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Anthologie

Les Miscellanées d’un bouquineur, Virgile Stark (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 21 Mars 2023. , dans Anthologie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Les Belles Lettres

Les Miscellanées d’un bouquineur, Virgile Stark, Les Belles-Lettres, novembre 2022, 156 pages, 17,70 € Edition: Les Belles Lettres

 

On peut passer sa vie professionnelle à vendre des livres dans une librairie ou à les prêter et en assurer le retour dans une bibliothèque publique sans jamais en lire un seul. Le fait que le prix d’un volume soit désormais imprimé au bas de sa quatrième de couverture évite au commerçant de feuilleter le volume pour établir sa facture. Dans les bibliothèques publiques où un ouvrage se réduit désormais à un code-barre, le seul membre du personnel amené à ouvrir un volume est celui chargé de le cataloguer – et encore peut-il se contenter de copier les informations fournies par une base de données. Bref, ceux qui vivent au milieu des livres ne sont pas ipso facto les mieux placés pour en parler. Bien entendu, il existe d’heureuses exceptions et Virgile Stark en constitue une, qui manipule des livres les jours ouvrables à la bibliothèque où il travaille et bouquine sur ses heures de loisir. De sa longue et assidue fréquentation des livres, il a tiré un volume de Miscellanées d’un bouquineur, auxquelles les Belles-Lettres ont donné une forme particulièrement agréable, originale et réussie.

Ainsi parlait Épicure par Gérard Pfister (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 03 Janvier 2023. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arfuyen

Ainsi parlait Épicure, fragments inédits choisis et traduits du grec et du latin par Gérard Pfister, Orbey, Arfuyen, 8 septembre 2022, 188 pages, 14 €. Edition: Arfuyen

 

Il faut être prudent, nous le savons tous, lorsque l’on parle de complot ou de conspiration, qui impliquent tous deux un secret absolu, alors que, le plus souvent, le plan est posé sur la table, accessible à quiconque veut – ou peut – le voir et a la curiosité de le consulter. Dans le cas particulier d’Épicure, cependant, tout se passe comme si une double conjuration avait été à l’œuvre. D’une part pour faire disparaître matériellement son œuvre : les doxographes antiques rapportent qu’il avait composé trois cents volumes. On peut toujours débattre quant à savoir s’il s’agissait de livres distincts, autonomes au sens moderne du mot, ou de rouleaux séparés (il en fallait plusieurs pour transcrire un traité entier). Quoi qu’il en ait été, l’ensemble était considérable et la comparaison avec le massif des œuvres de Platon, Aristote ou Plotin qui nous sont parvenues s’impose. Or, de cet ensemble très important, ne subsistent que trois lettres, des maximes et divers fragments. D’autre part, à défaut d’un effacement complet (la survie du peu qui subsiste tient à une succession improbable de miracles philologiques et archéologiques), la pensée d’Épicure a fait l’objet d’un gauchissement et d’un travestissement trop systématiques pour ne pas avoir été délibérés.

Ainsi parlait André Gide, Dits et maximes de vie, Gérard Bocholier (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 20 Octobre 2022. , dans Anthologie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Arfuyen

Ainsi parlait André Gide, Dits et maximes de vie, Gérard Bocholier, Arfuyen, mai 2022, 176 pages, 14 €

 

 

La question qu’on pose ici est très simple : comment Gide peut-il en même temps haïr le mensonge et révérer la poésie ? Autrement dit : comment s’en tenir à la vérité dans l’irréel (car ce que la poésie rend réel, elle ne le tient en tout cas pas de lui) ? Car le mensonge lui est odieux – mentir, dit Gide, c’est jeter l’interlocuteur sur un terrain où le libre examen lui sera impossible, car on ne peut pas considérer librement ce qu’on ignore être faux – et la poésie lui est pourtant indépassable. Mentir, c’est enrayer l’esprit critique d’autrui, car on ne juge sainement que là où l’on peut contrôler (enregistrer, et rectifier) sa propre distance à la vérité, et toute victime – s’ignorant telle – d’un mensonge en est empêchée. Mais comment un poète ne mentirait-il pas, puisque tout récit se façonne, toute métaphore est méandre et diversion, et toute inspiration jaillit d’un (peu sécurisable) amont du réel ?

Anthologie du théâtre français du 20ème siècle, Écrire le théâtre de son temps (par Olivier Verdun)

Ecrit par Olivier Verdun , le Lundi, 19 Septembre 2022. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Anthologie du théâtre français du 20ème siècle, Écrire le théâtre de son temps, anthologie et dossier réalisés par Cécile Backès, lecture d’image par Henri Scepi, 383 pages, 8,90 € Edition: Folio (Gallimard)


L’anthologie qui nous est ici offerte par Cécile Backès regroupe une trentaine d’extraits présentant un panorama historique du théâtre français du 20ème siècle. D’Émile Zola à Yasmina Reza, de Roger Vitrac à Marie N’Diaye, en passant par une pléiade d’auteurs connus et reconnus – Albert Camus, Samuel Beckett, Bernard-Marie Koltès, etc. –, cet ouvrage condense en 383 pages des pièces qui ont fait événement, qui sont synonymes de ruptures esthétiques, qui ont créé la surprise ou le rejet parfois. Le décor est campé dès la première page : « On trouvera ici des premières pièces, des chefs-d’œuvre, des naissances et des apogées. Des pièces à “message”, des pièces à “thèse”, des langues qu’on dirait étrangères, des langages inouïs, des formes inconnues. Toutes sont des actes poétiques ».

Le Livre des préfaces, Gérard Klein (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 02 Mai 2022. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Le Livre de Poche

Le Livre des préfaces, Gérard Klein, octobre 2021, textes réunis par Ellen Herzfeld et Dominique Martel, 1240 pages, 21,90 € Edition: Le Livre de Poche

« La Science-Fiction est la meilleure gymnastique de l’esprit moderne. Pendant trois ans de sa vie, chacun d’entre nous devrait dévorer de la Science-Fiction au kilomètre. C’est comme le polar ou la bédé, ces récits façonnent aujourd’hui notre vision du monde. La SF ouvre les portes de l’imaginaire, joue avec la combinatoire des futurs possibles ou impossibles, fait travailler le cerveau droit, celui de l’intuition et du prophétisme, familiarise avec les grands déferlements et les grands changements ».

Ces mots de Gérard Klein sont extraits de la préface à Histoire de Science-Fiction, une anthologie promotionnelle proposée dans le magazine Actuel en 1984, et on ne saurait mieux dire – pour les trois genres proposés (auxquels pourrait être adjointe la Fantasy), puisqu’on a soi-même dévoré ces genres par instinct et par goût, et que l’on se replonge avec délectation dans un bain régulier de récits de science-fiction, parce que l’on sent bien que l’imaginaire en ressort revigoré – et qu’on en éprouve un plaisir qu’on laisse aux imbéciles le plaisir douteux de nommer « honteux ». De même qu’est assouplie la façon de penser, d’envisager le monde – et pas uniquement à cause du contenu de ces romans, mais aussi par leurs jeux formels et narratifs.