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Les Chroniques

Carnets d’un fou-XLI - Juin 2016, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Jeudi, 07 Juillet 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Bêtise humaine. « Humaine » est de trop : il n’y a que les hommes qui soient bêtes

Jules Renard, Journal, 1898

 

#. Juin. Lassitude. Il est temps de rejoindre la campagne bourguignonne. Il nous faut le silence, la paix et nos voisins lunatiques. Ce sera aux alentours du 20.

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#. Je rédige mes lectures pour La Cause Littéraire. Travail plus ou moins facile, mais plaisant dès lors que je l’ai commencé. Avec appétit, je pense aux deux ou trois écrits en cours. Là, il me faut poursuivre et terminer. Ce carnet de juin sera bref, c’est probable. À moins que l’herbe, les arbres et le vent me réservent des étonnements nouveaux. Lecteur, je te prépare en douce aux visions champêtres. Au bucolique.

Le 6/VI

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Orphée du fleuve, Luc Vidal (6 & Fin) - Au bord du monde

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Jeudi, 07 Juillet 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Orphée du fleuve, Luc Vidal, éditions du Petit Véhicule, 1999, trad. géorgien Anne Bouatchidzé, 197 pages, 18 €

 

6. Au bord du Monde

Ce long poème dédié à Jacqueline ouvre le jardin des mots de « l’aube de demain » encore inconnue et qui « sera mouillée par l’averse de ta nuit amoureuse ». L’amour chanté y est souffle de liberté, ouvrant les volets du bonheur sur la ville et le corps de la femme aimée (« je me sens libre et mes chiens ne mordent plus »), le poète peut sentir en lui « se libérer les otages (…), rendu au cœur libre du monde ».

Le poète chante et enchante la présence et la sensualité de la femme aimée, le corps de celle-ci ouvrant une « ville d’amour », et compare sa « beauté d’amour » à la fraîcheur vibrante et parfumée des éléments naturels,

À propos de Ainsi parlait Emily Dickinson (Arfuyen), par Didier Ayres

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 06 Juillet 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Portrait de femme en artiste

à propos de Ainsi parlait Emily Dickinson, Arfuyen, 2016, trad. Paul Decottignies, 13 €

 

Ma relation avec la poésie d’Emily Dickinson est complexe et a eu recours à trois moments de trois lectures, dont la dernière est publiée ces jours-ci par les éditions Arfuyen dans sa nouvelle et belle collection « Ainsi parlait ». En effet, j’ai trouvé avec cette édition, une Dickinson très incarnée et en lutte avec ce qui me paraît le plus important, c’est-à-dire la vie, son au-delà, et la pensée. Il faut d’ailleurs savoir que la poétesse, si célèbre aujourd’hui, n’a volontairement rien publié de son vivant. Elle ressemble à cet égard, dans un tout autre registre, à Fernando Pessoa qui, grâce à son hétéronomie, si je puis dire, a su conquérir la célébrité de son œuvre après sa mort. Il est donc très important ici de voir combien l’immortalité tient une place importante pour ces 1789 poèmes, 1049 lettres et 124 fragments que nous laisse la grande poétesse américaine.

Lettres sur la littérature, Walter Benjamin (3ème article), par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Mardi, 05 Juillet 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Lettres sur la littérature, Walter Benjamin, Zoé, mars 2016, édition établie et préfacée par Muriel Pic, trad. allemand Lukas Bärfuss, maquette de couverture Silvia Francia, 150 pages, 15 €

 

Un chasseur à l’orée du bois

 

« Le processus de décomposition actuel de la littérature française empêche même la germination à long terme des graines qui y semblaient semées »

W. Benjamin, pp.108-109

 

Pour Benjamin, on le comprend, toute littérature n’est lisible qu’en tant que composante du combat philosophique, sociologique et politique qu’il mène, avec ses connaissances et amitiés (parmi elles, celle de Max Horkheimer) nées autour des activités d’un groupe d’intellectuels marxistes et antifascistes regroupés sous la dénomination d’École de Francfort (1).

Le présent sacré à propos de Tracé du vivant de Marie-Claire Bancquart

Ecrit par Didier Ayres , le Samedi, 02 Juillet 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Tracé du vivant de Marie-Claire Bancquart, Arfuyen, 2016, 11€

 

Comme j’essayais d’aborder ce livre reçu il y a peu, j’ai cherché une manière originale de l’atteindre. Pour finir, j’ai agi tout simplement en considérant la couverture. Car ce Tracé du vivant s’ouvre sur un fac-similé d’une partition manuscrite d’Alain Bancquart, l’époux de la poétesse. J’étais ainsi déjà d’emblée en compagnie d’une écriture sobre et élégante. Mais, pas seulement, car cette lecture du recueil que publie Marie-Claire Bancquart dans la collection des Cahiers d’Arfuyen, cette année, recèle de grandes questions métaphysiques, essentiellement sur le temps et la mort. D’ailleurs ce goût de mort pousse à la sagesse ; là, l’écoulement du temps revient à observer le temps qui passe, heures, jours, années, saisons qui se reflètent et s’entremêlent au point de laisser le poème encore assez ouvert à la vie – comme l’y invite Levinas par exemple, au sujet de soi, d’un soi-même étant toujours ouvert, jusqu’à la blessure, jusqu’à autrui.