à la fois que les relations entre la France et le monde musulman sont fort anciennes et qu’elles ne furent que rarement apaisées. Ce sont des flots de sang qui ont été versés au long du temps. La France n’existait même pas encore en tant que nation, que déjà une invasion musulmane la menaçait. Il s’était écoulé moins d’un siècle entre la mort de Mahomet (632 après Jésus-Christ) et l’arrivée d’armées islamiques dans le Sud-Ouest de ce qui deviendra la France.

Comme une rivière bleue, Michèle Audin

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 29 Août 2017. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Comme une rivière bleue, août 2017, 391 pages, 20 € . Ecrivain(s): Michèle Audin Edition: Gallimard

 

Peu de romans ou d’essais historiques sont consacrés à la Commune de Paris. Est-ce dû à la brièveté de l’événement ? À son caractère d’utopie révolutionnaire inenvisageable ? Probablement un peu de tout cela. Michèle Audin, dans son récit Comme une rivière bleue, évoque cette période, non pas du point de vue global de l’histoire, mais de celui des Communards de base, ceux des quartiers en pleine ébullition, des faubourgs populaires, de ceux qui tiennent des réunions enflammées par la passion de transformer le monde.

Michèle Audin ne manque pas de décrire avec fougue et conviction ce qu’éprouvent à titre privé et dans leur for intérieur les Communards, comment ils s’aiment, se querellent, se retrouvent. Le récit s’articule en descriptions successives des quartiers parisiens juste après la proclamation de la Commune en mars 1871. On arpente ainsi la place de Grève, le onzième arrondissement, le Faubourg Saint-Antoine, le quai Conti. Mais c’est la prise du journal Officiel qui est présentée comme l’une des premières décisions de la Commune, c’est l’occasion d’y présenter les personnages que l’on retrouvera à travers le récit : Emilie Lebeau, Pierre Vésinier, Florris Piraux, Paul Vapereau, Charles Longuet. On y croise bien sûr les grandes figures de la Commune, Jules Vallès qui s’écrie :

Maurice Barrès et le nationalisme français, Zeev Sternhell

Ecrit par Vincent Robin , le Vendredi, 21 Juillet 2017. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard, Israël

Maurice Barrès et le nationalisme français, Arthème Fayard Pluriel, 2016, 432 pages, 12 € . Ecrivain(s): Zeev Sternhell Edition: Fayard

 

Ce volumineux contenu est en réalité une réédition de l’étude menée à bien il y a déjà plusieurs décennies par l’historien Zeev Sternhell pour sa thèse de doctorat. Son travail universitaire avait ainsi été publié une première fois en 1972. C’est alors, grâce à une sorte de dédicace auto-élogieuse dans l’avant-propos de cette reparution que, restituant la parole à son ancien superviseur et conseiller (Jean Touchard) à la Fondation nationale des sciences politiques, l’historien de l’Université hébraïque de Jérusalem relate le gratifiant retour récolté à chaud par lui et son docte ouvrage : « Sternhell, vous m’avez convaincu, je vous soutiendrai ! ». Dans ce contexte et au cœur de cette épaisse réalisation effectivement, le recours au scanner millimétrique, irradiant à la fois le spectre du « nationalisme » de la IIIe République française et celui de Maurice Barrès mis en surimpression, renvoyait indubitablement à quelque pâleur ou à l’imperfection de nombreux traitements jusqu’alors appliqués à ces deux évocations souvent arrimées dans un rapide mécanisme fusionnel. Aussi bien alors, tout comme le démontre habilement Sternhell à travers le résultat de ses recherches, parce que les mots « Barrès » et « nationalisme » ne se seront jamais fondus dans l’équation absolue que suggérait leur approche coutumière, un tel ouvrage éclairant et démystificateur mérite-t-il que l’on redécouvre maintenant (surtout au temps politique actuel) son propos savamment nuancé et instructeur.

Le chardon et le bleuet, Une Écossaise dans la France occupée, Janet Teissier Du Cros

Ecrit par Martine L. Petauton , le Lundi, 03 Juillet 2017. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Le Rouergue

Le chardon et le bleuet, Une Écossaise dans la France occupée, Janet Teissier Du Cros, Le Rouergue, février 2017, trad. anglais (Écosse) Florence Causeur, Claude Chastagner, Jean Vaché, 426 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Janet Teissier Du Cros Edition: Le Rouergue

 

L’histoire dans l’Histoire

Deux préfaces, pas moins, l’une d’un historien, Patrick Cabanel, l’autre, d’une ethnologue, Claudine Vassas, marquent l’entrée dans ce livre dont la traduction en français est très récente, alors que sa gloire, tant en Angleterre qu’aux États-Unis, a suivi immédiatement sa parution en 1962.

Livre unique, de son auteure, comme par son immense qualité intrinsèque, précieux tant à l’Histoire qu’à l’Homme. Auteure rare et fort attachante qu’on emmène avec soi, les dernières pages avalées comme à regret. Livre – il y en a si peu – dans lequel on avance à grands pas curieux et pressés, non de savoir la suite – on la connaît, c’est l’Histoire – mais de voir ce que Janet Teissier Du Cros – on pourrait dire, son aventure – devient dans ce temps de l’Histoire.