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Histoire

Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, Cédric Meletta (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 09 Avril 2019. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Robert Laffont

Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, février 2019, 221 pages, 20 € . Ecrivain(s): Cédric Meletta Edition: Robert Laffont

On le sait, le chiffre sept est considéré dans beaucoup de religions comme un nombre sacré. Il marque les esprits en bien comme en mal, et ce n’est sans doute pas un hasard si Cédric Meletta a choisi de sortir d’un relatif oubli historique le destin de sept femmes afin d’illustrer la figure féminine du Diable sous l’Occupation.

Sept femmes aux origines sociales, aux nationalités, aux cultures et aux activités délictueuses différentes. Un choix judicieux qui est le premier attrait de ce livre. Pas ou très peu de redites, de similitudes dans ces sept chemins pavés d’horreurs, de chantages, de vols et de crimes. Il y a tant de manières d’être une hyène, une diabolique, quand on croit dur comme fer pouvoir faire son beurre et son miel du malheur des autres.

Peu de points communs également sur des fins de vie écourtées de manière expéditive ou au contraire protégées, voire mystérieuses. Être une femme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, même suspectée des pires travers ou au minimum d’avoir œuvré de concert avec des ultra-collaborateurs et/ou des membres de la Gestapo, peut valoir (parfois) l’indulgence des tribunaux présidés par des hommes. Souvent considérées comme des exécutantes de second ordre, certaines échapperont à la peine capitale.

Une histoire populaire du football, Mickaël Correia (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Lundi, 11 Février 2019. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La Découverte

Une histoire populaire du football, mars 2018, 413 pages, 21 € . Ecrivain(s): Mickaël Correia Edition: La Découverte

 

Le Football est devenu l’archétype d’un « Sport-spectacle » avec toute son attractivité et tous ses excès : le poids écrasant de l’argent et de toutes les tentations qu’il engendre ; le déchaînement incontrôlé, sinon incontrôlable, des multitudes qu’il traîne et des soi-disant « supporters ».

De tout cela, Mickaël Correia prend volontairement le contre-pied : qu’il en soit remercié.

Dans son introduction, le principe est clairement énoncé : « A rebours des critiques radicales du sport qui décrivent sans nuance le football comme un nouvel “opium du peuple” et considèrent avec hauteur les millions de personnes qui se passionnent pour ce sport comme une masse indistincte d’aliénés, ce livre invite à découvrir ce qu’il y a de subversif dans le football et à s’intéresser à toutes celles et ceux qui en ont fait une arme d’émancipation. Au cours de l’histoire et aux quatre coins du monde, le football a été en effet le creuset de nombre de résistances à l’ordre établi […] Ce livre […] se penche aussi bien sur les footballeurs contestataires et en marge que sur le football institutionnel et professionnel […] L’ouvrage fait le pari que le football reste avant tout et malgré tout un formidable levier pour reprendre le pouvoir sur nos corps et nos vies ».

Les Origines Sportives du Cinéma, Georges Demenÿ (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Lundi, 04 Février 2019. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Les Origines Sportives du Cinéma, Somogy Editions d’Art, INSEP, 2017, 240 pages, 35 € . Ecrivain(s): Georges Demenÿ

 

De haut niveau.

L’intérêt des Editions Art Somogy pour le thème du sport, manifesté par exemple dès 1996 avec l’édition de L’affiche de sport dans le monde, de François et Serge Laget, s’exprime ici de la façon la plus pertinente. Une maquette impeccable soutient un texte aussi nourri que précis.

L’équilibre noir et blanc d’une mise en page esthétique met en valeur la qualité exceptionnelle des documents réunis. En hommage à André Drevon et à son travail pionnier des années 1990 ainsi qu’à Pierre Simonet, fondateur de l’iconothèque de l’INSEP – Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance –, sont donc resitués la trajectoire et l’apport de Georges Demenÿ – fin visage, lorgnons, moustache et barbiche. L’équipe conduite par Patrick Diquet, s’appuyant sur la restitution des images menée de longue haleine par Stéphane Dabrowski, ainsi que sur les recherches de Christophe Meunier pour la préparation du présent ouvrage, s’est de propos délibéré inscrite dans les pas et le sillage de Drevon, reprenant volontairement les jalons qu’il a posés et le titre même donné en 1994 au film qu’il avait consacré à Demenÿ.

Le sport et la Grande Guerre, Paul Dietschy (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Mercredi, 23 Janvier 2019. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le sport et la Grande Guerre, Editions Chistera, septembre 2018, 482 pages, 21 € . Ecrivain(s): Paul Dietschy

 

Dans le flot, la marée, des publications générées par le centenaire du dénouement de la première Guerre mondiale, celle-ci aura été l’une des dernières. Or le sujet justifiait effectivement d’être traité en profondeur. C’est le mérite des jeunes Editions Chistera d’avoir permis à Paul Dietschy, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Franche-Comté, de donner une forme définitive au travail qu’il a mené depuis une décennie et de le rendre accessible au public.

Nul doute que la période 1910-1918 ait marqué un moment dans la reconnaissance du fait sportif par la société française. Et ce n’est pas un paradoxe si une bonne moitié de l’ouvrage est consacrée à l’analyse du sport tel qu’il s’inscrivait dans le paysage et la vue de l’hexagone avant la déclaration du conflit. Car pour l’auteur, la Grande Guerre a permis et favorisé le développement des pratiques sportives, mais non pas une explosion inattendue ou peu prévisible par son ampleur ; il diffère en cela de Michel Merckel dont le 14-18, le sport sort des tranchées : Un héritage inattendu de la Grande Guerre avait défriché le terrain en 2012 (éditions Le Pas d’oiseau, 2ème édition revue et augmentée en 2013).

Jean sans Terre, Frédérique Lachaud (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 11 Décembre 2018. , dans Histoire, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Perrin

Jean sans Terre, septembre 2018, 480 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Frédérique Lachaud Edition: Perrin

L’actuelle facilité d’accès aux informations et à divers travaux de prospection préexistants sur tout sujet ne saurait être qu’un seul bienfait pour l’individu. Grâce au numérique, devenu instrument éminent dans leurs recherches, les historiens du XXIesiècle jouissent pour leur part de moyens d’investigation et de réunion documentaire inédits. Cette considération importante expliquera sans doute pourquoi ils reviennent maintenant sur des trames ou phases historiques que de pourtant assez complètes analyses antérieures renvoyaient au placard des feuilletons résolus. A telle enseigne croyait-on scellés à jamais le fait et la cause du roi Jean d’Angleterre, aussi décrété « sans terre », mais, par proclamation unanime, « non sans reproches » également. Essuyant l’hostilité des chroniqueurs de son siècle autant que le bilan implacable de ses biographes ultérieurs, le Plantagenêt aura surtout récolté au final la réputation d’un indigne gaspilleur de l’« empire » anglo-normand indirectement hérité de son père, le roi Henri II, dès le début du XIIIesiècle. A travers une relecture du contexte d’époque, rigoureuse mais distanciée, car réservée de la profonde partialité des rapporteurs d’antan et non plus totalement remise au verdict tranchant des analystes suivants, l’avisée historienne Frédérique Lachaud replace ici la vie et le règne du frère et successeur de Richard-cœur-de-Lion sous le projecteur d’un vécu autrement décortiqué et, par là, sûrement aussi moins accablant pour lui.