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Les Chroniques

L’intime dense, Pascal Boulanger et Mais le Merle n’a aucun message, Lambert Schlechter (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 01 Avril 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Poésie

L’intime dense, Pascal Boulanger, Editions du Cygne, janvier 2021, 50 pages, 10 €

Mais le Merle n’a aucun message, Lambert Schlechter, Editions Phi, novembre 2020, ill. Lysiane Schlechter, 103 pages, 22 €

 

« Qui dans le lointain / devient reconnaissable / sinon celle dont les baisers / sont comme des reflets du ciel ? / Là où le vent léger, quelques nuages, / adoucissent celui qui marche ; / l’agréable de ce monde / quand veille celle au souffle qui se penche / sur l’arc de vie / en bleu l’école de ses yeux » (Pascal Boulanger).

 

« ne pas chercher ne plus chercher / laisser faire laisser voir /

qui cherche ne trouve pas / qui trouve ne cherche plus /

la feuille qui tombe / est une feuille qui tombe /

un cœur qui bat / va s’arrêter de battre /

savoure la merveille de l’instant » (Lambert Schlechter)

Les Furtifs, Alain Damasio (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 31 Mars 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, Science-fiction, La Une CED, Folio (Gallimard)

Les Furtifs, février 2021, 944 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Alain Damasio Edition: Folio (Gallimard)

 

Qui aujourd’hui peut prétendre à inventer une langue ? Une langue pas juste littéraire s’entend, une langue-univers, une « sangue » – autant citer Les Furtifs sans préciser, que tout le monde s’y perde pour comprendre ? On croise de pauvres petites phrases averbales, de pauvres petites figures de style convenues au possible, des expérimentations creuses – mais une langue, une vraie, une porteuse d’un univers ? Non, rien. Puis il y a Damasio, depuis La Zone du dehors, coup d’essai magistral, et surtout La Horde du contrevent, chef-d’œuvre magistral, équipée sauvage dans la langue, tant à inventer qu’inventive, et dans un désert habité de multiples aventures. Car là se trouve le nœud de l’énigme Damasio : il offre à la langue une fureur vibrante rare tout en racontant des histoires haletantes. Damasio, c’est la rencontre de Valère Novarina et de Maurice Dantec, ou la sublimation des deux, et dans une époque où la littérature semble devenue un jeu intellectuel à destination de ceux qui sachent ou une petite suite d’histoires sordides aux personnages bidimensionnels, c’est un compliment absolu. Damasio, c’est l’auteur absolu pour dire le monde dans lequel nous vivons – et ses cauchemars à venir, mais aussi, surtout ! son désir poétique, virulent, enflammé.

L’Odeur d’un père, Catherine Weinzaepflen (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 29 Mars 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

L’Odeur d’un père, Catherine Weinzaepflen, éditions des Femmes, janvier 2021, 144 pages, 12 €

 

Fragments du père

C’est un peu par hasard que j’ai rencontré ce livre, qui au départ ne m’était pas adressé. Mais deux choses cependant m’ont incité à le lire : d’abord parce que Catherine Weinzaepflen a une production de poète, et ensuite parce que ce récit autour du père côtoyait le mien, mon père ayant disparu l’été dernier. Ici, bien sûr, la question d’être fille importe beaucoup. Comment se construire à partir d’un féminin ? Et dès lors, par fragments, rétablir une histoire, l’histoire de cet être fille-là. Ainsi attendu que reconstruire des paysages, des pays, des lieux soutenus par des odeurs, des émanations, des goûts, devienne le fil du récit – autobiographique ? C’est ce récit qui, de paragraphe en paragraphe, et dont chaque en-tête déclare l’âge de la protagoniste, interroge non seulement le père, mais la construction symbolique de soi, qu’il faut poursuivre.

C’est beau le rouge, Lucia Zamolo (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED, Jeunesse, La Martinière Jeunesse

C’est beau le rouge, Lucia Zamolo, février 2021, trad. Rita Lamontagne, 96 pages, 12,90 €

 

Flux cataménial

Ce livre élaboré pour décomplexer un grand nombre de personnes, à propos d’un événement simple, naturel mais culturellement tabou, disserte sur l’arrivée des règles. Cette apparition mensuelle accompagne la puberté, est inhérente à toutes les adolescentes (à moins d’être aménorrhée), et néanmoins fort peu mentionnée, ou alors sous forme de boutade ou de grossièreté : « les anglais ont débarqué », « j’ai mes ragnagna », « je suis indisposée », ou encore « les chutes du Niagara », etc. L’arrivée des menstrues est parfois qualifiée par les scientifiques de pathologie, voire de traumatisme ! Cette définition des premières règles parfois douloureuses ne calme pas vraiment la montée d’angoisse ou l’embarras que cause ce phénomène. L’écoulement du sang vaginal se trouve l’objet de répulsions diverses, de honte.

Inglorious Basterds, Glorious movie ! (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Mars 2021. , dans Les Chroniques, La Une CED, Côté écrans

 

Je ne m’en lasse pas et, comme Tarantino, ma jubilation ne faiblit pas. Inglorious Basterds est sorti sur nos écrans en juillet 2009. Voici la note que j’écrivais pour Le Monde à la sortie du film. Depuis, cette bande s’est installée dans mon imaginaire comme une œuvre-culte à laquelle je rends régulièrement hommage. Alors encore une fois…

De toute évidence ce film a le ton d’une pochade estivale. Oui mais voilà, seulement le ton, nos mémoires de cinéphiles sont peuplées de « pochades estivales » devenues des films-culte. De Coups de Feu dans la Sierra ou Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, de Sam Peckinpah, au Duel de Steven Spielberg, en passant par le Gloria de John Cassavetes, que serait le cinéma sans les « rigolades » de juillet/août cachant des joyaux devenus légendaires ?

La « pochade » de Tarantino est évidemment destinée à s’inscrire d’emblée dans ces perles d’été. Tout y est déjà culte.