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Les Chroniques

La mère Michel a lu (14) - La Comédie, Dante Alighieri

Ecrit par Michel Host , le Mercredi, 09 Janvier 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« La Mère Michel n’a jamais perdu son chat. Elle le tient attaché, ne le lâche pas de l’œil. Le félin est un livre, il n’a pas d’âge. D’hier, d’aujourd’hui, de toujours, il miaule derrière la porte ».

 

La Comédie (Enfer - Purgatoire - Paradis) de Dante Alighieri, Édition bilingue, présentation & traduction de Jean-Charles Vegliante, Nrf Poésie / Gallimard, 1280 pp., Coll. n°480 / 17 €

Le poème de la chrétienté

 

« Les intuitions des poètes sont les aventures oubliées de Dieu ».

Elias Canetti, Le Territoire de l’homme

Aucun signe particulier, Bernard Vargaftig

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 05 Janvier 2013. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

 

Topographie

 

Il est difficile parfois d’écrire sur une espèce littéraire qui n’est pas très pratiquée par celui qui écrit et, je dois dire, que le livre de Bernard Vargaftig se prête très bien à cet exercice. Ce livre de 2007, publié chez Obsidiane, réunit sept récits de l’enfance, et il va bien dans mon monde. Car, ces sept récits qui tissent entre eux des liens, et racontent une histoire, la biographie personnelle de l’auteur, petit garçon juif réfugié en Limousin durant la guerre, hanté par des identités nationales complexes, et poète qui regarde vers Homère, vers la langue grecque d’Homère, bousculé par des impressions de langage fortes et vives, ne sont pas simplement que romanesques.

A serious man, Coen Bros (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 04 Janvier 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED, Côté écrans

 

Une fois n’est pas coutume : le format télévision, même « grand écran plat », convient très bien à « A serious man » de Joel et Etan Coen. Je ne sais pas, sûrement le côté « journal intime » du film qui sied bien à mon salon. En tout cas, ce fut un vrai bonheur de revoir le dernier « Cbrothers ».

 

Il paraît que quelques Juifs se sont agacés devant ce film. Je comprends que certains, habitués au « culturellement correct », puissent s’offusquer devant une telle « déconstruction ». Une telle rupture avec le pathos traditionnel des films du genre « humour juif » a de quoi surprendre, déconcerter, voire irriter. Pas une trace de folklore juif américain du début à la fin. On est formé à Woody Allen, avec ses figures archétypiques et sympas : l’intello new-yorkais, l’écrivain qui se cherche, l’artiste égocentrique, le psychanalyste rongé d’angoisse, l’hypochondriaque agité, la mère abusive, le père paumé. Bref, la galerie de figures-types, qui font rire, qui attachent. Avec ce film des frères Coen, rien de ce genre.

A commencer par le choix des acteurs. Pas un visage connu, pas un visage séduisant.

Jim Harrison, la Terre des hommes

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Décembre 2012. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Quelle alchimie opaque fabrique le lien secret et indélébile qui se tisse entre un lecteur et l’œuvre d’un écrivain ? Faut-il la chercher dans les espaces de la ressemblance, dans les échos plus ou moins muets qui s’établissent entre les deux êtres qui sont à chaque bout de l’écriture ? Y a-t-il vraiment un statut du « ah imbécile qui crois que je ne suis pas toi ! » de Victor Hugo dans la rencontre parfois vitale d’un lecteur et d’un livre ? Il y a peu je posais la question ici de « qui écrit ? » à propos de Guy De Maupassant. La question consubstantielle en est « Qui lit ? »

 

Il ne faut pas tenter de répondre à cette interrogation troublante. Il n’y en a sûrement pas, ou trop. Peut-être qu’adolescent, j’ai entendu les terreurs et les dégoûts de Baudelaire parce que j’en éprouvais une part. Peut-être que j’ai avalé London parce qu’il portait une part de mes idéaux. Sûrement ai-je mythifié Fante parce qu’il parle, à chaque ligne, de mes douleurs et de mes joies.

Madame Bovary, maniaco-dépressive ?

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 08 Décembre 2012. , dans Les Chroniques, La Une CED

On a tous nos humeurs ; la bonne – recherchée, se faisant rare de nos jours – la mauvaise, devenue si banale, facteur d’explication de tout un peu. Le bonheur, la tristesse ou la colère de nos « hauts et de nos bas » finit par se confondre avec notre quotidien : « je suis basse, aujourd’hui ; moral dans les chaussettes ! ». Rien à voir, pourtant avec ces autres hauts, ces autres bas : ceux d’une personne atteinte – dûment repérée médicalement – d’une maladie bipolaire, ou manie dépression ; alternance pathologique de périodes d’accélération, d’intense exaltation, avec des dépressions abyssales. Causée par des modifications de la chimie du cerveau, avec, du coup, incriminée, une combinaison de gènes à caractère familial, c’est, de nos jours une maladie invalidante, sévère, mais rémissible et traitée.

Flaubert, en écrivant son « Madame Bovary », en a fait un prototype de dépressive – bien autre chose, déjà, qu’une simple déprimée. Quand on dit de quelqu’un : « c’est une Bovary », s’inscrit aussitôt en fond d’écran la mélancolie d’une province qui s’ennuie ; un automne trop mouillé, le soir qui tombe tôt, le silence qui entrecoupe de chiches conversations au coin d’une cheminée, dans laquelle le feu s’étiole aussi ; l’insupportabilité des lieux, des choses, des gens… bref, tout ce qui fait qu’on « bovaryse ». Mot, du reste, réservé au genre féminin, associé, sans doute dans l’imaginaire collectif, aux fluctuations brusques et imprévisibles de l’humeur, aux larmes (non, aux pleurnicheries), à l’instabilité… alors que le mâle, lui, est solide et raisonnable, accroché au réel – l’autre, décrochant et rêvant…