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Les Chroniques

Le Boulier cosmique, Jean Maison. La Difficulté métaphysique du poème

Ecrit par Didier Ayres , le Vendredi, 10 Janvier 2014. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Le Boulier cosmique, Jean Maison, éd. Ad Solem, septembre 2013, 96 pages, 19 €

 

La Traversée de Philadelphie

ou

La Difficulté métaphysique du poème


J’étais curieux de lire à nouveau la poésie de Jean Maison, car j’avais abandonné sa compagnie depuis son dernier livre chez l’éditeur Rougerie, et le beau travail des éditions Ad Solem, avec un livre qui avait été l’objet d’une illustration de Yasmina Mahdi pour un tirage limité. Et singulièrement, c’est à une sorte de voyage que convie l’ouvrage. D’ailleurs, son titre est peut-être un peu trompeur car il y a plus de chair et de présence physique que dans un boulier, et surtout cosmique.

Des livres en fête !

Ecrit par Stéphane Chemin , le Mardi, 07 Janvier 2014. , dans Les Chroniques, La Une CED

Pas un, ni deux, ni trois ! Ce sont quatre livres en fête qui vous donnent rendez-vous. La page 2013 se tourne, vive celle encore blanche de 2014 et les belles lignes qu’elle va nous permettre d’écrire tous, un livre à la main… Au programme : du Picasso, de la peinture flamande mâtinée de spiritualité chinoise, la biographie d’un grand explorateur par le plus psychologue des auteurs autrichiens, et un tour du monde luxueux. Suivez le guide !

 

Picasso, portrait intime

Pour démarrer cette sélection de beaux livres qui méritent tous d’entrer dans votre bibliothèque avant la fin de la semaine, voici une énième biographie du peintre le plus commenté de l’ère moderne. Avec Picasso, portrait intime (parution Arte Editions/Albin Michel), secrets, mensonges et merveilles restent en famille. L’auteur n’est autre qu’Olivier Widmaier Picasso, petit-fils de Pablo et fils de Maya (pas l’abeille, le fruit des amours de Picasso et Marie-Thérèse Walter). Avec une telle proximité d’intérêt, la question de l’objectivité de l’ouvrage se pose forcément. Dès le livre ouvert, celle-ci devient moins pertinente et, les premières pages avalées, s’envole carrément. Est-ce cette fameuse proximité par le sang d’Olivier Widmaier, ou bien la distance évidente d’avec son grand-père, mais le charme agit.

A propos de " La mort de Jean-Marc Roberts " de Jean-Marc Parisis

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 20 Décembre 2013. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

Tiens, me dis-je, un petit livre sur Jean-Marc Roberts par un autre Jean-Marc, dont je ne sais rien. Il est là devant mes yeux, sur la table d'une librairie parisienne où un ou deux exemplaires de chaque nouveauté est sur le champ soldé. Livres offerts, services de presse trop vite lus, vite oubliés, détestés, délestés, que sais-je ? Je me souviens d'avoir ainsi acquis l'an passé, trois ou quatre livres dédicacés par leurs auteurs, des envois comme l'on dit, envois revendus à bas prix sans laisser d'adresse en quelque sorte. Sur le boulevard, j'ai glissé le livre dans la poche intérieure de ma veste, l'ouvrant, le refermant, le laissant faire son nid durant les deux jours de ce séjour Capital. Alors lisons :

 

" Beaucoup de ses livres pouvaient se lire comme des lettres tardives, retenues, à des enfants, des femmes, des amis, des lecteurs. Façon de réapparaître, de refaire l'histoire en un clin d'œil, de ressortir l'un de ses tours que les autres n'auraient pas compris, qui leur avait échappé. "

Le long du sud : In Salah, la ville la plus horrible

Ecrit par Kamel Daoud , le Lundi, 16 Décembre 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Il y a en Algérie trois choses très tristes, sales, ennuyeuses et très polluantes pour l’âme : les sachets bleus, les fêtes officielles et In Salah. De sa vie, le chroniqueur n’a jamais vu une ville aussi sale, laide, abandonnée entre le vide et le coup de pied, morte depuis si longtemps qu’elle n’a plus que sa pierre tombale et tellement loin de tout que la pièce de monnaie y a l’air d’un caillou inconnu. Le long du sud, on peut voir le vide, le désert, le Sahara, le néant et In Salah. Ruelles dévastées, poteaux aux dos courbés, maisons inachevées, gens tristes et presque en colère contre l’inconnu, des mouches sur la nourriture, du sable et le cratère d’un centre-ville qui n’existe pas que par son empreinte de pas de fuyard. Pourquoi en parler ? Parce qu’il faut dénoncer, dire, rapporter : on ne peut pas avec autant d’argent construire un abcès pareil.

L’endroit est même considéré comme un centre que l’on cite dans le bulletin météo. Alors que sur place, on a de la peine à imaginer la possibilité d’une vie dans cet endroit. Le parfait exemple de ce que peut faire le pétrole quand il rencontre le manque d’idées, la gabegie, la corruption et l’horreur. Car l’endroit est horrible, tout simplement, cru. On imagine à peine la vie dedans, la possibilité du poumon contre le néant. Comment a-t-on pu faire cette ville ? La réduire à une telle saleté ? L’enjamber ? Avec quoi est-elle reliée à l’Algérie ? Qui y est wali ou comptable ?

Souffles - Dans quelle langue on rêve ? Par quelle langue on aime ?

, le Mardi, 10 Décembre 2013. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

L’écriture libre est la sœur jumelle de l’amour. Il en est de même avec le rêve. L’écriture n’est libre que lorsqu’elle est installée dans la langue avec laquelle, par laquelle, dans laquelle nous faisons nos beaux rêves. On écrit librement dès qu’on est en fusion avec la langue par laquelle, dans laquelle, avec laquelle on fait l’amour. L’amour dans toutes ses dimensions charnelles, sensuelles et émotionnelles. Les autres langues hors celle de la rêverie et celle de l’amour, ne sont que traductions, trahisons et masques. Au moment du songe, inconsciemment la langue, notre langue-miroir, celle de la vie et du confidentiel, se réveille en nous. Elle s’installe en nous avec toute la transparence humaine et la fidélité sentimentale. Dans le rêve il n’y a pas de place pour la tromperie. La langue du rêve habite notre peau, notre cœur et notre inconscient. Elle est notre frisson. On ne pourra jamais imaginer quelqu’un qui vit avec dynamisme le quotidien algérien dans toutes ses langues et ses dialectes, et qui, une fois au lit, rêve dans une autre langue. Y-a-t-il quelqu’un qui fait ses rêves dont les faits se déroulent à Skikda, à Alger, à Oran ou à Béjaïa, dans un arabe classique, à l’image de la langue d’El Mutanabbi, d’El Jahid ou Taha Hussein ? Impensable !