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Les Chroniques

Un voyage en fragments - à propos de Hellade, de Bernard Grasset

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Janvier 2016. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

Hellade, Bernard Grasset, éd. Le Lavoir Saint-Martin, novembre 2015, 119 pages, 15 €

 

Socrate et Platon    Saint Paul

Morale et philosophie  Exégèse

 

Je connaissais Bernard Grasset pour ses traductions de l’hébreu et du grec, et j’ai déjà écrit quelques notes sur ses travaux. Aujourd’hui, je voudrais évoquer mon chemin de lecture avec Hellade, le dernier livre de l’auteur, dont la photographie de couverture – méditerranée, et îles grecques sans doute – évoque très vite de quoi il s’agit. Comme la photographie de couverture de l’ouvrage et le titre nous invitent au voyage, j’ai pensé assez vite au voyage en Italie de Montaigne, qui partait pour les eaux italiennes et allemandes avec son valet, valet d’ailleurs qui lui a donné du souci. Mais, même si ce livre prend la forme d’un journal, il est rapidement apparent que l’objet fini a été élaboré en plusieurs étapes car peu de notes brutes sont livrées au lecteur. Et puis, la quantité de citations grecques demandaient sûrement un séjour dans la bibliothèque de l’artiste. D’ailleurs, l’auteur indique à la première ligne le bureau où il écrit, non loin de son fils qui joue du piano-orgue.

La voix du silence - à propos de "Le visage secret", Alain Suied

Ecrit par Didier Ayres , le Mardi, 15 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

à propos de Le visage secret, Alain Suied, éd. Arfuyen, 2015, 13 €

Dans les hautes profondeurs

de la mémoire, le silence

contient tous les chants du vivant.

 

Pour commencer cette chronique, il me faut parler de l’architecture générale de l’ouvrage qui s’organise selon deux parties inégales en volume. La première est composée d’une suite régulière ou presque de séries de dix poèmes numérotés et sans titres ; la seconde partie, beaucoup plus courte, s’agence autour de trois recueils de deux ou trois poèmes, numérotés eux aussi et sans titres. Cette dernière indication a son importance pour moi, car j’y vois quelque chose qui indique où le poète se situe. Il est une voix après la Shoah, le génocide d’un peuple dont il est issu – et ainsi, nommer par le langage est difficile. Car le poète porte avec lui comme tous les poètes d’après la Catastrophe, l’âpre question d’Adorno qui se demandait comment écrire de la poésie après Auschwitz. Voilà un livre qui est important à ce titre, sachant aussi qu’il s’agit d’une publication posthume de l’auteur, ce qui rend très dense son propos littéraire. Et aussi parce que ce recueil pose un problème vif au cœur des poètes.

Carnets d’un fou, XXXIII, par Michel Host

Ecrit par Michel Host , le Samedi, 12 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Non, cette fois-ci pas d’exergue ou d’épigraphe, ça vous apprendra ! Nous souffrons assez comme ça, ne croyez-vous pas ? D’ailleurs, avec octobre s’ouvre la période des prix littéraires. Que voulez-vous de plus ?

M. H.

 

# Lecteur, tu es un vaillant galopin. Calé dans ton fauteuil, tu dévores page sur page. Pendant ce temps-là, tu ne fais rien de tes mains. Le va-et-vient du corridor est en panne… la bonne n’est pas venue, la vaisselle s’entasse dans l’évier. Pourtant ce sont petits travaux à ta portée. Quant à ton cerveau, permets-moi d’être perplexe. Il s’instruit, il pense, il s’émeut… Un cerveau s’émeut-il ? Le tien, probablement. Il se dit : quel bon moment ! Quel bonheur !

D’ailleurs les dames, dames écrivaines surtout, à la radio, à la télévision ne s’écrient-elles pas, émues aux larmes : « C’est mon coup de cœur ! », ou bien : « Je les adore mes personnages. Ils ne me quittent pas. En faire disparaître un est une tragédie pour moi ».

Le 1er/X/2015

Traces de la Shoah et traque des origines dans le roman Austerlitz de W.G. Sebald

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Jeudi, 10 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, La Une CED

Tentative d’analyse personnelle du roman

Au moment où le roman Austerlitz revient sur le devant de la scène par une adaptation osée, étrange, inclassable et hautement personnelle, qu’en propose Stan Neumann, qui ouvrira le 19 mars à Paris la 37e édition du Cinéma du Réel, festival international de films documentaires, il me paraît intéressant de remettre à l’honneur ce roman tout à fait original de W.G. Sebald.

Une question qui intrigue

Pourquoi W.G. Sebald a-t-il été fasciné par le destin singulier de ceux qui, persécutés par l’Allemagne nazie, ont dû émigrer, lui qui n’a connu cette période que dans l’après-coup ? En effet, dans son livre Les émigrants, prélude à Austerlitz, il met en scène trois héros juifs qui ne découvrent leur judaïté que tardivement. Toutefois, nous nous concentrerons sur le roman Austerlitz, qui reprend toutes les questions qui préoccupent cet auteur. Nous verrons encore que l’écrivain essaie de comprendre le sens d’une tragédie tout en traquant une part cachée de lui-même. W.G. Sebald est en effet hanté par les fantômes de la Shoah et par le silence des Allemands de sa génération, après la guerre, autour de cet événement qui a bouleversé tout le vingtième siècle.

Citoyen ou croyant ?, par Amin Zaoui

Ecrit par Amin Zaoui , le Mercredi, 09 Décembre 2015. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

 

Souffles


Ce ciel bleu, au-dessus des têtes des pauvres citoyens du monde arabo-musulman, est bourré de télévisions satellitaires. Des femmes en décolleté, d’autres en hidjab, d’autres ne ressemblent ni aux premières ni aux deuxièmes. D’autres barbus en kamis. D’autres en costards ! Des télévisions qui n’arrêtent, 24h sur 24h, de cracher du poison religieux dans l’esprit des jeunes en perte de repères et de culture éclairée ! Toutes sortes de poisons religieux extrémistes. Hautement installées, ces stars télévisuelles de la propagande religieuse ne cessent d’allumer les feux des haines entre les cultures, entre les religions, entre les peuples.