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La Une Livres

Mort et vie de Lili Riviera, Carole Zalberg

Ecrit par Victoire NGuyen , le Lundi, 20 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Babel (Actes Sud)

Mort et vie de Lili Riviera, 8 janvier 2014, 154 pages, 7 € . Ecrivain(s): Carole Zalberg Edition: Babel (Actes Sud)

 

Une descente aux enfers

Lili Riviera, née Liliane Rivière, est une jeune fille ordinaire et rêveuse. Cependant, les fées qui se sont penchées sur son berceau lui ont assigné un destin tragique. En effet, livrée à une mère au cœur de glace et soutenue par un père aimant mais lâche, la petite fille grandit dans un univers étriqué et sans amour. Son besoin d’affection la pousse dans les bras des petites frappes et souteneurs. Ceux-ci, flairant sa fragilité, l’exploitent et la jettent à la pâture d’une foule en délire, tantôt fascinée par ses formes monstrueuses tantôt dégoûtée par son audace de freak. Son mal-être et ses failles psychologiques l’emmènent aux confins de la folie et l’abandonnent à la froide solitude du monde.

Dans un style simple et dépouillé de toute artifice littéraire, Carole Zalberg s’emploie à décrire l’univers pathétique et misérable qui environne la vie et la mort de cette « star » de l’effeuillage érotique et pornographique. Le roman s’ouvre sur sa mort. Sans concession, l’auteur entraîne son lecteur dès les premières pages dans l’univers glauque et poisseux de la défunte :

Les garçons et Guillaume à table ! Guillaume Gallienne

Ecrit par Marie du Crest , le Lundi, 20 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Théâtre, Les solitaires intempestifs

Les garçons et Guillaume à table ! novembre 2013 (première édition, 2009), Cinéma, 61 p., 10 € . Ecrivain(s): Guillaume Gallienne Edition: Les solitaires intempestifs

 

Les garçons et Guillaume, à table !

LE TEXTE

 

Je suis une fille comme ma mère

Le texte de G. Gallienne s’amuse gravement avec les genres, celui des sexes, ceux de l’écriture littéraire et des spectacles. Ainsi le titre nous invite-t-il à considérer Guillaume en dehors de la fratrie masculine, celle des garçons. Il est l’enfant féminin de la famille, celui qui chérit toutes les femmes : sa mère en tout premier lieu, celles des dédicaces mais aussi celles qu’il loue à partir de la p.30 : sa grand-mère russe, ses tantes, et « toutes les autres ». Il les nomme tendrement Martine, Christine, Victoire ou Valérie.

Sphinx, Christine Falkenland

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 18 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Pays nordiques, Roman, Actes Sud

Sphinx, trad. du suédois par Anne Karila, 8 janvier 2014, 228 pages, 21 € (et 15,99 € en version numérique) . Ecrivain(s): Christine Falkenland Edition: Actes Sud

 

Obsession

Une femme, quittée par son époux, un certain Félix, apprend par une connaissance que ce dernier a refait sa vie avec une femme riche nommée Claire avec qui il a un fils, Adam.

La femme, dépitée et profondément dépressive, décide de s’introduire dans la vie de ce couple. Elle entreprend alors d’écrire de longues lettres à Claire qu’elle appelle « la deuxième épouse » pour lui révéler la vraie nature abjecte de son mari. Cependant, au fil de la lecture, on perçoit de plus en plus les failles de cette femme. Artiste ratée, extrêmement possessive envers sa fille Ma, obsédée par le prix des choses et par l’argent, elle ne cesse de ressasser, de souligner maladivement ses échecs et ses manquements. Ses parents l’évitent bien qu’ils subviennent à ses besoins. Le père de Ma la fuit. Sa fille est elle aussi perturbée, sûrement contaminée par la folie de sa mère et sa relation fusionnelle avec elle. La femme sait que quelque chose a déraillé en elle. Elle verbalise d’ailleurs son mal avec une certaine lucidité : « Il s’est passé quelque chose qui me fait perdre l’équilibre ».

C’est quoi ce roman ?, Corinne Devillaire

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 18 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Thierry Marchaisse

C’est quoi ce roman ?, janvier 2014, 224 pages, 19 € . Ecrivain(s): Corinne Devillaire Edition: Thierry Marchaisse

 

Titre adapté, tant dans les mots que dans le point d’interrogation. C’est ce qu’on se dit en abordant les premières pages, mais très vite on complète – c’est quoi ? on veut savoir ! et de lire – grandes enjambées enthousiastes… une pincée d’heures de lecture jouissive !

Roman de littérature « française » (cette compétence labellisée à faire surgir les remous des familles). Comme tant d’autres, plus ou moins attachants, ou même réussis ? Et bien, non ! Tout autre chose, presque indéfinissable : une ratatouille, un salmigondis de sentiments, de relations et rapports entre les uns, les autres, et même le chien. Famille « brouillée », signaux compliqués ; chemins sans repères. Labyrinthe… dans lequel Corinne Devillaire se plaît à nous perdre de la première à la dernière de ces étranges pages.

Tableau posé en quelques lignes : le père, la mère – attention, psy de métier ! un gamin attachant – très –, Pierre, deux filles, Clarisse et Clotilde – grandes ados oscillant entre secrets et mal être qui sied à l’âge, à l’abri d’un scolaire surdoué. Génération qui précède : une grand-mère d’un genre particulier, un grand-père d’un second mariage, Robert –  attention, le chien se nomme aussi Robert – encore plus à part…

Un petit peu d’herbes et des bruits d’amour, Cécile Guivarch

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 17 Janvier 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Un petit peu d’herbes et des bruits d’amour, L’Arbre à paroles, 91 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Cécile Guivarch

 

Est-il possible de faire en sorte que l’écriture soit lien, se révèle telle, jusqu’au plus profond de son eau moirée ?

Certes, le lecteur et l’auteur sont en étreinte, le temps de la lecture, l’imaginaire venant s’improviser lit sur la scène du présent.

Mais est-il possible de faire en sorte que l’écriture soit un fil tissé entre les générations, qui retire celles disparues de leur immobilité sans souffle et les fait être en danse avec celles prenant à bras le corps le présent ; et les fait être en danse au mépris de la mort, de cette certitude qu’elle jette au monde et qui a goût d’une poussière que nos souvenirs – parfois – rendent bleue ?

Est-il possible de relever le corps mort de ses ancêtres en écrivant sur eux, en parlant d’eux, en soufflant avec sa bouche leurs mots disparus, en se laissant traverser par l’ombre rehaussée d’or de leur disparition ?