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La Une Livres

La pointe du couteau, Gérard Chaliand

Ecrit par Sophie Galabru , le Mercredi, 11 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Récits, Robert Laffont

La pointe du couteau, 460 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Gérard Chaliand Edition: Robert Laffont

L’Histoire à portée de main. Découvrir, les yeux derrière l’épaule de Gérard Chaliand, l’histoire et la culture des autres peuples, suivre les évènements fondateurs des luttes de libération. C’est dès son plus jeune âge que Gérard Chaliand a décidé un jour de vivre libre et surtout de découvrir le monde : « j’avais lu Cendrars et je voulais réaliser mes rêves coûte que coûte ». Il y a alors chez l’auteur ce savoureux mélange de poésie et de courage guerrier qui le pousse à partir, rebondir d’un point à l’autre, souvent dans des situations périlleuses mais sur lesquelles il semble toujours glisser avec une grande agilité. C’est en marchant qu’il découvre qu’il est fait pour sillonner la terre : « J’ai longtemps pensé que rien ne me destinait à la vie que j’ai menée, tout, au contraire, m’y préparait ».

Il partit alors le plus léger possible et toujours dans une grande précarité financière aux quatre coins des continents. Algérie, Allemagne, Venise, Grèce, Egypte, Espagne, Turquie, Inde en stop, Iran, le Pakistan, les Etats-Unis, le Mexique et Cuba, la Guinée, la Syrie, la Jordanie, Bagdad, Beyrouth et Israël, Cap-Vert, la Chine, la Côte d’Ivoire, le Japon, Moscou, l’Afrique du sud. Une vie à observer les autres hommes en lutte, observation active voire périlleuse quand il s’agit de rejoindre la clandestinité de soutien au FLN en Algérie, le Vietnam sous les bombes, les FARC en Colombie, la lutte armée en Erythrée. Dans ces périples, la plume de G. Chaliand est libre d’idéologies et de doctrines.

L'esprit de l'ivresse, Loïc Merle

Ecrit par Gilles Brancati , le Mardi, 10 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Actes Sud, La rentrée littéraire

L’esprit de l’ivresse, août 2013, 287 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Loïc Merle Edition: Actes Sud

 

Il est difficile de comprendre le titre. La 4ème de couverture de l’éditeur nous l’explique très bien. Que reste-t-il après l’action ? Plus que l’ivresse, son esprit. Bien vu. C’est le thème du livre.

C’est un roman plutôt difficile pour plusieurs raisons, que l’auteur rachète dans les cinquante dernières pages, les seules, de mon point de vue, qui provoquent une émotion. Il en faut donc plus de deux cents avant de s’attacher à Clara, son héroïne.

De quoi nous parle Loïc Merle : d’une révolte de banlieue (il avait 20 ans lors de celles de 1998) qui aurait vu converger vers la capitale et les grandes villes de province des émeutiers pris d’une colère violente, au point qu’il faudra ensuite reconstruire. Comment nous le raconte-t-il ? Au travers du prisme de certains de ses acteurs, ceux de la révolte et ceux du pouvoir, enfin un seul, le Président de la République.

Qui chante pour Lu ?, Alan Duff

Ecrit par Yann Suty , le Mardi, 10 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Actes Sud, Océanie

Qui chante pour Lu ?, traduit de l’anglais (Nouvelle-Zélande) par Pierre Furlan Mai 2013, 380 pages, 23 € . Ecrivain(s): Alan Duff Edition: Actes Sud

 

Lu est belle, très belle. Mais elle ne veut pas le croire. Au contraire, elle se trouve laide, repoussante. Et cela parce que son oncle n’a pas cessé de lui répéter qu’elle était moche. Son oncle qui, toute son enfance, a sexuellement abusé d’elle.

« La culpabilité l’accompagnait comme un camarade non désiré et revenait dans ses rêves nocturnes. Chaque nuit. Dans ses rêves, Lu était punie de n’être qu’une fille ordinaire de Wooloo : on l’exhibait devant tout le lycée ou dans sa rue parce que, braillait le cœur nocturne : “TU COUCHES AVEC TON ONCLE !” Le jour, elle se baladait comme anesthésie, avec son unique compagne, la culpabilité ».

Lu travaille comme serveuse dans un kebab. Un jour, elle rencontre Rocky. Une armoire à glace d’une force redoutable. Ils deviennent amis. Lu l’apprécie d’autant plus qu’il « n’essayait jamais de fourrer sa bite, sa langue ou son doigt dans [s]es orifices ». Elle en vient à le considérer comme un grand frère. Mais bientôt, il se retrouve mêlé à une bagarre et va en prison.

Histoire, Claude Simon

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 10 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Les éditions de Minuit

Histoire, février 2013, 424 pages, 9,50 € . Ecrivain(s): Claude Simon Edition: Les éditions de Minuit

 

Publié en 1967 et aussitôt couronné par le Prix Médicis, Histoire de Claude Simon vient d’être réédité par les éditions de Minuit dans leur collection Double. Histoire ? Majuscule ? Minuscule ? Singulière ou plurielles ? Le titre, qui pourrait passer pour un pléonasme dans la grande catégorie littéraire du roman, a au contraire chez Claude Simon tout d’une antiphrase.

Quelle « histoire », donc ? Le livre entrecroise, télescope en effet plusieurs époques, plusieurs lieux, plusieurs micro-récits qui s’interpénètrent, se parasitent les uns les autres. Ce sont autant de scènes fondatrices, traumatiques ou symboliques, que l’écriture mêle ou démêle, prend, perd puis retrouve, en une logorrhée magistrale, un étourdissant continuum de mots que vient à peine interrompre parfois, de loin en loin, une ponctuation minimale. On y repère, disséminés dans cette pâte verbale qui entend coller au plus près du flux de conscience, des moments de la guerre d’Espagne ou de la Seconde guerre, les cartes postales d’un père parti aux colonies, fragile vestige d’une ascendance décimée, une troublante cueillette de cerises, ou encore d’innombrables ekphrasis qui se renvoient, en un kaléidoscope capiteux, leurs miroirs d’images, tout cela alors que le narrateur, visitant une vieille maison de famille que frôle un acacia immémorial, est envahi par le magma des souvenirs.

Ma grand-mère russe et son aspirateur américain, Meir Shalev

Ecrit par Anne Morin , le Lundi, 09 Septembre 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard, Israël

Ma grand-mère russe et son aspirateur américain, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, mai 2013, 239 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Meir Shalev Edition: Gallimard

 

 

Fable fondée sur un terreau de réalité ou produit de l’imagination de son auteur, Ma grand-mère russe et son aspirateur américain donnent en 239 pages une idée de ce qu’était la vie au mochav pour les populations juives chassées de leurs pays respectifs et condamnées à assimiler une autre langue, à découvrir et adopter un nouvel horizon, à repartir de rien, en un mot à vivre à l’envers la création de Babel.

Tout cela, conté sur un ton léger, effleurant comme en passant la gravité et la dureté de la vie des personnages qui, tant bien que mal, et souvent dans des conditions extrêmes, apprivoisent une terre inhospitalière.

Toute histoire juive recouvre plusieurs interprétations, tout détail donnant lieu à débat :