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Roman

Banquises, Valentine Goby

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 05 Mars 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Albin Michel

Banquises. Août 2011. 246 p. 18 € . Ecrivain(s): Valentine Goby Edition: Albin Michel


Un point de départ simple et une histoire simple pour Banquises de Valentine Goby : une jeune femme part sur les traces de sa sœur disparue trente ans plus tôt lors d’un voyage au Groenland.

D’abord camper les personnages. C’est ce que fait l’auteure dans le premier chapitre. Le père. La mère. Les deux sœurs, Sarah et Lisa. Sarah, l’ainée, a une passion : la musique, le beau son, les salles de concert, qu’elle visite de par le monde comme d’autres visitent les musées. Une passion envahissante. Du coup tout le monde oublie un peu la petite, Lisa. Et puis le drame : un jour Sarah quitte la France pour le Groenland. Quelques mois plus tard l’avion revient sans elle. La mère s’enfonce dans la dépression. Le père trouve des dérivatifs. Lisa est toujours ignorée, non pas en raison de la trop grande présence de sa sœur, mais cette fois en raison de sa trop grande absence.

Puisque mon coeur est mort, Maïssa Bey

Ecrit par Nadia Agsous , le Vendredi, 02 Mars 2012. , dans Roman, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Maghreb

Puisque mon coeur est mort, La Tour-d’Aigues, Editions de l’Aube, 2010, 255 p.- 17,80 € 
Editions Barzakh, Alger, avril 2010, pour l’Algérie, 184 p. . Ecrivain(s): Maïssa Bey

Dans la nuit du destin, sur le chemin du retour, un jeune homme est assassiné dans la fleur de l’âge. Il avait à peine vingt ans. Au moment où il s’affale sur le sol, il appelle sa mère : «ya M'ma, ya yemma !» (Ô Mère, ma Mère !).

C’est par cette scène tragique et douloureuse que Maissa, Bey nous introduit dans son dernier roman.

Aïda. Femme. Divorcée. « Sans homme, sans mari ou tuteur légal, ni père ». Enseignant l’Anglais à l’université. Vivant dans un appartement en compagnie de son fils à qui des assassins amnistiés par la loi de la Concorde civile viennent d’ôter la vie.

Douleur. Remords. Culpabilité. Haine. Solitude. Basculement dans la folie. Projet de vengeance. Intention meurtrière…

Mais comment ? Comment ? Comment vivre avec ce vide ? Comment se donner l’illusion de la présence de ce fils unique tant chéri ?

Par l’écriture ! a décidé Aïda. Et chaque jour, la voilà qu'elle « trace sur un cahier d’écolier le chemin – qui  la – mène à l’Absent.

Les champs de Bataille, Dan Franck (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 29 Février 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Grasset

Les Champs de bataille. 29 février 2012. 280 p. 18 € . Ecrivain(s): Dan Franck Edition: Grasset

Dan Franck signe ici un livre comme on n’en fait plus guère ! Par les temps qui courent, de nivellement de la pensée, d’écrasement des enthousiasmes et d’abandon des idéaux humanistes, ce livre fait figure de pavé dans la mare inerte. Dan Franck tisse une œuvre à la gloire de Jean Moulin (bien sûr !) mais aussi et surtout à la gloire des grands élans qui l’ont porté, de victoire en victoire, au sein de la Résistance Française, jusqu’à la mort. Jusqu’à ce sombre jour, premier de l’été 1943, où des salauds (lequel ? Lesquels ?) l’ont donné au sinistre Barbie. A Caluire, dans la tristement célèbre salle d’attente du Docteur Dugoujon.

René Hardy, grand résistant, responsable du réseau Résistance-Fer, est le suspect N°1, le coupable le plus probable de la trahison. Jugé deux fois, deux fois il est acquitté, en 1947 (Albert Camus lui-même, dans Combat, lui apporta son soutien !) et en 1950. Pourtant le dossier était chargé et les preuves presqu’évidentes ! Opacité de l’histoire … L’affaire Jean Moulin restera sans dénouement. De Gaulle et les anciens de la France libre préfèreront lui offrir le Panthéon plutôt que la vérité !

Dan Franck ne se résout pas à ce choix lâche. Son roman (car ç’en est bien un !) est le roman du troisième procès de René Hardy, le roman du procès qui n’a jamais eu lieu. Un juge, à la retraite, noir sénégalais, rouvre le dossier et « convoque » René Hardy devant son tribunal, très exactement dans sa cuisine !

Millenium 2. La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, Stieg Larsson

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 28 Février 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Actes Sud, Babel (Actes Sud)

Millénium 2, La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, (Flickan som lekte med elden, 2006), traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain, Babel Noir, 796 p. 10 € . Ecrivain(s): Stieg Larsson Edition: Babel (Actes Sud)


Millénium, épisode 2. Le travail est prémâché pour l’auteur qui s’attaque à une suite. Le terrain est familier. On connaît déjà les personnages, on n’a pas besoin de perdre son temps en présentations, on peut tout de suite plonger dans l’action. Force est de constater que Millénium 2 n’y parvient pas. Il faut s’avaler près de deux cents pages avant que l’intrigue démarre, et alors elle le fait au rythme d’un tracteur diesel rouillé qui n’a pas servi depuis des décennies.

Le livre souffre d’un gros problème de rythme. Les personnages se multiplient et chacun analyse la situation, mais en ne faisant quasiment que répéter ce que le précédent a dit. Ça tourne en rond. Les pages défilent et rien de nouveau n’apparaît. Le livre fait 800 pages, il n’en aurait pas mérité plus de 400. A croire que l’auteur tire à la ligne.

Millénium 2 est beaucoup plus faible que le premier opus, à tel point qu’il pourrait presque faire passer son aîné pour un chef d’œuvre. Ce qui est pourtant loin d’être le cas.

Une irrépressible et coupable passion (A Wild Surge of Guilty Passion ), Ron Hansen (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 19 Février 2012. , dans Roman, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Buchet-Chastel

Une irrépressible et coupable passion. Janvier 2012. Trad. anglais (USA) Vincent Hugon. 347 p. 21 € . Ecrivain(s): Ron Hansen Edition: Buchet-Chastel

On nous refait le coup du « Facteur » ? Encore ? Après Cain, Billy Wilder, Tay Garnett, Bob Rafelson, récemment Indridason (Betty) et combien de centaines d’autres ? Eh bien oui. Définitivement, Ron Hansen nous le refait !

On peut légitimement penser à quoi bon, que dire de nouveau, peut-on exploiter encore cette histoire usée jusqu’à la corde ? Si on se pose toutes ces questions avant lecture – et on se les pose – après lecture on ne se demande plus qu’une chose : qui et comment osera recommencer un jour ? Parce que ce livre repose sur un regard radicalement nouveau de l’histoire célébrissime du « Facteur sonne toujours deux fois » et, dans ce « radicalement » entendez bien d’une manière définitive.

Ron Hansen a choisi, pour renouveler l’histoire, de revenir simplement à l’affaire originelle ! En 1927, un couple d’amants, Ruth Snyder et Judd Gray, assassine Albert Snyder, l’époux de Ruth, dans son lit. Immédiatement soupçonnés du meurtre, les deux avouent très vite, sont jugés, condamnés à mort et exécutés en 1928.