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Ecrits suivis

52.dimanche (XXIX)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 14 Septembre 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

intuition

pourquoi biffer cela plus qu’autre chose ?

personnellement, je crois que c’est une affaire de sensibilité, sentir soudain que ce mot est juste, que cette image est la bonne

en tous cas ce qui est facile à déterminer, c’est la froideur, la distance que l’on a par rapport à ce que l’on a écrit, et qui permet par exemple de comprendre un double sens non voulu, une image grotesque ou une euphonie malheureuse

c’est un rapport sensitif et intellectuel qui dirige, à mon sens, l’ensemble du phénomène de l’intuition

or la sensibilité est une affaire de goût et de culture, et l’on peut aimer le rossignol pour la noblesse de son chant, ou encore le merle pour sa nature fruste et cependant significative

52.dimanche (XXVIII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 07 Septembre 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

les ciels

la lumière du matin est encore claire, et les ciels qui font l’horizon de la rue, se superposent dans un camaïeu de gris et de blanc

je dis cela à dessein, car cette lumière matutinale est en quelque sorte la stricte expression de l’activité de l’écrivain, dans son travail de coupe et de retrait

je m’explique

ce ciel est un instant de grâce qu’il me faut différer, et qui ne prendra sa forme qu’avec la mise au net que j’opère à l’instant

nonobstant, il est possible de chercher l’épure, tout autant que la métaphysique, des ciels de John Ford par exemple, ou d’Anthony Mann, et cela dans le peu, dans le petit, dans le détail modeste, sans cependant pouvoir se défaire de l’écrasante expression de la figure du ciel et de ses phases

52.dimanche (XXVII)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 31 Août 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

le bois ouvré

c’est avec difficulté que je fais cette lettre à cause d’une grande veille dont j’ai parfois l’habitude, mais qui, là, a désorganisé le plan de cette lettre que j’élabore souvent dans la nuit qui précède

une nuit non dormie, disons

de fait, je voulais évoquer le labeur de toute personne qui doit avancer dans le monde du langage pour y trouver des formes non encore écrites

le chantier, plein d’échafaudages, de mises en ordre préalables, de vues de l’esprit, de diverses répétitions et ritournelles – deleuziennes – pour faire apparaître une page sans défaire la profondeur du bois ouvré qu’il faut toujours pour la chose écrite – ici, le petit brouillon depuis lequel je mets au propre cette note

dans cette veillée d’hier, je préparais, si je puis dire, les grandes étapes des travaux universitaires auxquels il est possible que je sois confronté, et là, en propre, il s’agit de bois ouvré

52.dimanche (XXVI)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 24 Août 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

matériau

la question du matériau est au confluent de divers phénomènes, qui tous sont d’un intérêt supérieur si l’on veut réfléchir à l’activité de la création

le matériau, que définit Boulez dans ses cours au Collège de France, est bien le carrefour de la réalisation et de l’idée – et Boulez semble ne pas pouvoir choisir lui non plus

le matériau, comme principe fossile, comme puits minier, comme bassin phréatique, est très ouvert à l’analyse

le matériau, oui, langage flottant et ductile, capable de se cristalliser soudain dans la réalisation de l’idée, en une sorte d’apesanteur

ce qui veut dire que le matériau est une construction imagée qui revient vers elle-même

52.dimanche (XXV)

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 13 Juillet 2013. , dans Ecrits suivis, Ecriture, La Une CED

 

l’absence

c’est parmi mes lectures de cette semaine que j’ai trouvé le thème de la lettre d’aujourd’hui

d’ailleurs, il y a longtemps que je suis intéressé par la théologie négative, c’est-à-dire, par la complexité aristotélicienne de la chose créée, comme cette fameuse statue sortie du bloc de marbre qui doit sa forme à ce qu’il lui a été retiré

donc, l’absence

dans un sens large, ce qui manque, ce qui manque par exemple dans la crise d’angoisse ou dans le surcroît émotif de l’alacrité

dans un sens strict, la chose qui est négative, l’énigme de vivre, la mort