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Anthologie

Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, Dits et maximes de vie choisis et présentés par Jacques Goorma (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Lundi, 04 Avril 2022. , dans Anthologie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Arfuyen

Ainsi parlait Saint-Pol-Roux, Dits et maximes de vie choisis et présentés par Jacques Goorma, mars 2022, 176 pages, 14 € Edition: Arfuyen

 

« Le jour fameux où la science aura capté l’énergie solaire – ce doit être d’une simplicité scandaleuse – nous maudirons les illustres inventeurs de lumignons et l’on ne manquera pas, je suppose, de pendre au plus haut réverbère quelque grand propriétaire de mine de charbon ou de puits de pétrole » (fr.174, 1929).

Saint-Pol-Roux, né Paul Roux à Marseille en 1861, a vécu quarante ans de XIXème siècle, et quarante de XXème. Il a été estimé de Mallarmé (qui l’appelait son « fils »), de Rodin, de Valéry, de Segalen, de Debussy, de Céline, de Jean Moulin, de Breton, de Max Jacob, de Daumal. Il a pourtant vécu assez vite retiré, dans la solitude et la gêne, en Bretagne, en y fondant famille heureuse, mais tragiquement éprouvée (il perd son fils Coecilian à Verdun, manque de perdre sa fille Divine en juin 40, grièvement blessée par un soldat allemand, qui s’en prend aussi à lui. Pendant leur séjour à l’hôpital, la maison est pillée et en partie brûlée, avec presque tous ses manuscrits ; il meurt quelques semaines plus tard. Sa maison finistérienne sera par ailleurs dévastée par des bombardements alliés en août 44 : ses ruines demeurent sur le promontoire de Camaret).

Ainsi parlait Montaigne, Gérard Pfister (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 04 Avril 2022. , dans Anthologie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Arfuyen

Ainsi parlait Montaigne, Gérard Pfister, éditions Arfuyen, janvier 2022, 192 pages, 14 €

 

Humanisme

Retrouver la force vive de l’humanisme de la Renaissance, ici, avec des dits et des maximes de Montaigne, est un plaisir sans partage. C’est voir l’homme du Cinquecento et entendre une voix, un esprit qui a connu la totalité de la littérature de son époque. On n’y trouve nulle pédanterie de savant, mais plutôt des règles morales et une recherche de la vérité. Là, nous sommes au début d’une ère nouvelle. Mais cet homme de la Renaissance qui a irrigué comme honnête homme l’histoire de la pensée, aboutit en ce début de troisième millénaire à un autre homme, celui d’une humanité fragmentée, plongeant les êtres humains dans leur narcissisme, où l’individualité de citoyen se transforme en idée de niches seulement ouverte aux besoins d’un consommateur ciblé, oubliant l’honneur, la dignité de la pensée, la morale des actions. D’une autre manière, Montaigne est lui aussi à un seuil.

Ainsi parlait Montaigne, Dits et maximes de vie, Gérard Pfister (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 28 Février 2022. , dans Anthologie, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Arfuyen

Ainsi parlait Montaigne, Dits et maximes de vie, janvier 2022, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Gérard Pfister Edition: Arfuyen

 

L’italianisme de Montaigne

Il est des collections que des éditeurs cultivent avec exigence et méthode qui méritent tout notre intérêt. Celle des « Ainsi parlait… » des Editions Arfuyen en fait partie, elle qui rassemble les « dits et maximes » des auteurs qui ont marqué de leurs empreintes la réflexion ou la richesse de sensibilité dont l’humanité est capable. Ces ouvrages ont valeur d’initiation mais aussi d’éclairage et de révélation sur un auteur qu’on pense parfois bien connaître. Ainsi de Montaigne, dont les maximes de vie ont été choisies et présentées par Gérard Pfister. Une des grandes originalités de ce petit ouvrage (par son format) est de montrer l’importance du voyage en Italie que fit Montaigne dans les années 1580-81. Outre la culture antique dont il est pétri, c’est de l’influence italienne dont il est question ici.

Ainsi parlait Pétrarque, Dits et maximes de vie (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Lundi, 13 Décembre 2021. , dans Anthologie, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED, Italie

Ainsi parlait Pétrarque, Dits et maximes de vie, François Pétrarque, éditions Arfuyen, octobre 2021, trad. italien et latin, Antoine de Rosny, 169 pages, 14 €

 

Écriture universelle

Découvrir l’axiologie de Pétrarque est une grande joie littéraire et philosophique. Car cette lecture nous replace au cœur de ce que l’on nomme la sagesse gréco-latine. Tout ici émane du parfum subtil de notre vieil humanisme de la Renaissance – si l’on considère le trecento comme ouvrant sur la Renaissance Italienne. L’homme occidental est défini lui aussi, bien après, par Montaigne et la valeur qu’il donne à « L’Honnête homme », et par l’invention au siècle suivant de la perspective (avec Masaccio). En tous les cas, la poésie change, se transforme, quitte l’emprise féodale et la chanson des troubadours par exemple, pour explorer des sentiers neufs (comme le fait parallèlement Dante Alighieri). Il y a certainement la conscience de l’éclosion d’un nouvel homme – à l’image peut-être de notre temps où l’on ressent la fin d’une conception anthropologique pour une autre acception.

Lignes de crêtes, Promenades littéraires en montagne, Collectif (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Vendredi, 10 Décembre 2021. , dans Anthologie, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Editions Noir sur Blanc

Lignes de crêtes, Collectif, mai 2021, 296 pages, 29 € Edition: Editions Noir sur Blanc

Excellente idée que celle des Éditions Noir sur Blanc, de marier anthologie littéraire et guide touristique ; encore ce dernier adjectif est-il peut-être mal choisi, car on n’imagine guère des personnes âgées en tenues courtes venir par autocars entiers pour effectuer ces itinéraires, dont certains ne semblent pas vraiment faciles. Précisons encore que les montagnes sont celles de la Suisse, pays bien pourvu dans ce domaine, et les écrivains avant tout ceux de la Confédération, également bien pourvue, ce que la France et l’Allemagne voisines ignorent en général (la littérature helvète étant au moins bilingue). Cela dit, on croise également au fil des pages et des cimes des écrivains aussi divers que Hegel, D. H. Lawrence, Mark Twain, Rimbaud, Herman Melville, André Maurois, Chateaubriand, Musil, Tolkien (qui, comme il le reconnut dans une lettre, s’inspira des paysages suisses pour ses contrées fantastiques), Amiel, Maupassant, Proust, Goethe, James Baldwin ou Paul Celan. Sans qu’elle s’en vante outre mesure, la Suisse se trouve au centre de l’Europe et, avec son mélange de langues allemande, française et italienne, constitue un microcosme du continent entier, une autre « terre du milieu », une Mitteleuropa paisible. Nombreux furent les écrivains qui ne s’y trompèrent pas. De plus, la Confédération offrait un îlot de paix et de stabilité politique au milieu des conflits incessants et des révolutions en tous genres.