Identification

Les Livres

Aux amours, Loïc Demey (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 11 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Buchet-Chastel

Aux amours, Loïc Demey, mars 2021, 112 pages, 12 € Edition: Buchet-Chastel

 

Très belle rêverie amoureuse, très stylée et inventive, de Loïc Demey : Aux amours s’immisce dans les plis d’une conscience amoureuse qui nomme les lieux, imagine les scènes et les frôlements. Le narrateur enamouré dans une seule lente et longue phrase pressent les sentiments, les offre au lecteur. Sans complaisance, il dessine les pourtours du désir.

Combien de livres n’ont-ils pas cerné les ombres du désir ? Combien n’ont-ils pas offert au lecteur les moyens faciles d’un sentiment neuf, inaccompli ?

Loïc Demey, jeune poète de quarante-quatre ans, nous embarque dans une folle aventure : le temps d’une seule phrase, imaginer, vivre, sentir une passion pour une personne attendue, qui ne vient pas, une Lise adorée, rencontrée en rêverie profonde.

Ainsi sont-ils, Isabelle Flaten (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 11 Juin 2021. , dans Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Ainsi sont-ils, Isabelle Flaten, Le Réagal-Éditions, 2018, 120 pages, 12 €

 

Entrez mesdames et messieurs, jouvencelles et jouvenceaux, les trois coups viennent de retentir et nous avertir. Le spectacle va commencer. Vous êtes plongés dans le noir de vos existences et vous cherchez obstinément une lueur où tenter de vous agripper. Mais il faudra patienter le temps de la représentation, pour entrevoir la possibilité de sortir de l’ombre et vous retrouver tel qu’en vous-même.

Dans l’intervalle, c’est la montreuse de marionnettes qui va conduire le bal. Elle va vous dévoiler tel que vous croyez être ou peut-être pas. Isabelle Flaten est devenue, le temps d’un livre, Ainsi sont-ils, publié chez Le Réalgar-Éditions en 2018, une marionnettiste. Et nous, spectateur-lecteur, sommes sous le charme. Alors, dans le noir, tombez le masque. Et vous pourrez vous poser la question existentielle essentielle : « Savons-nous vraiment qui nous sommes ? Isabelle Flaten explore des êtres et des situations que nous connaissons tous ou pas. Des positionnements diaprés. Elle sonde des cœurs et des âmes avec une précision d’entomologiste. Tout ce qui touche au monde contemporain l’attire. Et elle ne se prive pas de nous le faire l’observer avec un regard souvent décalé, imprévu.

Tu parles comme la nuit, Vaitiere Rojas Manrique (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 10 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman, Rivages

Tu parles comme la nuit, Vaitiere Rojas Manrique, mars 2021, trad. espagnol (Venezuela) Alexandra Carrasco-Rahal, 120 pages, 16 € Edition: Rivages

 

L’ambiance de ce roman s’affirme dès les premières pages avec une écriture très personnelle.

Une sorte de désintérêt assez global et déprimant du fait de la narratrice s’opère de fait dans un cheminement qu’on devine prenant : « Le problème quand on dort en journée c’est qu’on se réveille en panique. Ce moment-là n’est pas réparateur, il nourrit la peur. Je t’avoue avoir très peur, peur de ne pas vivre, peur de devenir l’ombre d’un drap, d’une couverture, d’une couette ».

L’âpreté d’une vie difficile qui s’annonce se fait vite sentir : « Quand je n’ai plus eu besoin de jouer l’étudiante, le réel m’a flanqué une gifle dont je ne suis toujours pas remise », l’idée des choix se précisant rapidement : « Moi je n’aimais pas les garçons mignons et pédants, cela ne me gênait pas de sortir avec des moches, la seule chose qui comptait, c’était qu’ils soient lecteurs ». Un poème répété plusieurs fois à sa fille semble donner le sursaut nécessaire aux décisions prises pour fuir le Venezuela, un pays en ruine, quand la narratrice s’adresse à Franz, un imaginaire compagnon d’infortune :

Baudelaire et Jeanne, L’amour fou, Brigitte Kernel (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Jeudi, 10 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Baudelaire et Jeanne, L’amour fou, Editions Écriture, mars 2021, 296 pages, 21 euros . Ecrivain(s): Brigitte Kernel

 

Mois après mois, Brigitte Kernel nous donne un compte rendu vivant et minitieux, fictionnel et documenté de l’évolution des relations amoureuses de Charles Baudelaire et de sa maîtresse Jeanne Duval, la « mûlatresse » native de La Réunion, de Saint-Domingue ou de Saint-Barthélémy – on ne sait – et comédienne sans beaucoup de succès, mais femme libre et à forte personnalité, sans doute un peu plus âgée que le poète. Ce qui caractérise la relation étonnante qui unit Charles à Jeanne, c’est la dépendance sexuelle et affective : toujours Charles sera « en manque » de Jeanne Duval, malgré les critiques récurrentes de son entourage – sa mère d’abord, Caroline Aupick, qui jamais n’acceptera l’union déclassante de son fils avec cette catin, prostituée bisexuelle, à peau noire et sans morale, et ses amis, tels Nadar ou Manet qui ne l’aiment pas. Ruptures et périodes de vie commune ne cessent d’alterner au cours des 25 années que durera leur liaison, jusqu’à la mort de Baudelaire, aphasique et paralysé, en août 1867.

Mauro Bolognini, une histoire italienne, Michel Sportisse (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 09 Juin 2021. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Mauro Bolognini, une histoire italienne, Michel Sportisse, éditions Le Clos Jouve, décembre 2020, 155 pages, 24 €

 

« Il parvient à concilier les exigences en apparence contradictoires : celles d’une esthétique patiemment mûrie et celles de la liberté, de l’imprévu, de la miraculeuse naissance » (Michel Sportisse).

« Quand je sais que tout est en place, alors je me sens libre. Je ne recherche jamais les belles images, les beaux cadrages » (Mauro Bolognini).

« Il y a chez lui une démarche proustienne de reconstruction du passé dans un mélange de mémoire individuelle et de mémoire sociale, mais cette façon de revisiter le XIXe siècle et le XXe siècle n’est jamais une fin en soi, c’est une approche indirecte qui renvoie toujours à une méditation contemporaine » (Jean A. Gili).

Mauro Bolognini, une histoire italienne est un livre de cinéma, le livre d’un critique inspiré, comme le fut en son temps André Bazin (1) – le meilleur « écrivain » de cinéma : François Truffaut – ou Gérard Legrand (2). Le critique inspiré possède trois grandes qualités : la description précise des films, leur fine analyse, et la plus parfaite connaissance des cinéastes.