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Les Chroniques

à propos de L’Immobilité battante, entretiens avec Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 05 Septembre 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

L’Immobilité battante, entretiens avec Jean-Pascal Léger, Pierre Tal Coat, L’Atelier contemporain, juin 2017, photographies Michel Dieuzaide, 120 pages, 20 €

 

Une peinture ouverte

 

Ce qui est le plus apparent, à la lecture des entretiens qu’a donnés Pierre Tal Coat à Jean-Pascal Léger, c’est le caractère spécifique de la peinture qui reste rétive à la réification par le langage. On est convaincu qu’être peintre c’est d’abord se débattre avec la porosité des sujets, peiner à circonscrire l’espace final du tableau, saisir le temps. Par exemple, le colza – à quoi Tal Coat fait beaucoup allusion – peut se peindre, mais par quel bout : en tant que champ, que fleur, que couleur ou qu’essence de graine d’oléagineux ? ce qui reste au regardeur, c’est l’importance de la tension de la lumière qui s’accroche, qui bifurque sur le colza. Le reste n’est que dissertation – sachant que la peinture existe justement pour disserter…

Carnets d’un fou LII - Mai 2017, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

 

« Je te hais enfin [politique] parce que c’est toi qui nous as valu cette terrible parole d’Henri Heine : En France il n’y a plus de nation, il n’y a que des partis ».

Alphonse Daudet, Robert Helmont

 

#. Printemps affligeant. Hier soir, mercredi 3, sur tous les écrans (seules fenêtres ouvertes sur le monde à la nation), Mme Le Pen, représentante du FN, et M. Macron, à la tête de la troupe hétéroclite En Marche, se sont affrontés dans un face-à-face d’une agressivité extrême, d’une discourtoisie stupéfiante, parfois d’une vulgarité sans exemple encore à ce niveau, lequel ne fut donc pas à la hauteur de l’enjeu.

A propos de Tu ne parleras pas ma langue, Abdelfattah Kilito

Ecrit par Fedwa Ghanima Bouzit , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Tu ne parleras pas ma langue, Abdelfattah Kilito, Actes Sud, 2008, trad. arabe (Maroc) Francis Gouin, 112 pages, 17,30 €

 

Bilinguisme, traduction et territoires linguistiques

Abdelfattah Kilito est un grand lecteur. Dans ses essais comme dans ses récits, les références et les anecdotes littéraires abondent, tissées par une narration ludique et sagace. Car Kilito ne se limite pas à citer La divine comédie de Dante ou Les séances de Hamadhâni pour faire preuve d’une bonne culture littéraire, il fait de ces références des outils d’introspection et d’interrogation du monde.

Dans Tu ne parleras pas ma langue, l’auteur explore des questions propres à la langue, cet espace où nous résidons, mais aussi cet hôte qui nous habite, « un hôte pervers et têtu qui descend chez [le locuteur] sans permission, s’empare de lui et l’habite malgré lui ». Ce champ de pouvoirs, car « le pouvoir de nommer équivaut à la domination et signifie la maîtrise du monde ».

Tu ne parleras pas ma langue est une lecture riche et cocasse qui nous interroge sur notre rapport à la langue et nous donne envie de redécouvrir bien des auteurs et des pans de l’histoire sous l’angle linguistique.

A propos de Projet Anastasis, Jacques Vandroux

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 22 Août 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED

Projet Anastasis, Jacques Vandroux, Robert Laffont, juin 2017, 528 pages, 20 €

 

J’ignore si Jacques Vandroux connaît les conseils en écriture prescrits par Bernard Weber comme étant la recette magique du succès assuré… Toujours est-il que son ouvrage Projet Anastasis, publié par les éditions Robert Laffont, est un chef d’œuvre de marketing. Tout est pensé, pesé, agencé, contrôlé. Rien ne semble laissé au hasard tant dans le mécanisme parfaitement huilé de l’intrigue, qui joue les montagnes russes avec l’adrénaline figurée du lecteur, que dans les protagonistes principaux et secondaires de cette fiction.

Tout commence par le récit, talentueux et étonnamment évocateur dans sa réalité narrative, d’un attentat en plein Paris au cours duquel le terroriste, responsable du massacre, sauve malgré lui le petit Alexandre, fils d’un homme politique influent et de la femme qu’il vient de blesser mortellement, avant de disparaître avec l’enfant. Qui est-il ? A quelle mouvance appartient-il ? A qui obéit-il ? La réponse constitue la trame du roman.

Clap de fin de la première partie. Le décor est solidement planté pour les séquences suivantes qui se déroulent tambour battant sur cinq plans.

De la vie - À propos de La Somnambule dans une Traînée de Soufre, Catherine Gil Alcala

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 16 Août 2017. , dans Les Chroniques, La Une CED, Poésie

La Somnambule dans une Traînée de Soufre, Catherine Gil Alcala, éd. La maison brûlée, juin 2017, 13 €

 

On commence à connaître la voix de Catherine Gil Alcala, surtout en relation avec son travail de dramaturge, mais un peu moins en regard de sa poésie. D’ailleurs, les deux exercices lui procurent une originalité qui ne dément pas de livre en livre. Ce recueil, La Somnambule dans une Traînée de Soufre, qui pourrait peut-être être sous-titré par : une élégie des animaux ou une érotique du vocabulaire, est surtout un texte hybride et complexe, à la fois matière vivante et organisation de signes.

Il faudrait pour une étude scientifique (dont ces lignes d’aujourd’hui ne sont pas l’objet) se pencher sur les occurrences des noms d’animaux, et souligner en cela le caractère matériel des métaphores de la poétesse. Car c’est bien ici le secret de cette poésie où sa valeur vitale dépasse l’écriture et lui fait un climax. Cependant, en réfléchissant avant d’écrire cette note, il est apparu impérieux de rapprocher ce recueil des belles pages de Jean à Patmos, et souligner l’écho de ce texte dans le background de C. Gil Alcala, avec les figures de l’Apocalypse. Figures sexuelles aussi, dynamisantes et vives.