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Histoire

Périclès, La démocratie athénienne à l’épreuve de grand homme, Vincent Azoulay

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 12 Mai 2015. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres

Périclès, La démocratie athénienne à l’épreuve de grand homme, Armand Colin, 2010, 280 pages, 18 € . Ecrivain(s): Vincent Azoulay

 

« Une trajectoire biographique complexe dont il est difficile de cerner toutes les sinuosités ». Aux premières pages de sa parcimonieuse étude consacrée à Périclès, Vincent Azoulay aborde sous ce trait prudent la révélation du grand stratège athénien du Ve siècle avant J.-C. Une approche de l’acteur politique puis une savante revue de sa perception historique aideront pourtant ici l’auteur à éclaircir l’ombre qui obscurcit encore, 2500 ans après lui, l’image et l’action de ce très symbolique édificateur du Parthénon surnommé « l’Olympien ». Sans doute est-ce ainsi, parce qu’il souleva autour de lui et à travers le temps quantités de conjectures et projections idéalistes, que ce charismatique arpenteur de l’agora et du quartier du Céramique se retrouva bientôt figé en sculpture de marbre civique. Sur des colonnes virtuelles mais élevant au ciel la longue architrave de nos civilisations occidentales, devinrent alors cariatides soutenant notre idéal, tant l’œuvre doctrinale de la Grèce classique que son plus illustre maître d’art. Thucydide essentiellement, mais aussi Plutarque après, lui auront fait de cet ensemble architectural le socle mythique de notre sociologie continentale.

Les chiens du Seigneur, Histoire d’une chasse aux sorcières, Roger Bevand

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 11 Mai 2015. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Cherche-Midi

Les chiens du Seigneur, Histoire d’une chasse aux sorcières, janvier 2015, 368 pages, 16,80 € . Ecrivain(s): Roger Bevand Edition: Le Cherche-Midi

 

Roger Bevand nous place ici dans la peau de Jehan Gremper, un jeune clerc du diocèse de Constance, qui va accompagner et soutenir le prêtre inquisiteur Henry Institoris, dans la guerre aussi enragée qu’exaltée, que ce dernier a déclarée aux hérétiques maléficiers. Si le récit lui-même du jeune notaire est une fiction, Henry Institoris, « ce dominicain était bien un authentique chasseur de sorcières, qui sévissait à la fin du XVe s. aux confins du Saint Empire romain germanique. Et c’est pour avoir été le principal rédacteur du Marteau des Sorcières qu’il est surtout resté dans l’Histoire ».

Jehan Gremper a lui aussi existé, mais on ne sait pratiquement rien de lui si ce n’est que « son nom et sa fonction sont explicitement mentionnés dans la Bulle apostolique du pape Innocent VIII datée du 5 décembre 1484 », la Summis desiderantes affectibus (Désireux d’ardeur suprême), une [Bulle de sérieuse mise en garde contre la sorcellerie, donnant tous pouvoirs aux inquisiteurs Henry Institoris (de son vrai nom Heinrich Kramer) et Jacob Sprenger, pour l’éradiquer, texte qu’on pourra retrouver en intégralité en fin d’ouvrage.

De Gaulle et Mauriac, Le dialogue oublié, Bertrand Le Gendre

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 11 Avril 2015. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Fayard

De Gaulle et Mauriac, Le dialogue oublié, mars 2015, 180 pages, 18 € . Ecrivain(s): Bertrand Le Gendre Edition: Fayard

 

« Leur héritage nous fait leçon, mais c’est un héritage sans héritiers. De Gaulle et Mauriac sont trop singuliers pour que l’on puisse se réclamer d’eux de nos jours ».

