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Les Chroniques

La mère Michel a lu (3) - Jean Maison

Ecrit par Michel Host , le Dimanche, 06 Novembre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED

(Photo Yves Marty)

 

De Jean Maison, poète, trois recueils :


Terrasses stoïques, éd. Farrago, 2001, 43 pp., 70 ff

Araire, éd. Rougerie, 2009, 57 pp, 11 €

Le premier jour de la semaine, éd. Ad Solem, 67 pp., 19 €


Je suis chercheur de pierres. J’excave la roche pour lui rafler ses émeraudes, ses diamants. Et passe le sable du temps au tamis des mots. Je lis les poètes. Non : « des » poètes. Ils sont trop peut-être, car beaucoup sont des perroquets qui s’ignorent, croient inventer, et même « créer », comme ils disent en levant le menton. C’est regrettable, les effets sont nocifs. Entre autres ceux-ci, évidents, que la poésie est une monnaie dévaluée pour la plupart des lecteurs de ce temps, que les poètes eux-mêmes se lisent peu entre eux.

Holmes, Freud ... (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 03 Novembre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED

Littérature, psychanalyse, détectives et autres babioles ...

 

« Quel est l'art, quelle est la méthode, quelle est la pratique qui nous conduisent où il faut aller ? » Plotin, De la dialectique, Ennéade I, livre 3.


La fiction, sous toutes ses formes, filmique, romanesque, a souvent rapproché les figures de Sigmund Freud et de Sherlock Holmes. Je ne vais pas lister, ce serait bien long. Cependant je dois citer, pour le plaisir, le livre « Sherlock Holmes et le cas du Dr Freud » de Michael Shepherd (1984) et surtout le film jubilatoire de Herbert Ross « Sherlock Holmes attaque l'Orient-Express » (1976) dans lequel, notre bon Docteur Freud, encore très jeune, entreprend de guérir le célèbre détective londonien de sa fâcheuse addiction à la cocaïne.

La rencontre était inévitable. Les deux « hommes », le réel et le héros de fiction, font le même métier. Détective. Mot d'origine anglaise, to detect, découvrir, c'est-à-dire rendre visible ce qui pour des raisons diverses ne l'est pas au départ.

Souffles 10 - La lecture (2)

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 31 Octobre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED

Voyage sur le dos d'un "fleuve détourné"

On lit parce qu’on a envie de s’évader d’un lieu fatigant, cramponné à nos semelles fatiguées. On lit parce qu’on a envie de fuir notre ombre qui nous colle du lever du soleil jusqu’à la lumière de la lampe à pétrole ! On lit parce qu’on a envie de décamper nos jours usés trempés dans la routine ! Et c’est ainsi que la lecture n’est qu’un voyage. Un autre voyage, multiple et exceptionnel, vers le pays qui s’appelle LA LIBERTE. Une autre race de voyages. Je déteste le mot race ! Les livres des voyageurs sont écrits, d’abord avec, et par les yeux. Le regard ! Ces livres m’ont toujours fait rêver à midi comme après minuit. Jacques Berque (1910-1995), fils de Frenda (wilaya de Tiaret), éminent anthropologue orientaliste et traducteur du Coran, a sélectionné quelques livres représentatifs de la culture arabe qui apportent quelque chose de plus à la culture universelle. Parmi ces livres, il a choisi le livre de l’explorateur Ahmed Ibn Fadhlâne (10e siècle), connu sous le titre Rihlat Ibn Fadhlâne (Voyage d’Ibn Fadhlâne). Les musulmans sont otages d’une civilisation qui condamne les valeurs de la culture de “l’œil”. Ils célèbrent “l’obscurité”, le “non-vu”. La culture musulmane nous enseigne que dans le regard habite le Chitane (Satan). Les musulmans sont hantés par une voix qui ne cesse de crier : “Baissez vos regards. C’est interdit de regarder le beau.”

Souffles 9 - Comment aimer la lecture ?

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 18 Octobre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, Chroniques régulières, La Une CED

Souffles in "Liberté"

… Un jeune bien branché m’a posé la question suivante : que dois-je faire pour aimer la lecture ? Une question problématique, embarrassante et dérangeante. Je ne possède pas de réponse, ni pédagogique ni psychologique. En revanche, je lui ai raconté mon cheminement avec les livres et la lecture. À mes yeux, on n’enseigne pas l’amour, ni celui des femmes ni celui des livres, comme on enseigne les mathématiques. Mais on tombe amoureux des femmes et des livres. En réponse à la question : que dois-je faire pour aimer la lecture ? Je me suis interrogé : quand et comment suis-je arrivé à la lecture imaginative et culturelle. Quand et comment suis-je tombé amoureux !? La réponse à cette question n’est pas non plus claire dans ma tête. Certes, cela s’est passé bien longtemps avant d’entamer le chemin de l’écriture. D’ailleurs, l’écriture n’est que l’autre face de la lecture. Durant toute ma vie, scolaire et universitaire, il est sûr que ce que j’ai appris des bibliothèques est plus important que tout ce que j’ai ramassé, pendant de longues années, des bancs d’écoles et d’amphis. Une bonne bibliothèque est meilleure qu’une école. Là où je passais, là où je séjournais, mes lieux préférés étaient les bibliothèques. J’aime les anciennes bibliothèques, avec fonds classiques, ornés de fascinantes éditions marquées par le charme de leurs couvertures artisanales. Les bibliothèques ont leurs odeurs et les bibliothécaires aussi.

A qui appartient Albert Camus ?

Ecrit par Kamel Daoud , le Samedi, 15 Octobre 2011. , dans Les Chroniques, Chroniques Ecritures Dossiers, La Une CED


A qui appartient Albert Camus ? La question est d’un goût éthique douteux et se rapproche plus du partage du gigot d’agneau que du débat sur l’héritage et la naissance d’un univers. Et pourtant cette question est devenue une tradition à chaque cycle de commémoration posthume pour cet immense écrivain sans pays déterminé. A chaque fois qu’il s’agit de parler de cet homme ou de son oeuvre, ici chez nous ou en France, c’est cette question qui est là, en sourdine, en voix off, en sous-entendu. Est-il algérien, franco-algérien rétroactif, français hésitant, pied-noir universel ? Appartient-il au patrimoine algérien de la « diversité » ou à celui de l’immense tradition culturelle française, bien qu’il soit né ici ? Est-il un « universel » ou un cas particulier ? Son oeuvre est-elle algérienne ou française ? Annonce-t-il un pays ou écrit-il un poignant adieu sans fin pour une terre rêvée mais mal partagée ?

Aujourd’hui, même plus de 50 ans après la disparition tragique de cet homme, on en est encore à cet acte notarial et à ce testament non soldé. Le président français veut en faire une « oeuvre positive » française et se hâte de ramasser les cendres de cet écrivain pour les réduire à un acte de nécrophage en les « installant » au Panthéon.