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Critiques

Mirlitontaines et chansons oubliées, Marcel Amont (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mardi, 02 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Mirlitontaines et chansons oubliées, Marcel Amont, Les éditions du Mont-Ailé, janvier 2021, 80 pages, 15 €

 

La première de couverture précise que cet ouvrage de la Collection « Poésie et chanson (presque) en poche », dirigée par Matthias Vincenot, nous offre ici des « Raretés et inédits illustrés par des dessins de l’auteur ». L’objectif du communiqué de presse s’exprime avec vigueur en quelques mots clairs : « Les temps que nous traversons nous pressent à accueillir cette fantaisie qui colore le cœur ! ». Cet ouvrage – orchestré par « un amuseur, un fantaisiste » comme il se définit lui-même : Marcel Amont – familier de Boris Vian, Charles Aznavour, Georges Brassens, apprécié d’auteurs-compositeurs comme Alain Souchon, Francis Cabrel, Maxime Le Forestier – réussit à réveiller le merveilleux, parvient à laisser monter l’enchantement au cœur de l’anodin, comme ce voyage à Babylone en plein cœur d’ici :

Cosmogonies, La Préhistoire des mythes, Julien d’Huy (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 01 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, Essais, La Une Livres, La Découverte

Cosmogonies, La Préhistoire des mythes, Julien d’Huy, octobre 2020, 384 pages, 22 € Edition: La Découverte

D’où proviennent les histoires qui nous fondent ? Jusqu’à quelle racine commune est-il possible de faire remonter la généalogie des histoires sur lesquelles les sociétés ont pu s’ériger mais aussi établir un code moral, des valeurs ? C’est à cette question que se propose de répondre Julien d’Huy, jeune historien, dans Cosmogonies, ouvrage au sous-titre prometteur : « La Préhistoire des mythes ». Et c’est passionnant.

Mais, et que l’auteur de l’ouvrage m’en pardonne, un bémol de première importance est à poser avant d’inciter quiconque intéressé par les histoires sous les histoires, les histoires à la genèse des histoires, à ouvrir Cosmogonies : cet ouvrage est un ouvrage scientifique, et avant tout un ouvrage scientifique. À vrai dire, par la multiplication des références scientifiques, on ressent à quel point il a tout de la thèse de doctorat publiée – à raison, publiée à raison, puisque le sujet est passionnant et, surtout, novateur et éclairant sur l’origine des mythes. Il faut donc passer outre l’aspect démonstratif et argumentatif, destiné à prévenir toute accusation de faiblesse dans la thèse, de Cosmogonies pour en goûter le sel, pour y découvrir ce que le non-spécialiste de la mythologie comparée, ce que je suis à titre personnel, est venu y chercher : des histoires qui nous fondent.

Les orages, Sylvain Prudhomme (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 01 Février 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Nouvelles, Gallimard

Les orages, janvier 2021, 192 pages, 18 € . Ecrivain(s): Sylvain Prudhomme Edition: Gallimard

Les orages est un recueil de nouvelles racontant chacune un moment plus ou moins extraordinaire d’une vie ordinaire, un moment où quelque chose se fissure ou se fêle, grince ou glisse, s’ouvre ou se ferme, pour le pire ou le meilleur – ou pour on ne sait quoi. Si l’on en croit le titre, un orage… qui menace plutôt qu’il n’éclate : ce mot laisse attendre une violence qu’on ne trouve guère dans ces nouvelles, comme si l’auteur n’allait pas au bout de son projet, restait en-deçà, au seuil de l’orage, ouvrant une faille sans y faire tomber personne. Ce qu’on trouve, en revanche, c’est le retour au calme après l’esquisse ou l’idée d’une tempête – on se demande alors ce qui résultera et restera de ces instants d’intensité variable à occurrence unique – et ce qui éclate, ce serait plutôt la vulnérabilité des personnages mis à nu, leur carapace.

Parmi ces récits, assez disparates, certains émeuvent, à des degrés divers, parce que nous connaissons tous, ou connaîtrons un jour, ces instants où a lieu, inopiné, un événement, aussi infime soit-il, qui infléchit ou bouleverse notre existence, qui nous dépouille, un bref ou long moment : ainsi celui où un vieil homme armé d’un taille-haie est pris d’une crise de démence sénile, aussi grotesque que poignante ; ou celui où Awa, une jeune Sénégalaise, se résout à dépenser toutes ses économies pour payer une vaine chimiothérapie à son frère presque mort, et renonce à ses projets, comme si un fatum le lui commandait. D’autres laissent assez indifférent, semblent anodins : ainsi celui où un homme fait l’état des lieux de l’appartement qu’il vient de vendre, songe aux années qu’il y a passées et contemple les traces que lui et sa compagne y ont laissées, ou celui où un homme découvre sa propre tombe au cimetière Lachaise et apprend qu’il ne lui reste que quarante années à vivre.

Œuvres complètes, II et III, Roberto Bolaño (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Janvier 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, L'Olivier (Seuil)

Œuvres complètes, II et III, trad. Roberto Amutio, Jean-Marie Saint-Lu ; juin 2020, Volume II, 1184 pages, 29 € ; octobre 2020, Volume III, 1008 pages, 29 € . Ecrivain(s): Roberto Bolaño Edition: L'Olivier (Seuil)

 

« La célèbre photo où Hitler tient dans ses bras la petite fille âgée de quelques mois l’accompagne toute sa vie », La Littérature nazie en Amérique, Luz Mendiluce Thompson.

« Ce sont les choses : Mauricio Silva, qu’on appelait l’œil, essaya d’échapper à la violence au risque même d’être pris pour un lâche, mais la violence, à la véritable violence, personne ne peut échapper, du moins pas nous, qui sommes nés en Amérique latine pendant les années cinquante, nous qui avions une vingtaine d’années quand Salvador Allende est mort », Des putains meurtrières, L’œil Silva.

Ouvrir ces deux nouveaux volumes des Œuvres complètes de Roberto Bolaño, c’est faire l’expérience d’une immersion littéraire unique. Celle d’un bonheur littéraire, fait d’étonnements, de surprises, d’étourdissements, et d’éblouissements. Les Editions de l’Olivier nous ouvrent le grand Livre de Bolaño, un vitrail de romans, aux noms plus troublants, les uns que les autres – c’est un savoir d’écrivain que de bien baptiser ses romans :

Avis de grand froid, Jerome Charyn (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 28 Janvier 2021. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, USA, Roman, Rivages/noir

Avis de grand froid, septembre 2020, trad. anglais, Marc Chenetier, 345 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Jerome Charyn Edition: Rivages/noir

 

Précisons que nous sommes en pleine utopie, en pleine uchronie, en pleine histoire contrefactuelle. En 1989, à peine élu, le président démocrate des États-Unis, J. Michael Storm, est destitué pour cause de malversations. Son vice-président, Isaac Sidel doit le remplacer au pied levé. Ce dernier, après avoir été commissaire de la police criminelle à New-York, est devenu maire de New-York puis vice-président des USA. Son glock glissé en permanence dans son pantalon et la main toujours à portée d’un gros cornichon malossol, ce flic juif n’est pas vraiment prêt à affronter la fonction de président des USA. Qu’importe, on connaît le personnage haut en couleur qui se promène depuis quarante ans, soit 1973, dans les romans de Charyn qui lui a consacré ou presque consacré douze romans, et l’on sait ses ressources. On est prêt, presque réjoui de voir ce curieux attelage, conduit par le Gros type alias POTUS (Président Of The United State) à la tête de l’administration et de la politique américaine, se mettre en mouvement et affronter le monde libre.