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Les cygnes sauvages, Kenneth White

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 19 Août 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Iles britanniques, Récits, Le Mot et le Reste

Les cygnes sauvages, traduit par Marie-Claude White, juin 2013, 120 pages, 16 € . Ecrivain(s): Kenneth White Edition: Le Mot et le Reste

 

« Je suis parti dans le vent »


Un beau jour, à la fin des années 80, Kenneth White décide de faire « une virée » au Japon, en forme de « pèlerinage géopoétique », pour « rendre hommage aux choses précieuses et précaires » et pour faire un « voyage-haïku » dans le sillage de Bashô. Il espère bien en tirer un livre, qu’il voudrait « petit livre nippon extravagant, plein d’images et de pensées zigzagantes ». S’immerger dans un pays, dans une culture, dans des souvenirs littéraires, et « si possible, voir les cygnes sauvages venus de Sibérie s’abattre avec leurs cris d’outre-terre sur les lacs du Nord où ils viennent hiverner ». On ne peut pas avoir de buts plus clairs pour un voyage. Le résultat est ce récit, Les Cygnes sauvages, un livre à l’air inoffensif, pas très épais, et pourtant rempli à craquer d’histoires, de descriptions, de sons, de poésie, de philosophie, d’histoire littéraire, d’érudition – mais une érudition douce, qui ne fait pas mal à la tête, et même une érudition qui rend intelligent. Ou zen.

Palladium, Boris Razon

Ecrit par Victoire NGuyen , le Lundi, 19 Août 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Stock, La rentrée littéraire

Palladium, 21 août 2013, 496 pages, 22 € . Ecrivain(s): Boris Razon Edition: Stock

 

Le corps malade


La vie du personnage principal de ce roman, Boris, est ordinaire. Il coule des jours heureux auprès de sa compagne, Caroline. Il est entouré d’amis et de parents aimants. Sur le plan professionnel, il est journaliste et respecté de ses pairs.

Cependant, depuis plusieurs jours, il se sent terrassé par une extrême fatigue et n’a plus goût à la bonne chaire. De plus, il éprouve une extrême douleur au dos. Son entourage ne semble pas faire grand cas. Sa sœur, médecin, ne trouve rien d’anormal. Et pourtant, il va sans dire que Boris sombrera dans quelques jours dans le coma profond.

Seigneur ermite, L'intégrale des haïkus, Bashô

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 09 Août 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, La Table Ronde, Japon

Seigneur ermite, l’intégrale des haïkus, bilingue par Makoto Kemmoku et Dominique Chipot, 2012, 475 p. 25 € . Ecrivain(s): Bashô Edition: La Table Ronde

 

Qui est Bashō ? Il n’est sans doute pas inutile de rappeler brièvement quelle fut sa vie : « Fils de samouraï, Bashō (1644-1694) a vécu de son art et pour son art, dans un dénuement choisi. À l’âge de treize ans, il apprend d’un maître du haïku les rudiments du genre, puis fonde à Edo (l’actuelle Tōkyō) l’école de Shōmon. Le Maître partage alors son existence entre de longues pérégrinations qui inspirent son œuvre […] et d’austères séjours dans des ermitages. Il meurt à Ōsaka le 12 octobre 1694 […] ».

Il s’agit bien là d’une intégrale puisque sont publiés en édition bilingue (pour la première fois) les 975 haïkus de Bashō.

En somme, presque mille haltes sont offertes au lecteur, dans le cours souvent parcouru par les courants d’intensités diverses de sa vie quotidienne, qui sont les courants de l’attendu et de l’inattendu mêlés, de la déception et de la surprise heureuse accolées.

La fiancée libanaise, Richard Millet

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 26 Juillet 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

La fiancée libanaise, 20 €, août 2011 . Ecrivain(s): Richard Millet Edition: Gallimard


Comme on dit en sciences humaines, on peut lire ou regarder avec le regard du structuraliste ; c’est le cas ici ; ce livre est un Millet/structural ; un somptueux spécimen, qu’on ouvre, émerveillé d’y trouver un refrain réussi de tous ses autres livres.

Tout y est : l’écriture exceptionnellement aboutie – chef-d’œuvre d’un compagnon du tour de France – mieux, classiquement parfaite : « l’ombre gagnait les jardins de Siom où l’on ne distinguait que le dos luisant des toits d’ardoise et les masses plus sombres des sapins, de l’autre côté du lac qui ressemblait à une pièce de soie grise légèrement froissée » ; l’architecture si particulière à la respiration littéraire de Millet : pas moins de 38 lignes pour une phrase à la hauteur de la page 149 ! Balzac, quelque part.

Le cadre ; Millevaches et le haut plateau limousin ; l’écoute de R. Millet, son approche à nulle autre pareille, sa capacité à donner le sentir, le voir, bien sûr, le toucher aussi : « vous n’avez pas l’habitude du silence, de l’obscurité, des bêtes qui détalent dans les fourrés… vous ne savez rien de la terre, ni des ombres… vous êtes… une urbaine effrayée par l’obscurité ».

La tristesse des anges, Jon Kalman Stefansson

Ecrit par Yann Suty , le Lundi, 22 Juillet 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Pays nordiques, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

La tristesse des anges, (Harmur Englanna) trad de l'islandais par Eric Boury, 382 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Jon Kalman Stefansson Edition: Gallimard

Après Entre ciel et terre, Jón Kalman Stefánsson nous embarque avec La tristesse des anges, dans un nouveau périple dans les rudes terres islandaises de la fin du XIXe siècle.

Ce deuxième roman commence quelques semaines après la mort de Bárður, le héros de son premier livre. Certains personnages sont de nouveau conviés, comme le gamin. Alors que le premier opus se passait surtout en mer, celui-ci se déroule principalement sur terre, mais surtout dans la neige.

Jens est postier et sillonne l’Islande à pied ou à cheval pour distribuer le courrier, pour un salaire qui lui permet à peine à couvrir ses frais, dans des conditions souvent extrêmes lors des interminables hivers. Au début du roman, il arrive ainsi dans une auberge, complètement collé à la selle de son cheval. Il a gelé.

Cette auberge a beau être loin de tout, un trou perdu où il ne se passe jamais rien, il est possible d’aller encore plus loin, jusqu’à « l’extrémité du monde ». C’est là que l’on envoie Jens pour une nouvelle tournée. Cependant, il ne peut mener seul cette expédition à travers les fjords, car il lui faudra traverser une mer et elle l’effraie au plus haut point, le paralyse.