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Les Chroniques

Souffles - Tentation !

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 19 Mai 2014. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

 

J'adore le voyage dans les langues. La littérature est un voyage à risque, une aventure dans les zones interdites. Celles bourrées de mines antipersonnel ! L'écrivain porte, en permanence, une ceinture explosive! La langue c'est moi. Elle est à moi. Egoïsme. Possession. Obsession ! J'écris en français mais en arabe algérien ? Et j'écris l'arabe algérien en français. Dans les grandes villes réelles ou imaginaires, qu'importe: Jérusalem, Béjaïa, Rome, Constantinople, Thèbes, Tolède, Tombouctou, Fès, Samarkand... l'hospitalité est une religion. De même dans les langues. Elles aussi cultivent leurs hospitalités. Les langues se parlent, se jalousent ! Toute langue créative est individuelle ! Personnelle! Par hospitalité langagière, dans mon français à moi, habite l'arabe algérien! Et dans mon arabe à moi, confortablement s'installe le français.

Reverdy, l’enchanteur…

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 08 Mai 2014. , dans Les Chroniques, La Une CED

 

L’image, en poésie, occupe une place primordiale. Surgie de la confrontation d’éléments de la réalité éloignés les uns des autres, elle peut offrir et ouvrir des possibles créatifs, des perspectives de lecture et d’interprétation. Et transcender le regard. Et transcender la vie.

Ce rapprochement de deux mots ou de deux réalités éloignés crée l’image poétique d’où jaillit l’étonnement : choc visuel sur la page, intellectuel aussi et au-delà. A l’origine d’une véritable transmutation, cette image que Pierre Reverdy définit comme « un acte magique » dans cette émotion appelée Poésie, produit comme des miracles lorsqu’elle touche plus particulièrement l’esprit et la sensibilité de notre quotidien. Une fenêtre alors s’ouvre plus largement devant nous, ou un miroir se traverse, avec pour horizon tout un univers d’« appropriation du réel » par le poète et pour le lecteur, bien plus profonde qu’un simple reflet ou qu’une simple représentation. De même, la réalité que le poète exprime s’inscrit et s’écrit au cœur des choses plutôt qu’à leur surface. Le poème donne à voir sous un autre jour notre vie quotidienne, qui s’en trouve du coup grandie ; un cadre se dessine (car il en faut bien un), qui trace un paysage naturellement jailli au fil des mots.

L’intellectuel-berger, en Algérie

Ecrit par Amin Zaoui , le Lundi, 05 Mai 2014. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Série "Souffles"...

 

« Ici, dans ce nulle part, derrière un troupeau de brebis comme celui-ci, par un jour d’été, mon oncle est venu m’annoncer la bonne nouvelle : Tu as eu ton bac. Et une autre vie a commencé, en ville ».

Ce paragraphe n’est que l’identification de la photo d’un jeune écrivain algérien postée sur un compte Facebook. Souriant et nostalgique, cet intellectuel pose derrière un troupeau de brebis et de moutons et autres belles créatures herbivores. Ce qui m’a frappé dans cette histoire, ce n’est ni la photo ni la nostalgie du lieu ou du troupeau, mais cette avalanche de commentaires venant de la part d’une dizaine d’autres écrivains, universitaires, journalistes et autres intellectuels, qui tous confirment que eux aussi ont vécu la même expérience. Ils sont nés institutionnellement derrière les brebis. Ils sont bergers. Je respecte cette appartenance sociale pastorale. Et j’adore les brebis, et les lieux reculés me fascinent. Mais au-delà de la nostalgie rurale qui peut être justifiée, cette situation de l’intellectuel-berger algérien m’interpelle.

Ekphrasis 10 - « 5 fois Catherine »

Ecrit par Marie du Crest , le Mercredi, 30 Avril 2014. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

PREGHERIA A

SANTA CATERINA DA SIENA

O DIO, che in

Santa Caterina da Siena,

Ardente del tuo spirito di amore,

Hai unito la contemplazione

Di cristo Crocifisso

E il servizio della Chiesa.

 

La petite image pieuse de Caterina, aux mains ouvertes et stigmatisées, à la tête couronnée d’épines comme son Seigneur et la prière à murmurer doucement, là, entre mes mains dans l’église vénitienne.

Mohamed Choukri et Tanger (les écrivains et leurs villes)

Ecrit par Amin Zaoui , le Vendredi, 18 Avril 2014. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Souffles...


Mohamed Choukri et Tanger, Sayeh Habib et Saïda, Ahlem Mosteghanemi et Constantine, Med Meflah et Relizane… à chacun sa Mecque, son mur des lamentations, son miroir et son amour. Aux yeux des écrivains, les murs des villes ne sont pas des pierres, ils sont l’âme, la mère et la langue.

Les rues ne sont pas des allées et des trottoirs, elles sont les chansons, les amis et les avenirs. En août 1991, pour la première fois je visite Tanger. J’arrive dans cette ville légendaire pour rencontrer l’écrivain Mohamed Choukri, auteur du célèbre roman autobiographique Le pain nu, pour échanger avec lui sur l’audace de l’écriture autobiographique. J’ai mémorisé cette rencontre dans l’émission Akwas (Parenthèses) que je produisais et animais pour le compte de la Télévision algérienne. Nous arrivons au Maroc par route : le réalisateur, le caméraman, le chauffeur et moi-même. Il était presque minuit lorsque nous sommes arrivés à Tanger. Une ville légendaire grâce aux écrits de l’Américain Paul Bowles, le Français Jean Genet, l’Espagnol Juan Goytisolo et d’autres. Je n’avais pas l’adresse de Mohamed Choukri. Son téléphone à la maison ne répondait pas.