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Roman

Le ParK, Bruce Bégout

Ecrit par Yann Suty , le Samedi, 12 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Science-fiction, La Une Livres, Allia

Le ParK, Editions Allia Avril 2010 – 152 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Bruce Bégout Edition: Allia

Sur une île privée au large de Bornéo, un milliardaire a créé le ParK. Comme son nom l’indique, c’est un parc, mais pas comme les autres. Il rassemble en effet tous les types de parcs en un seul, il est le parc de tous les parcs, la synthèse ultime qui rend tous les autres obsolètes.

Avec lui s’ouvre « une nouvelle phase dans l’ère du divertissement de masse », mais qui dépasse les notions mêmes de divertissement et de loisir.

Le ParK est immense. Sa surface est comparable à celle de la ville de Djarkata. Une année ne suffit pas pour en faire le tour et en découvrir toutes ses attractions. Des « attractions » ? Oui, mais ... pas tout à fait. Elles sont si délirantes et violentes qu’elles provoquent l’ahurissement et le malaise. Le qualificatif de « répulsions » leur sied mieux.

Le ParK tient tout autant de Disneyland que de Treblinka.

Il met en scène l’idée de parcage et rassemble en un seul lieu toutes les formes d’enclavement humain pour protéger, isoler, enfermer, domestique, classer, regrouper, exterminer. S’y côtoient une réserve animale, un parc d’attractions, un camp de concentration, une technopole, une foire aux plaisirs, des cantonnements de réfugiés, un cimetière, une kindergarten, des jardins zoologiques, une maison de retraite ou encore une prison.

La Barbarie, Jacques Abeille

Ecrit par Anne Morin , le Jeudi, 10 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Science-fiction, La Une Livres, Attila

La Barbarie, 2011, 123 pages, 15€ . Ecrivain(s): Jacques Abeille Edition: Attila

 

Dernier volet du triptyque des Contrées, faisant suite aux Jardins statuaires et aux Barbares, la Barbarie, en faisant mine d’apporter un point final et un sens, nous enseigne une autre direction, ainsi que le suggère une phrase prononcée par le narrateur au terme de son procès : « (…) on se trompe sur le sens des événements ; nous ne nous éloignons pas de la barbarie, nous y allons » (p. 109).

Revenu à Terrèbre qu’il habitait au moment de son enlèvement par les Barbares, après plusieurs années de quête en compagnie des Cavaliers, le narrateur ne retrouve ni sa place ni son rôle dans une société rigidifiée. Cléton, un bureaucrate à l’emploi mal défini, spécialiste des abysses de l’administration le reçoit au « conservatoire du livre et de l’imprimé » et lui laisse une impression étrange « (…) il était à tous égards d’une inhumaine beauté et semblait quelque dieu antique… » (p. 35). Après une série de démarches dans un dédale administratif kafkaïen, il se voit confier un poste d’assistant subalterne à l’université où il était professeur avant les « événements ». Les temps ont changé. Le narrateur a la mauvaise idée de publier un article sur le peuple des Cavalières, mi-magiciennes, mi-amazones qu’il a rencontrées dans les steppes.

Père et fils, Larry Brown

Ecrit par Yann Suty , le Dimanche, 06 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Folio (Gallimard)

Père et fils (Father and son) Traduction de l’américain par Pierre Furlan Gallimard, 1996, 376 p. – Repris en Folio, n°3608, 2002, 436 p. . Ecrivain(s): Larry Brown Edition: Folio (Gallimard)

 

Le roman noir n’est jamais aussi bon que lorsqu’il vire en tragédie.

Même si ce livre évoque aussi, par son titre, la littérature russe, en reprenant celui de l’une des œuvres phares de Tourgueniev, l’histoire est très américaine et plonge dans le Sud cher à Faulkner. Ce Sud populaire et sale, de petits Blancs, au cœur d’une végétation luxuriante, battu par vents et tempêtes, où l’alcool coule à flots et le crime est toujours (trop) facile. Un décor idéal pour laisser le bien et le mal s’affronter.

Le mal, c’est Glen Davis qui sort de prison. Il y a passé trois ans pour avoir renversé un enfant au volant de sa voiture, alors qu’il conduisait en état d’ébriété. Il revient au pays, retrouve son père, Virgil, et son frère, Puppy. Mais ces années de prison ne l’ont pas calmé, bien au contraire.

Sa mère est morte pendant sa détention, mais personne n’ose révéler à Glen dans quelles circonstances de peur de se frotter à sa colère.

Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison, Arto Paasilinna (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 06 Novembre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Denoël

Le potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison. Trad. du finnois par Anne Colin du Terrail. Mai 2011. 343 p. 20 € . Ecrivain(s): Arto Paasilinna Edition: Denoël

 

Chaque moment de retrouvailles avec Arto Paasilinna et ses univers merveilleux (entendez bien « merveilleux » au sens de contes merveilleux) constitue une promesse – toujours tenue – de jubilation à la fois littéraire et humaine. Le maître finlandais possède cette aptitude magique à faire naître sous sa plume des univers et des êtres magnifiques de folie, d’étrangeté, de bonté, de délire. Et les histoires vont avec. Abracadabrantes, improbables, aux marges du conte fantastique et cependant tellement proches de l’humaine condition.

L’inspecteur principal Jalmari Jyllänketo, de la sûreté nationale finlandaise enquête dans le cadre pour le moins énigmatique d’un ancien Kolkhoze minier devenu  l’entreprise de culture bio la plus florissante du pays. On y fait pousser, dans les galeries souterraines, des champignons particulièrement succulents et dans les champs immenses des herbes aromatiques sublimes.

Les Barbares, Jacques Abeille

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 27 Octobre 2011. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Attila

Les Barbares, mai 2011, 550 p., 25 euros. . Ecrivain(s): Jacques Abeille Edition: Attila


« Ils n’arrivaient pas seuls mais eurent tôt fait d’être les maîtres. » Dès l’orée du livre, les barbares sont là, réduisant à néant la haute civilisation de Terrèbre. Un universitaire raconte… Mais raconte quoi ? Non la conquête, mais le reflux, celui de la horde dont la poussée brutale se commue presque aussitôt en une quête erratique d’un homme et d’un livre. Cet homme, c’est le « voyageur », narrateur et auteur des Jardins statuaires, celui qui cherchait le prince des barbares aux confins du monde des jardins. C’est à présent le prince qui se lance à la poursuite, accompagné du professeur, ethnographe d’un peuple en déclin.

Suite des Jardins statuaires, Les Barbares en sont également l’envers. Traducteur du livre des jardins dans la langue de Terrèbre, le professeur scrute passionnément son reflet dans le monde qu’il découvre. Auteur à son tour, accumulant des notes savantes, il signe un livre symétrique, monument nostalgique du peuple barbare, de même que Les Jardins statuaires témoignent d’un temps révolu, d’une civilisation balayée par ces barbares en train de s’éteindre.