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Les Chroniques

A propos de "Le livre, la table, la lampe" de Claude Ber

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 23 Septembre 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

Le livre, la table, la lampe, Claude Ber, Éditions le Grand incendie, Coll. Les Petites anthracites, 2010 (réédition in "il y a des choses que non", Editions Bruno Doucey, 2017)

 

Le livre, la table, la lampe est dédié – notamment, comme nous le verrons – à René Char. Jean Starobinski constate avec justesse : « Il n’est aucun poème, aucune ligne de René Char qui ne nous donne le sentiment de l’ouverture. Un espace accru apparaît devant nous, s’illumine en nous. Cet espace s’offre à nos yeux ouverts. Il n’a pas les facilités du songe : c’est le volume foisonnant et rude de notre séjour terrestre, c’est l’instant de notre souffle présent, révélés dans leur étendue plénière. Quelque chose d’immense, d’intense, s’annonce impérieusement. […] La parole poétique s’environne d’un en deçà et d’un au-delà qui ne sont pas atteints et nommés, mais que l’énergie du poème ne cesse de désigner. Le sentiment d’ouverture, plus encore qu’il ne résulte de l’étendue offerte à la domination de notre regard, tient à la façon dont René Char, en donnant au présent et à la présence tout leur éclat, sauvegarde l’intégrité du lointain et de l’absence. La grande alchimie du poème consiste à impliquer dans le présent du langage, dans le mouvement actuel de la parole, une relation vigilante avec ce qui ne se laisse ni posséder ni nommer, avec ce qui s’annonce et se dérobe dans l’intervalle absolu ».

L’homme noir dans l’imaginaire musulman, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 20 Septembre 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Dans l’imaginaire musulman, le Noir est équivalent à l’esclave.

Les musulmans, à travers leur Histoire, étaient et ils le sont toujours, proie à la culture ségrégationniste et chauvine envers les Noirs ! Ce sentiment d’esclavagisme trouve ses racines chez les califes, les fkihs, les poètes et les petites gens… Cette culture est toujours vivante, transmise de génération en génération. Les chroniqueurs et les historiens musulmans, toutes sensibilités politiques ou religieuses confondues, ont rapporté des faits de califes et rois musulmans marqués par une conduite honteuse envers leurs sujets noirs africains. Cette gent humaine se vendait et s’achetait comme du bétail partout dans la terre d’islam (je n’évoque pas ici l’Histoire occidentale ou chrétienne, c’est une autre histoire envers la traite noire).

Dans la langue arabe, on trouve un riche lexique qui désigne les différentes catégories d’esclaves noirs : abd, mamlouk, khadim, ama, jariya, raqiq, ghoulam, zinj… Cette culture trouve sa place dans l’imaginaire populaire comme dans les réflexions d’élites musulmanes.

Dissoudre la femme : l’entreprise morbide du contre-nu, par Kamel Daoud

Ecrit par Kamel Daoud , le Jeudi, 15 Septembre 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Techniques du contre-nu. L’armée islamique de l’Irak et du Sham est objet de fascination. Comme le retour d’un vieux dieu sanguinaire, dans le sang des hommes. Daech tue, détruit, efface, nivelle et apporte le désert partout, avec la harangue et la mort. Dans le dos du monde « arabe » qui regarde la Palestine qui regarde les morts qui regardent, à leur tour, les vivants. Daech poursuit, délivre ses premiers passeports, organise des mariages collectifs ou des lapidations de femmes, invite à des jeux, coupe des têtes et des mains et édite des modes. Ainsi, sa dernière directive céleste : l’habit de la femme. Bien sûr. Car le corps de cette malheureuse est source du Mal, du vide, du néant. Comment réussir le contre-nu parfait ? Comment effacer la femme, ses traces, contours, voix, rires, courbes, ombres, yeux et prénoms ? Etrange courant de fond : il va de la Turquie où un ministre aux yeux perfides a déclaré que le rire des femmes est indécent, à Daech qui vient de publier son Daech-fashion : la femme doit porter une robe ample, noire, qui ne laisse pas deviner, en dessous, ni le corps, ni la courbe, ni les autres vêtements. Cette robe doit être sombre, volante pour mieux effacer la femme, de couleur noire donc, invisible ou seulement comme une tache. La femme doit aussi cacher sa bouche, son menton, ses lèvres et même ses yeux. Elle ne peut rire, ni sortir dans la rue sans un accompagnateur parent ou époux.

Lettre ouverte aux auteurs Indépendants, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 07 Septembre 2016. , dans Les Chroniques, La Une CED

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Réponse à l’avalanche de commentaires délétères émis suite à une chronique que j’ai rédigée sur mon blog :

Chroniquer un auteur indépendant, c’est carrément se tirer une balle dans le pied dès lors que l’on adhère pas au compliment dithyrambique qui a transformé peu à peu l’autoédition en un univers fermé, une espèce de fraternité gélifiée avec ses codes vestimentaires, ses commentaires en listing, ses guéguerres de tranchée et ses omertas. Alors que les choses soient bien claires : je vous emmerde !

Chroniquer  un auteur « Indé » c’est mettre le doigt dans un monde où comme dans la vraie vie pullulent des teignes égotiques qui se prennent souvent pour des génies incompris et ont l’amertume vengeresse, tout en brandissant la pancarte « je suis bienveillance ». On s’y bat pour être au Top 100 Amazon, tout en chiant sur ce géant capitaliste où pourtant on va toutes et tous barboter, indés ou non, en espérant que le nombre exponentiel des ventes nous sauvera de la noyade anonyme.

Une poésie du lien - à propos de deux livres des éditions du Lavoir St-Martin 

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 06 Septembre 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

à propos de deux livres des éditions du Lavoir St-Martin :

D’ors et de ciel, Pascale Anglès, mai 2016, 55 pages, 15 €

Chemin de feu, Bernard Grasset et Glef Roch, 2013, 87 pages, 20 €

 

C’est lors d’une soirée et d’un récital de poésie dans la résidence d’été de l’éditrice du Lavoir S-Martin, que j’ai rencontré la poétesse Pascale Anglès, laquelle m’a offert son recueil paru en mai dernier. Par la même occasion, Bernard Grasset m’a lui aussi offert un recueil de textes poétiques sur la peinture de Glef Roch. Ainsi, je suis reparti dans la chaude nuit limousine, avec ces deux livres qui m’ont frappé tout autant par leur adresse que par la qualité des textes. Et comme tout cela revient au mérite de Marie-Noëlle Chabrerie, l’éditrice de ces deux ouvrages, j’ai décidé de rassembler ces deux lectures car elles présentaient toutes les deux un terme commun, le lien, une poésie du lien.