Le dialogue oublié ou les raisons d’une passion française. C’est à cette part de l’histoire politique et littéraire française que nous convie Bertrand Le Gendre. A la gauche il y a François Mauriac (c’est de Gaulle qui parle), prix Nobel de littérature, journaliste admiré, craint et parfois honni, chrétien social, d’une trempe rarement égalée. A ma droite le Général de Gaulle, l’homme de Londres, surréaliste sur ces messages de Radio Londres (Philippe Sollers) « Les renards n’ont pas forcément la rage, je répète… ». « J’aime les femmes en bleu, je répète… ». « Nous nous roulerons sur le gazon ! », l’homme de l’unification de la Résistance, de la V° République et de la fin de la guerre d’Algérie. Leur dialogue court sur trente ans, de l’Occupation aux lendemains de mai 68. Leur histoire, comme celle finalement de Malraux et du Général (l’occasion de lire ou de relire le lumineux André Malraux Charles de Gaulle, une histoire, deux légendes d’Alexandre Duval-Stalla, L’Infini Gallimard), est cette part commune de l’Histoire française, cette passion commune. Tous les deux s’emploient à choyer leur langue et leur territoire, au risque parfois d’être incompris.

Héloïse, ouille !, Jean Teulé

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 01 Avril 2015. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Julliard

Héloïse, ouille !, Julliard, mars 2015, 352 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jean Teulé Edition: Julliard

 

Qui d’autre que Jean Teulé aurait osé lever le voile et la soutane sur les amours charnels des deux figures mythiques du XIIe siècle, Héloïse et Abélard ? Et qui d’autre que lui aurait su le faire de manière aussi crue et dévergoigneuse ? Confiée par son oncle le chanoine Fulbert aux bons soins pédagogiques du plus grand, du plus célèbre et adulé philosophe de son temps, de vingt ans son aîné, maître Abélard, la très jeune, très belle, très intelligente et très dégourdie Héloïse va bénéficier jour après jour d’un enseignement particulier, voire très particulier. Là, où les historiens notent pudiquement un an et demi à deux ans de relations amoureuses, la plume débridée de l’écrivain plonge dans les délices des turpitudes et folies érotiques de deux êtres dévorés par la passion. Il se livre à l’exercice avec un plaisir jubilatoire, un humour féroce et une liberté de style qui mêle avec gourmandise et provocation le plus poétique et le plus trivial. Une langue aux accents moyenâgeux, ponctuée de phrases, apartés populaires très contemporains.

Un livre de cul ? Oui, pour les deux tiers, mais quel cul !

Le Juif errant est arrivé, Albert Londres (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 26 Mars 2015. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Arléa

Le Juif errant est arrivé. 224 p. 9€ . Ecrivain(s): Albert Londres Edition: Arléa

 

L’entreprise d’Albert Londres n’a pas d’équivalent connu. En 1929, en pleine « prospérité » de l’antisémitisme partout en Europe, il entreprend – en tant que journaliste – une vaste enquête-reportage sur les communautés juives d’Europe centrale et de Palestine. Ces choix sont parfaitement ciblés : Londres veut mesurer le chemin qui mène des ghettos misérables de Pologne par exemple à la genèse de la réalisation de l’idéal sioniste. « Ses » Juifs sont juifs. Pas « Israélites », terme qui désignait alors – pour les détacher du vilain Juif tout noir – les Juifs occidentaux, de France, d’Angleterre ou d’Italie entre autres, intégrés, prospères et propres sur eux.

Dans sa quête, Albert Londres va plonger au fond du gouffre sombre qu’est alors la vie juive des Shtetls (villages juifs) et des Ghettos de Varsovie ou de Prague. Son témoignage est hallucinant. A la représentation antisémite du Juif riche, puissant et influent, Londres va opposer, visite après visite, presque maison après maison, la réalité terrible d’une misère juive proche de la condition animale. Londres a tout pourtant pour dormir sur ses lauriers – son livre, Au Bagne, vient d’être joué sur la scène, tous ses livres sont des best-sellers – mais non, il va « s’embarquer » dans une aventure-reportage longue et difficile. Albert Londres ne connaît rien au sujet. Pour lui, c’est une raison de plus. Pour nous, un étonnement de plus.