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Les Chroniques

Vous allez en voir de toutes les couleurs ! Deuxième partie : selon l’histoire (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 16 Mars 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Bleu, Histoire d’une couleur (240 pages) ; Noir, Histoire d’une couleur (288 pages) ; Rouge, Histoire d’une couleur (256 pages) ; Vert, Histoire d’une couleur (288 pages), Michel Pastoureau, Seuil/Points, novembre 2020, chaque volume 9,90 €

 

Dans la première partie de cette chronique, le point de vue philosophique sur la perception des couleurs a été évoqué au travers d’un essai signé Claude Romano, De la couleur. Romano débute cet essai par un aperçu aussi complet qu’idéalement succinct des théories relatives à cette perception. Mais il existe une autre histoire, au moins aussi passionnante, qui n’est pas celle de la perception des couleurs, mais bien celle de leur place évolutive dans notre société, du rapport symbolique en particulier que nous entretenons aux couleurs, aussi bien documentée que très éloignée de toute considération pseudo-ésotérique mêlée à un rien de numérologie.

Des âmes vagabondes, Anthologie de poètes symbolistes bulgares, Collectif/Kavaldjiev (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 15 Mars 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Pays de l'Est, Poésie

Des âmes vagabondes, Anthologie de poètes symbolistes bulgares, Collectif/Kavaldjiev, éditions Le Soupirail, octobre 2020, trad. bulgare, Krassimir Kavaldjiev, 226 pages, 25 €

 

Qui écrit ?

Il m’est difficile de prendre mon stylographe pour évoquer ce livre très intéressant consacré à une anthologie de poètes symbolistes bulgares. Tout d’abord parce que l’angle du symbolisme est aigu au regard de ce je connais – ou ne connais pas – de la poésie bulgare. Ensuite, d’autres connaissances de la littérature bulgare en général m’auraient été utiles pour distinguer mieux les points éminents et ceux qui le sont moins – à l’exception ici des deux poétesses dans le corpus des quatorze poètes recensés, qui m’ont paru plus remarquables. Cette indistinction relative tient aussi à ce que je cherchais en lisant. J’essayais de trouver un angle, pour décider qui écrivait, qui chantait, qui disait. Et donc à travers ces présentations de poètes et poétesses, assez renseignées biographiquement, et également par un volume important de poésies pour chacun des auteurs, je pensais trouver une ligne commune dans ce que j’appellerais ici la « bulgaricité ».

Vous allez en voir de toutes les couleurs ! Première partie : selon la philosophie (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 09 Mars 2021. , dans Les Chroniques, La Une CED

De la couleur, Claude Romano, Folio/Gallimard, janvier 2021, 384 pages (+ 12 pages hors texte), 8,10 €

Le 27 février 2015, le monde a connu une division essentielle à cause de la photo d’une robe, plutôt moche au demeurant : certains la voyaient blanche et dorée, d’autres noire et bleue. La Toile s’est enflammée, des célébrités s’en sont mêlées (apparemment, Kanye West et Kim Kardashian eux-mêmes ont passé une mauvaise soirée à cause de cette photo – c’est dire s’ils n’ont que ça à faire de leurs soirées…), de doctes articles ont été publiés par la suite, synthèses d’avis d’éminents psychologues à travers le monde, un neuroscientifique a même soumis la photo de la robe à un échantillon de mille quatre cents sujets. Le subjectivisme, c’est-à-dire le fait que les couleurs seraient perçues par l’individu avec des… nuances, semble l’avoir emporté dans l’ensemble des explications, et d’autres débats de ce type, tout aussi passionnants, ont depuis surgi sur la Toile avec une belle régularité – si cette Toile pouvait parfois s’enrager sur des débats plus essentiels, comme l’abrutissement généralisé dû à… cette Toile – mais bon, pendant que les gens parlent de couleurs et lisent des articles reposant sur des prémisses scientifiques, même si parfois douteux car biaisés, ils s’intéressent au moins à un phénomène observable et partageable. Par ailleurs, quiconque a déjà acheté des vêtements en ligne a connu au moins une fois une relative déconvenue : tiens, la chemise n’a pas la même couleur « en vrai » que sur le site, comment cela est-il possible ?

Brise, Bernard Grasset (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 08 Mars 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Brise, Bernard Grasset, éditions Jacques André, septembre 2020, 50 pages, 13 €

Vers une poésie cumulative

Ce recueil de poèmes de Bernard Grasset est accessible grâce à des mots simples, une prosodie que l’on dirait pauvre parce que dénuée d’apparats et d’ornements, mais écrit sous la lumière faîtière d’une lecture de la Bible, à la fois utilisant la métaphore, dans son registre spirituel, et composant une musique humble qui tremble au-dedans du texte. Simplicité donc, cherchant dans la locution verbale, celle du croyant sans doute, plus que désignant des hauts faits moraux, idéologiques, quêtant en son propre sein le rituel poétique voulu. Et comme je considère que la patrie des hommes c’est le livre, je dirais que cette brise, ce vent doux, nous rapproche de l’homme, de celui-là qui espère et demande à s’augmenter de son humanité, brillante sous le feu solaire de la foi, du sacré, ou de la mort peut-être.

Cette langue retenue s’articule sur peu de verbes et agit plus sur le mode de l’accumulation de mots devenant des épithètes, construisant en cumulant, à l’image des énumérations par exemple des ordres sacramentels, de la disposition du temple dans l’Ancien Testament. Les substantifs nous ouvrent un chemin qui nous conduit plus loin que nous-mêmes, dans une expérience de l’espoir, expérience de l’espérance si chère à Péguy.

Suite au Fil de MémoireS, de Jeanne Orient, du mardi 19 janvier 2021 (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 05 Mars 2021. , dans Les Chroniques, La Une CED

Modératrice et chroniqueuse : Deux places différentes

Jeanne Orient, productrice et réalisatrice de Fil de MémoireS, m’a proposé de tenir le rôle de modératrice le mardi 19 janvier 2021, à la librairie Gallimard, 15 boulevard Raspail à Paris. Sa demande m’a fait plaisir et j’ai accepté de tenir cette place que je découvrais. Je savais que, vu la situation actuelle, elle se tiendrait dans des conditions inhabituelles. Elle s’est faite sans public et a été enregistrée en visio-conférence. J’ai procédé du mieux que j’ai pu en me restreignant à une seule question à chaque écrivain. J’ai beaucoup réfléchi et travaillé pour préparer cette intervention face à trois écrivains dont deux que je n’avais jamais rencontrés auparavant.

L’intérêt de ce moment a été de me faire prendre conscience, dans l’après-coup, de l’écart qui existe entre la place de modératrice et celle de chroniqueuse qui sont très différentes. Ce sont deux protocoles distincts sur lesquels j’ai eu le désir de me pencher pour les observer et les analyser de plus près. Il m’a paru intéressant d’étudier ces deux phénomènes pour démontrer l’originalité de chacune d’elles. J’ai pu constater que certaines compétences se rejoignaient mais que beaucoup divergeaient. Je pense que cette réflexion pourra être utile à ceux qui devront un jour être confrontés à ces situations.